mardi 18 novembre 2014

Ballade au Musée d'Art Moderne de Paris

R. Dufy, La Vie en Rose, 1931

    En ce charmant et pluvieux 18 novembre, j'ai pris la décision de fuir mon appartement et mon boulot pour aller, une paire d'heures, au musée d'Art Moderne de Paris. A la base, je voulais y aller pour l'exposition Sonia Delaunay, sauf que je n'ai actuellement pas les moyens de payer pour une expo. Ainsi, l'entrée libre de la collection permanente m'a bien plus charmée. Mais ce n'est qu'à charge de revanche puisque je compte voir l'exposition d'ici le mois prochain tout de même. Depuis un mois, la pub dans le métro m'intrigue et ma prof d'anglais n'arrête pas de nous supplier pour qu'on y aille. Donc bon.
    Lorsque je suis entrée dans le musée, je me suis retrouvée - après avoir interrogé l'accueil - à un choix cornélien : les escaliers de droite, ou ceux de gauche ? Bien sûr, comme je suis droitière, j'ai choisi de prendre les escaliers de gauche, ce qui m'a permis de visiter le musée... à l'envers. Logique. Alors déjà que l'art moderne et moi, ça fait plutôt deux (je m'y connais en art pictural du XIXe, c'est tout), alors prendre l'exposition à l'envers, c'était un peu bizarre. Mais tant pis. J'ai esquivé les visiteurs qui commençaient et j'ai aimé tout de même. 
    Comme mes compte-rendus de visites dans les musées sont toujours subjectifs, je ne vais ni choisir un ordre chronologique, ni l'ordre des salles (ahah), ni quoi que ce soit et uniquement parler des tableaux que j'ai aimés. Le premier d'entre eux (ci-dessus) est de Dufy. Alors, je déteste le rose, je n'aime vraiment pas cette couleur et c'est donc en de rares occasions que je suis ébahie devant une débauche de rose. Ici, j'aime les motifs ainsi que la répétition du bouquet en arrière-plan (miroir ? tableau dans le tableau ?). Les tons sont aussi apaisants que le titre lui-même : La Vie en rose (titre qui précède de 16 ans la chanson de Piaf). De plus, j'aime cette approche du réel par une impression de rêve. Du moins, c'est ainsi que je l'interprète. On sait que c'est une pièce avec une table et un bouquet, mais elle est tellement rose, irréaliste qu'on voit que c'est un tableau. L'illusion n'existe pas, tout est au profit du monochrome et de la peinture.

Matta, L'Impensable, 1958
    Le tableau que j'ai préféré le plus, sur tout le musée est celui ci : L'Impensable de Matta (1958). Pourquoi ? Je pense que c'est le côté très fuyant, agité du tableau qui m'a plu. Le regard ne peut absolument pas se focaliser sur une partie du tableau. Il n'y a rien où se raccrocher, pas même les tracés que l'on voit bien. Tout est pris dans l'action. Le "brouillard" qui floute presque entièrement le tableau donne une impression de chaos, voire de crainte et surtout de doute. Et le doute semble être, justement, le maître mot du tableau. La seule partie rassurante que l'on peut trouver, c'est ce mélange de jaune, rouge et bleu, plus ou moins au centre du tableau. Pour ce qui est des formes "observables", l'interprétation semble être ouverte. Qu'est-ce qu'elles sont ? Personnellement j'y vois des objets cassés, détruits, comme des souvenirs ou des décors de souvenirs que l'on n'arrive plus vraiment à restituer. En somme, ce tableau me parle et me fait penser à la capacité que l'homme a de se servir du doute pour se dédouaner de ce qu'il a pu faire ou vivre.

J. Metzinger, L'Oiseau bleu
(1912-1913)
     Un peu partout, dans l'exposition, je me suis aussi heurtée au cubisme (certaines salles y sont dédiées). Je n'étais pas familière avec ce mouvement mais il m'a intriguée. Les formes géométriques, qui devraient apporter une stabilité, sont plutôt au service d'un chaos et d'une déstructuration. Ainsi, beaucoup de tableaux m'ont séduite durant ma visite, dont L'Oiseau Bleu de Jean Metzinger (à droite). Sur le site Éternels Éclairs, une définition du mouvement cubisme est proposée : les trois étapes du cubisme sont expliquées jusqu'à la réflexion esthétique sur le réel (puisque le cubisme réintroduit, dans ses formes déconstruites, des éléments du réel). C'est rapide à lire, donc les fantômes qui passent ici, hop-hop-hop, allez jeter un coup d'oeil. D'autres tableaux m'ont plu, comme Le Livre de Juan Gris (1913) et Les Baigneuses d'Albert Gleizes (1912).

