dimanche 13 mai 2012

Sur mes lectures (1)


    En ce moment, je suis en train de lire le premier tome de Dernier Jardin, un roman classé young adult, de Lauren DeStefano. Ce livre me fait beaucoup réfléchir, et même si je ne peux pas encore construire de chronique dessus, j'ai rédigé quelques petites choses sur les personnages du roman. Je pense qu'il y a beaucoup de remarques à faire sur ce tome 1, c'est une écriture intelligente et qui vaut la peine qu'on s'arrête dessus. Mais ce n'est pas le propos de cet article. Beaucoup de passages du livre me marquent et les différents personnages sont particulièrement forts, c'est là-dessus que je voudrais m'exprimer dans ce billet.

Les Personnages :
    ♠ Rhine : Je déteste les héroïnes. Je le dis à chaque fois que je lis un roman avec un « je » féminin. Mais une fois n’est pas coutume, je suis à nouveau extrêmement surprise par la beauté du personnage. Rhine me touche énormément. Je ne saurai pas comment expliquer correctement, mais l’auteur exploite tellement bien son intrigue que son héroïne n’est pas commune. Ses réflexions, ses actions, tout ce qui la compose est profondément humain. Malgré la courte vie qu’elle traverse, il n’y pas de pathos exubérant et redondant. Il y a une certaine accoutumance face à l’issue fatale qui attend les personnages. Rhine a une volonté de fer, et même lorsqu’elle se laisse aller auprès des personnages qu’elle a juré de mépriser, il y a une humanité et une empathie chez elle qui passe naturellement. C’est un personnage fort, profond et que j’admire beaucoup. Elle a tout de même des faiblesses, mais elle en fait toujours une force.
    ♠ Linden : C’est un enfant. Pour moi, le véritable orphelin de ce roman, c’est ce garçon perdu dans un corps de jeune homme. Il est extrêmement antithétique : à la fois, il dégage une pureté ainsi qu’une innocence incroyable, et à la fois, à l’image de l’enfant, c’est un personnage parfois cruel. Je trouve qu’il est cruel d’être à ce point pur alors qu’il est - en quelque sorte - le monstre de l’histoire. Il est le kidnappeur, comme le souligne Rhine à la page 171 : « Mon ravisseur me serre contre lui, et je m’endors, bercée par le son de sa respiration ». Cette phrase m’a énormément touchée, et c’est à ce moment précis que j’ai pensé avoir saisi toute l’ambiguïté du personnage. Il est souvent décrit comme faible, mais mon instinct me dit qu’il ne l’est pas, c’est un enfant perdu, qui ne recherche pas forcément de l’attention, mais un espoir. Malgré tout, il a aussi un côté pervers et malsain que l’on ne voit pas directement. Il m’a choqué par rapport à la petite Cecily, par rapport à ce qu’ils créent ensemble, et c’est à ce pivot de l’histoire, après ce matin où Rhine ne reconnait plus sa sœur épouse, que Linden m’a dégoûté. Il m’a dégoûté parce que je n’arrivais pas à oublier ce moment de l’histoire alors qu’après Rhine, il est le personnage le plus beau du roman, le plus beau par sa fêlure, je trouve. C'est un garçon en quête, et ses dessins sont le reflet d'un manque, d'une absence de vie et de ses peurs.
    ♠ Gabriel : Il est le personnage un peu « cliché » du roman, le garçon inattendu qui sert un peu de fil conducteur à l’histoire. On se doute très tôt qu’il est celui dont Rhine va tomber amoureuse. Mais malgré tout, c’est un personnage surprenant, qui est agréable et dès qu’il apparait dans les chapitres, il apporte une certaine vérité. Gabriel n’est pas effacé, c’est celui dont on peut le plus dégager les traits. Tout se dessine quand il apparait. De plus, je doute que le choix du prénom soit tout à fait un hasard, Gabriel est un archange, c’est le messager, celui qui fait le lien entre Rhine et la maison où elle est retenue au début, puis celui qui fait le lien entre Rhine et la liberté par la suite. Ses yeux bleus représentent l’évasion, l’océan. Il est porteur d’espoir et sa soumission n’en est que plus cruelle. Dans le huit-clos qu’est ce premier tome, il est sans doute celui qui est le plus prisonnier. Ce garçon porteur de liberté est le plus captif. C’est un ange qui ne peut pas déployer ses ailes. Et de ce fait, il devient beau. Et pour ces raisons, il est mon personnage préféré, pour cette gueule un peu cassée en intérieur, et cette force libératrice qui émane de lui. Sa sincérité est sa force.
    ♠ Jenna et Cecily : Elles sont toutes deux opposées et se ressemblent dans leurs désirs respectifs. L’une se bat pour ne plus avoir d’espoir, et l’autre se bat pour ses illusions. Elles sont bancales et de ce fait, inachevées. Particulièrement Jenna. Elle est la plus âgée, mais elle est aussi la plus blessée et celle qui n’a pas réellement vécue. A l’inverse, Cecily est caractérielle, fabriquée pour avoir cette vie de prisonnière et pour grandir dans cette utopie mensongère. C’est le personnage type du mensonge et qui s’y attache. Elle me rappelle un peu le personnage de Conor, dans la série Angel, qui déclare à la fin de la saison 4 : « ce mensonge me paraissait pourtant plus beau ». Elle court après ses chaînes et les aiment parce que, quelque part, elle sent qu’il n’y a pas d’issues et qu’il vaut mieux se fier à cette comédie qu’à la véritable tragédie de son existence.
    ♠ Vaughn : Vaughn est le « vilain » de l’histoire, celui qui met des bâtons dans les roues aux personnages, même pour son fils. Il est l’incarnation de la cruauté et de la domination. Bref, il est fait pour être haï et n’échoue pas dans ce rôle. Malgré tout, c’est le fait de la dystopie qui semble l’avoir mené à agir comme un monstre. Il a les moyens d’agir comme tel et il ne fait que se lier à sa propre fatalité. Du coup, on a parfois le sentiment qu’il est le personnage le plus à plaindre. Il semble, lui aussi, avoir énormément souffert, mais l’action au présent du roman nous empêche de nous apitoyer sur lui. C’est son comportement dans l’instantané qui est jugé et qui le dresse comme la figure du monstre. Mais en même temps, cette figure du monstre est la figure tragique par excellence, l’être qui doit périr parce qu’il se laisse aller à ses désirs. Vaughn est celui qui sombre, celui qui nous montre ce qu’il ne faut pas faire et qui devrait mourir à la toute fin. [du moins, c'est ce que je ressentais à moins de 200 pages du roman]

    Les autres personnages ne sont, hélas, pas assez étendus pour en tirer une micro analyse. Et j’attends avec impatience l’apparition de Rowan, je suis sûre qu’il sera tout aussi profond que les autres personnages du roman. S’il apparait un jour…


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