mercredi 25 juin 2014

Le musée Bossuet de Meaux

Jean-François de Troy, Salmacis et Hermaphrodite
    En ce charmant jour ensoleillé, avec tout le travail que j'ai à faire chez moi, j'ai décidé de faire une pause au musée Bossuet de la ville de Meaux. Comme je quitte bientôt cette ville pour rejoindre la capitale, je me suis dit que ce serait bête de m'en aller sans visiter au moins une fois le musée à côté de la Cathédrale. Résultat : je ne suis pas déçue, bien au contraire. Le musée Bossuet est charmant et possède quelques trésors auxquels je ne m'attendais pas. 
    Divisé en 11 salles, les peintures présentes ici recouvrent plusieurs périodes, allant du XVIe siècle au XXe siècle. J'ai eu plusieurs coups de cœur en m'y promenant. Le plus fameux est celui qui vous pouvez voir ci-dessus : Salmacis et Hermaphrodite, de Jean-François de Troy. Avec mon mémoire sur l'androgyne et mes multiples interrogations sur le masculin et le féminin, ce tableau m'a, tout d'abord, tapé dans l’œil esthétiquement, puis, mon avis s'est renforcé lorsque j'ai su quel mythe des Métamorphoses d'Ovide il reprenait. En somme, Hermaphrodite, fils d'Hermès et d'Aphrodite (certes, son nom l'indique), part, un jour, se baigner dans le lac de la naïade Salmacis. Cette-dernière s'éprend de lui, mais comme Hermaphrodite la repousse, la naïade supplie Hermès de ne jamais les séparer. Le dieu exauce son souhait et fait alors d'Hermaphrodite un être bisexué. Ce que j'aime dans le tableau de Troy, c'est qu'on se trouve juste avant que l'unification ait lieu. Le masculin et le féminin sont encore séparés. C'est avant qu'une fusion charnelle ne se produise. Si la représentation visuelle d'un être double avait été faite, nous nous serions plutôt trouvé dans le domaine du monstrueux. Ce qui est, d'ailleurs, toujours paradoxal lorsqu'on se penche sur les êtres androgynes ou hermaphrodites. Ils sont de l'ordre du divin tant qu'ils ne surviennent pas dans la réalité ou ne touche pas aux corps. Ils sont désirés, mais pas acceptés. Durant l'Antiquité, les enfants qui naissaient avec les deux sexes étaient tués. C'est un peu ce qu'il se passe dans cette peinture. Elle reste belle tant qu'elle ne représente pas l'être unique, originel, à la fois masculin et féminin. 
   
Jean-Baptiste Regnault, L'Amour et l'Hymen buvant
dans la coupe de l'Amitié
    Plusieurs autres tableaux ont retenu mon attention au cours de la visite du musée. Cependant, leur manque de notoriété sur la Toile m'empêche de trouver de bonnes images pour vous les poster ici. Mais, ouf ! je viens de débusquer une très bonne reproduction de L'Amour et l'Hymen buvant dans la coupe de l'Amitié. Ce tableau du XVIIIe siècle m'a beaucoup plu pour plusieurs raisons. Déjà, le principe d'amitié entre Eros et Hymen me plaît beaucoup. On est loin du message suivant : le sexe, c'est mal, vous ne devez que procréer, tout acte ne répondant pas à la procréation vous mènera sur le bûcher (agréable, hein ?). De plus, j'ai toujours été sensible aux nus masculins dans l'art. C'est une faiblesse chez moi. Je trouve le corps masculin excessivement beau et pas assez présent dans l'art. Les formes carrées, anguleuses m'ont toujours séduites. Je ne vous ai peut-être pas parlé de ma visite à l'exposition Masculin/Masculin au musée d'Orsay, mais sachez que j'ai apprécié le sujet. J'y reviendrai peut-être un jour, en essayant de faire ressurgir mes souvenirs de cette visite. En attendant, dans le tableau ci-contre, j'aime beaucoup la proximité physique des deux personnages. Je trouve cela très ambigu et quelque peu homo-érotique. Sans compter les postures gracieuses et féminines des deux jeunes hommes. Je vois peut-être de l'androgyne partout depuis que j'ai entamé mon mémoire, mais peut-être est-ce parce que l'androgyne est réellement partout dans l'art ? Après tout, c'est un fantasme et la peinture a souvent représentée ce qui est de l'ordre du fantasme à travers le Beau, les expressions figées dans la grâce... etc.
   
    Le musée Bossuet possède aussi une jolie collection de peintures du XIXe siècle, notamment un tableau attribué à Phillips Thomas de Lord Byron. Sans surprise, ce tableau est introuvable sur Google Image et les photos que j'ai prises avec mon téléphone feraient tomber dans les pommes un logiciel comme Paint (c'est pour dire). Mais sachez qu'il (le tableau ou Byron ?) était beau. 
    D'autres tableaux, plus anciens, représentent des scènes religieuses. On y trouve deux peintures de Saint Sébastien totalement différente : la première (attribuée à Jacques Blanchard), du XVIIe siècle, le montre au sol, avec un petit ange en train de retirer la flèche plantée dans son abdomen ; la seconde (de Charles-Antoine Coypel), datée de 1731, est plus douce et théâtrale, moins encrée dans la terreur. Mais sans images pour illustrer, c'est difficile à imaginer, je le sais...
    
Fernand Pinal, Le Pont du Marché à Meaux, 1913
     Je ne suis peut-être pas meldoise de naissance, mais j'ai été totalement conquise par la salle XXe siècle du musée Bossuet. Le tableau ci-dessus n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais j'ai pu découvrir plusieurs tableaux représentants la ville de Meaux à différents endroits. C'est très intéressant de voir ces œuvres, figées, montrer un paysage que l'on connaît. Certes, il n'y a pas/plus de maisons sur le pont du marché aujourd'hui, mais cette vue, je la connais, je m'y suis déjà promenée. Ce pont est à deux minutes de mon appartement et c'est assez étrange de le voir de cette manière, plongé dans une autre époque. De plus, j'aime beaucoup les couleurs, le reflet des maisons sur la Marne. Et puis, je ne sais pas si c'est toujours le même pont, mais si ça ne l'est pas, il lui ressemble beaucoup !
    D'autres tableaux se focalisaient plus sur la Cathédrale (que vous pouvez voir en fond, ci-dessus), ou sur des paysages totalement métamorphosés aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, c'est une supériorité que je reconnais à la ville de Meaux sur ma ville de naissance : Reims. Dans cette dernière, je n'ai pas beaucoup de souvenirs de tableaux sur la ville en elle-même... Une chose qui m'a manquée en visitant les musées de Reims en 2012. J'irai tout de même vérifier cet été, parce qu'une rémoise ne renonce jamais et qu'elle est salement chauvine toute son existence !
    Sur ce, je termine cet article spécial musée Bossuet de Meaux et vous dit à bientôt ! En espérant que ce petit débriefing peu complet vous ait plu :)