    Ci-dessous, voici deux tableaux de Chaim Soutine qui m'ont fait flipper. Ouais. A gauche, il s'agit de La Femme en rouge (1924). Ses mains, décharnées, m'ont collée des frissons. Cela donne l'impression qu'elle va venir nous arracher la peau. De même, son visage souriant (qui me fait penser à un chat) ne semble pas avoir d'émotion. Les yeux sont noirs sur les deux tableaux, perturbants et sans âme. Pourtant, j'aime les couleurs, j'aime le côté "vague" des formes. Le tableau de droite, Femme à la robe bleue (1924), est tout aussi perturbant.

     

    Plusieurs autres mouvements picturaux sont présents au musée d'Art Moderne de Paris. On y trouve du fauvisme, du surréalisme, de l'art abstrait et des peintures plus contemporaines. C'était un véritable défi pour moi, de venir dans ce musée. Lorsque je vais à une expo à Orsay (par exemple), j'ai toujours tendance à négliger les oeuvres du XXe siècle et les dernières salles de la visite. Ce n'est pas une période qui me plaît, à la base, mais plutôt qui me repousse. Ici, en me confrontant exclusivement à l'art du XXe siècle, je dois admettre que plusieurs tableaux, plusieurs peintres m'ont énormément plu. J'ai l'impression que mes yeux s'adaptent un peu à ces différents mouvements (exceptés les tableaux - dont je n'ai pas retenu les titres - qui ne représentent qu'un trait noir sur une toile blanche... ça, je ne peux toujours pas, déso). 
    Comme je découvre le surréalisme en poésie depuis quelques semaines, peut-être est-ce qu'il est temps pour moi de me tourner vers des œuvres de la même époque. D'ordinaire, leur chaos et la présence forte des couleurs à l'inverse du dessin m'effraient plus que ne me déplaisent. En me confrontant à des tableaux de Matisse, Matta, Gleizes et Soutine, ainsi que Dufy, j'ai découvert que je n'étais pas insensible au XXe siècle. L'affaire est donc à suivre. La dix-neuvièmiste fanatique que je suis va-t-elle s'ouvrir à d'autres horizons ? OUAIS, peut-être. Après tout, il y a quelques années, j'étais incapable d'aimer le XIXe en peinture et encore moins l'impressionnisme, donc les mouvements qui suivent, n'en parlons pas. Non, quand j'avais 18 ans, je n'aimais que la Renaissance. Plus le temps passe, plus je m'ouvre à des œuvres "récentes" et je me rends compte que ce sont celles-ci qui me plaisent et non plus celles de la Renaissance. Je retournerai dans ce musée prochainement...

lundi 17 novembre 2014

C'est lundi (11)


Du nouveau dans mon "c'est lundi, que lisez-vous ?". On est vraiment lundi en plus. C'est cool.
J'ai pas mal lu ces derniers temps, surtout du Balzac, sans grande surprise, mes pas que.


Ce que j'ai lu les semaines passées :

 

Dans le cadre d'un séminaire à l'Université, nous devions lire Adieu de Balzac. C'est une courte nouvelle que j'ai beaucoup appréciée. A la fois romance, histoire militaire et récit sur la folie, Adieu nous fait découvrir le passé de Philippe Sucy qui, suite à une partie de chasse en forêt avec un ami, retrouve la femme qu'il a aimé en Russie. Cette dernière, devenue folle, ne peut que répéter le mot "adieu". Il fera tout pour qu'elle retrouve la raison. (cette nouvelle pourrait bien trouver sa place dans mon mémoire, d'ailleurs).
Et hier soir, plutôt que de travailler, je me suis replongée dans un livre sur Alexandre le Grand, écrit par Pierre Briant. On y suit la conquête du roi, de la Macédoine jusqu'à l'Inde, en passant par sa domination sur l'Empire Perse. Même si ce n'est pas très détaillé, ce livre est une bonne introduction pour se familiariser avec Alexandre le Grand et se plonger dans des lectures plus... fournies par la suite.


