samedi 27 février 2016

Christelle Dabos, La Passe-Miroir (tome 1)

CHRISTELLE DABOS
La Passe-Miroir : Les Fiancés de l'Hiver (T1)


Editions Gallimard Jeunesse, 2013

Résumé : Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel. Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable. Découvrez le premier livre d'une grande saga fantastique et le talent d'un nouvel auteur à l'imaginaire saisissant. 


    J'ai achevé ma lecture de ce premier tome jeudi soir. Mon opinion sera donc fort frais. Il sera aussi fort positif puisque j'ai énormément apprécié ce premier volume de La Passe-Miroir. L'écriture de l'auteur est directe, honnête, sans fioritures, mais aussi très efficace et poétique. On dirait que ce roman a été écrit avec de la dentelle et des doigts en tige de rose. Tout est si bien mené, de l'intrigue aux personnages, que c'en est dépaysant. 
    Je ne sais pas si le concept de l'histoire est nouveau ou déjà vu, et je m'en fiche, en fait. Ce qui m'a plu, durant cette lecture, c'est de découvrir un univers riche, travaillé et dont on sent que l'auteur ne dévoile pas tout. Il y a un petit côté Harry Potter dans ce roman, du moins, dans les objets et les décors : une franche réalité vue avec magie, sans que l'on hurle à l'émerveillement. Tout ce qui sort de l'ordinaire, dans ce livre, assume pleinement son côté ordinaire aux yeux des personnages. Une écharpe qui se comporte comme un animal de compagnie (un chat, j'en suis sûre) ? C'est tout à fait normal dans La Passe-Miroir. L'auteur ne cherche pas à nous faire halluciner, elle nous tient juste au courant que ce monde est ainsi fait. On sait, donc on se tait. (et on s'émerveille quand même, parce que faut pas déconner :p ).
    Le livre prend son temps. On sent que nous sommes dans une saga qui se déroulera sur plusieurs livres. L'intrigue se pose tranquillement, part vers de nouveaux rebondissements et n'a pas pour projet immédiat de répondre à toutes les questions. Ainsi, nous avons clairement le temps de rencontrer les personnages, les apprivoiser et les aimer (surtout Ophélie et sa tata). J'ai adoré l'héroïne. Elle est forte, bien plus qu'elle ne l'imagine et n'est pas non plus incassable, imperturbable. En fait, elle est profondément humaine, avec ses forces et ses faiblesses. C'est un plaisir de la suivre. Elle est assez atypique aussi, peu attirée par sa féminité, non par rejet d'elle-même mais tout simplement parce que c'est comme ça. Elle a un petit côté geek (dans le sens "passionnée et satisfaite dans sa solitude") qui fait plaisir à voir mais dont elle se détache peu à peu.
Christelle Dabos
    Ce premier roman est une initiation pour la jeune Ophélie qui se révèle être à la fois apprentie et maître. Elle aspire à plus qu'elle ne le montre et j'ai hâte de savoir où son caractère discret, mais fort, va la mener. 
    Je ne me suis pas - ou peu - attachée à Thorn et sa tante. Tous deux m'ont laissée de marbre. Je les trouve brutaux et d'une si grande froideur que cela a fini par m'embêter. Certes, ils ont des émotions mais j'attends d'en voir plus. Pour l'heure, je n'arrivais pas vraiment à les imaginer, à cause de cette distance qu'ils imposent tout au long de l'histoire. D'ailleurs, le petit point négatif que j'ai ressenti durant ma lecture concerne Thorn. J'ai trouvé que l'auteur insistait beaucoup, mais vraiment beaucoup, sur le fait qu'il soit grand. Or, si c'est bien de le préciser lorsqu'on le rencontre, au fur et à mesure, cette précision physique répétitive devient lassante... De plus, plus le visage de Thorn était distant de celui d'Ophélie, moins je parvenais à le visualiser. Peut-être est-ce voulu par l'auteur, et dans ce cas, bien joué sur la métaphore du flou/de l'éloignement, mais personnellement, cela m'a régulièrement gênée. 
    L'autre bémol que j'ai ressenti se trouve dans l'intrigue. Mon avis est subjectif, mais certains passages ont fini par traîner en longueur, notamment le début au Clairdelune. J'ai mis plus de temps à lire ces chapitres que tout le reste du roman.

    Pour conclure, dans l'ensemble, j'ai sincèrement aimé ce premier volume et je lirai sans aucun doute la suite dans les prochains mois. J'ai apprécié la compagnie d'Ophélie - derrière laquelle on veut se réfugier pour fuir ce monde mesquin dans lequel nous sommes plongés. Je suis totalement sous le charme de l'univers créé par Christelle Dabos, qui me rappelle mes grands moments auprès de Harry Potter. J'adhère beaucoup à ce que nous propose l'auteur. Bref, tout cela est à suivre !