Ce que je lis et compte lire prochainement :


J'aimerais aussi finir de lire Gambara de Balzac. Et entamer une lecture des Proscrits.
Sinon, pour les deux visuels ci-dessus, j'aimerais bien relire la biographie d'Alexandre le Grand par Joël Schmidt. Je me souviens l'avoir lu lorsque j'étais plus jeune mais je n'en garde que très peu de souvenirs... Et j'aimerais aussi lire le tome 2 de Divergent avant que le film ne sorte au cinéma. Je l'avais commencé en septembre, je dois être arrêtée page 50 ou 60... Les cours et mes boulots m'ont rattrapée depuis mais j'ai envie de me détendre le cerveau en ce moment et de reprendre cette lecture.
Dans l'ensemble, il y a mille choses que je veux lire.


dimanche 16 novembre 2014

Une rose pour l'enfant du siècle


    Il y a bientôt deux semaines, je suis allée déposer ma rose à Alfred de Musset. Je me l'étais promis quelques années auparavant, lorsque j'avais décidé que mon premier mémoire serait sur Musset. Maintenant qu'il est fini, soutenu et derrière moi, j'ai respecté ma promesse et je suis allée rendre visite à mon auteur préféré au Père Lachaise. C'était un véritable plaisir d'y aller et de poser cette rose sur la tombe de Musset. J'avais l'impression de tourner une page et de souffler enfin. C'était un véritable sentiment d'accomplissement. Mon mémoire sur Musset, ça faisait quatre ans que je l'attendais. Je l'attendais tellement que c'était presque devenu une habitude, comme s'il n'existerait jamais ou qu'il ne se terminerait pas. C'est assez étrange de me dire que ce but, qui était un but à atteindre dans ma vie, est désormais terminé. Fini. Achevé. Noté. Il fait désormais partie de mon passé, lui qui était un élément de mon futur depuis si longtemps. 
    Je me fichais de savoir que mon mémoire soit bon ou mauvais (plus ou moins, je visais une note excellente que j'ai obtenue, tout de même, faut pas déconner). Tout ce que je voulais, c'était le faire, en apprendre plus sur Musset et me lier à lui, d'une certaine manière, pour toujours. C'est désormais fait. Mon mémoire, je le surnomme parfois "l'enfant que j'ai eu avec Musset, cet homme mort en 1857, si si c'est possible". En plus, j'ai pu y lier un sujet qui comptait énormément à mes yeux, celui des études de genres à travers la figure de l'androgyne (merci infiniment Alacris pour ce thème, d'ailleurs). Que demander de plus ? Ce travail sur Musset fut parfait, une véritable révélation intime et une évasion totale. J'ai donné tout ce qu'il y avait de plus personnel en moi avec ce mémoire, c'est mon trésor et je suis heureuse de m'en évader, aussi, quelque part. Il me permet de grandir, de passer à autre chose et d'explorer un terrain plus "pro", moins lié à mon identité. Ce mémoire était, je crois, ma manière de dire adieu à celle que j'étais autrefois. De dire au-revoir à mes émotions violentes et à mon adolescence. Musset est une partie de mon adolescence à retardement. Il fallait que je passe par lui pour réussir à monter une nouvelle marche. Certes, il reste beaucoup de marches à franchir mais celle-ci, au moins, est acquise.

    Désormais, il est temps de passer à mon nouveau mémoire sur Balzac. Je l'aborde avec plus de distance et de "professionnalisme", si on peut dire les choses ainsi. J'adore l'écriture de Balzac, ses romans, ses histoires et sa manière de capter l'attention de son lectorat. Ses livres sont des bijoux qui me font visiter le Paris du XIXe siècle ou la province de la même époque. Je m'attache à ses personnages et il n'est pas rare que je chiale samèère en le lisant (la fin du Père Goriot, quoi...). Je n'ai pas un rapport fusionnel avec Balzac comme j'ai pu en développer un avec Musset. Ce n'est vraiment pas pareil et tant mieux. Musset me plonge dans des sphères parfois glauques et malsaines de ma personne. Tout comme Flaubert, à un niveau encore plus malsain si je pense à Madame Bovary (putain ce roman que j'adore mais dont je hais l'héroïne parce qu'elle est un véritable contre-exemple à mes yeux, elle me fait peur). Enfin bref, le XIXe siècle français et moi, c'est une love story pour les fous. 

    Récemment, sinon, j'ai vu deux films dont j'aimerais beaucoup parler. Le premier est Interstellar que j'ai énormément aimé. Je ne suis pas une très grande fan de Nolan, je n'ai jamais réussi à revoir une deuxième fois Inception par exemple, quant à Batman... je m'en balance les carottes dans l'évier. Par contre, avec Interstellar, j'ai vécu une expérience cinématographique assez intense et insoupçonnable. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. On m'avait vanté les mérites de ce film plus de fois en deux jours qu'on aurait pu le faire sur cent ans et je comprends pourquoi. Certes, les quarante dernières minutes sont louches, un peu WTF mais l'ensemble du film nous fait vivre mille émotions. La relation entre le père et la fille, les voyages dans l'espace, l'aperçu de la fin du monde... etc., tout ça a contribué à me faire vivre quelque chose d'intense. J'ai été secouée par la musique du film, qui collait très bien avec l'ambiance. Les scènes dans l'espace sont oppressantes, l'échelle des grandeurs m'a presque étouffée et donnée le vertige. Non en fait, j'ai eu le vertige. Et puis, tout était si beau. La première planète qu'ils explorent m'a effrayée au plus haut point. Cette montagne d'eau que l'on voit dans la bande-annonce nous donne des frissons. Sans compter les problèmes liés aux temps qui passent, la relativité. Nolan est parti loin dans son délire, et je comprends qu'on puisse lui reprocher, mais il a gardé, tout au long de son film, une justesse qui m'a brisée le cœur. Bref, je n'ai aucun regret et ma réaction, suite à ce film, fut très étrange. En sortant de la salle, je ne savais pas comment comprendre mes sentiments, j'étais... perturbée. En somme, ce film est extraordinaire. Je n'en dis pas plus (je ne dis même rien) parce que je ne veux pas dévoiler quoique que ce soit. La surprise, tout comme la déception, peuvent être énormes, c'est au public de juger.
    Le second film que j'ai vu, c'est La Vie d'Adèle. Ouais, avec un grand retard, je me suis enfin plongée dedans et... Je suis énormément déçue. J'ai bien aimé les actrices principales mais à mes yeux, c'est un film creux et vide, sans émotion, sans rien. J'ai été touchée, vite fait, à la fin. C'est tout. Le reste, j'avais l'impression de voir la projection du lesbianisme à l'écran par un mec qui fantasme ça. Les scènes de cul sonnaient faux et étaient trop nombreuses. Tout ce qui aurait été intéressant a été supprimé. La scène de dispute et d'insultes, lorsque Adèle revient au lycée, est coupée brutalement et on ne revoit plus jamais les personnages négatifs. Les parents, quant à eux, disparaissent aussi du film à un moment sans qu'on n'en sache plus sur eux que leur amour pour les pâtes bolognaises. Le potentiel de l'histoire n'est pas développé, tout est coupé par des ellipses qu'on ne repère même pas tout de suite. Il se passe des années comme il se passe une seconde. Les deux héroïnes n'ont pas - ou peu - de moments tendres, elles ne sont que deux corps coïtant à outrance. Adèle semble malheureuse et creuse du début à la fin, elle traverse la vie sans enthousiasme pour quoi que ce soit. Quel dommage. Et quelle triste image de l'amour lesbien. J'ai été triste d'avoir été si déçue par ce film. Je pense et je suis même sûre que la BD sera bien plus intéressante. Y paraît, de toute façon, que l'auteur a été abandonnée durant le tournage, au point que son travail a été dénaturé. Fichtre. Ça m'agace.



En ce moment :
• Je lis Gambara de Balzac
• Et je bosse sur La Pensée de Balzac (de Per Nykrog)
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• J'ai commencé Selfie, j'ai aimé, c'est annulé...
• Mes ongles sont dégueux. J'vais me couper les cheveux..