mardi 7 avril 2015

Veronica Roth, Divergent (tome 2)

Veronica Roth
Divergent (tome 2)



Résumé : Le monde de Tris a volé en éclats. La guerre a dressé entre elles les factions qui régissent la société, elle a tué ses parents et fait de ses amis des tueurs. Tris est rongée par le chagrin et la culpabilité. Mais elle est Divergente. Plus que tout autre, elle doit choisir son camp et se battre pour sauver ce qui peut encore l'être...

Lire aussi : Divergent (tome 1)



Ce que j'en pense


    /!\ SPOILERS INSIDE /!\ J'en aurais mis du temps à terminer le second volume de la trilogie de Veronica Roth. Le problème ne venait pas d'un désintérêt pour l'aventure de Tris mais plutôt d'un blocage "littérature young-adult" survenu en 2013. J'en ai trop lu, trop vite, au point de faire une overdose. En 2015, je guéris !
     J'avais lu les 50 premières pages juste après la sortie du premier film au cinéma l'an dernier. En effet, laissée sur ma faim, une fois la séance finie, je me suis procurée le second tome de Divergent. Pour raison de rédaction de mémoire, j'ai dû stopper ma lecture pour reprendre le boulot. Je me souviens, à ce moment, j'étais coincée entre lettres de motivation, CV, et boulot universitaire. Cette année, c'est toujours un peu pareil mais la sortie de l'adaptation du film a changé le destin. Si ce n'est pour Le Labyrinthe, je lis TOUJOURS les livres young-adult avant de voir la version cinématographique. Quand j'ai su que j'irai voir le film en mars, je n'ai pas pu résister et j'ai repris la lecture de ce volume. Pour faire court, je l'ai préféré au tout premier. Ce second volume est bien plus lourd et sombre que le précédent. Certes, nous ne sommes pas dans la noirceur d'un Hunger Games, mais quand même !
     J'ai apprécié la plume de Veronica Roth ici. De plus, j'ai appris à aimer Tris avec l'adaptation du premier film (Shaileene quoi). Ainsi, le personnage ne m'a pas agacé comme ça avait pu être le cas au début. Bien qu'elle n'agisse pas forcément de manière cohérente, elle est touchante à sa manière. Ses relations sont touchantes. J'adore le lien qu'elle a avec Tobias (of course) mais aussi avec Christina (que j'adore pour le coup !). Dans ce tome, on se rend compte que tout ce qu'il s'est passé à la fin du premier (l'attaque des Audacieux sous l'effet de la simulation des Erudits) a laissé d'énormes séquelles chez Tris. Dans le feu de l'action, elle agit de manière impulsive. Elle réfléchit, classe les données qu'elle reçoit et agit dans le meilleur intérêt. Cependant, la mort de Will (...) et celle de ses parents sont de véritables traumatismes pour elle. Et ces traumatismes sont très bien traités dans le roman. Veronica Roth n'en fait pas mille tonne, au contraire, tout est très bien dosé. On comprend les enjeux. Le comportement de Tris, qui pourrait facilement agacer, n'est pas si tordu. En effet, cette héroïne a des tendances suicidaires plutôt hardcore ! Elle mélange sacrifice et suicide, qui, lorsqu'on le lit, ne sont pas si éloignés que ça. Tris cherche une bonne raison de mourir, comme ses parents l'ont fait avant elle et... une bonne partie du roman se base sur cette question : qu'est-ce que l'abnégation ? Pour qui ou quoi puis-je me sacrifier ? Mon sacrifice sera-t-il utile ? 
    C'est pertinent. Vraiment pertinent. Quand on sait que la littérature jeunesse est majoritairement lu par des... jeunes, eh bien, je trouve cela intéressant. C'est un roman qui parle du deuil mais aussi de ce qu'on hérite de nos parents, et de ce qui nous manque une fois qu'on le perd. Insurgent met en avant des questions adolescentes. Métaphoriquement, c'est quand même l'histoire d'une gamine qui se casse de chez ses parents à 16 ans parce qu'elle n'aime pas leur manière d'envisager la vie, hein ! Et qui, dans notre réalité, n'a pas dit au moins une fois à ses parents : "tu me fais chier ! à 18 ans, j'me casse de cette baraque !". Eh bien Tris a le droit de le faire. La loi leur offre la possibilité. Et l'intrigue dystopique, à côté, permet en même temps de poser la question de la perte et de l'identité.

vendredi 20 mars 2015

Ces livres que je compte lire

    En ce jour d'éclipse partielle où les nuages sur Paris ont tout gâché (il faisait juste froid à crever), je poste un article qui n'a rien à voir. Je voudrais parler de ces livres que je n'ai, actuellement, pas le temps de lire pour cause de M2. Dans deux mois et demi je termine mes études en littérature française, plusieurs livres me titillent depuis quelques années, voire plusieurs mois. Avec mes deux mémoires en deux ans, j'ai passé plus de temps à lire la littérature du XIXe ainsi que des ouvrages et des articles critiques que des romans "pour mon plaisir". Je mets cela entre guillemets puisque je prends aussi beaucoup de plaisir dans mes études. Trêve de blabla, voici les romans que je souhaite lire à partir de juillet :


Côté littérature jeunesse et young-adult

 

 Tout d'abord, je souhaiterais acquérir les trois derniers volumes des aventures de Clarisse et Jace. En 2013, j'ai eu un de mes plus gros coups de coeur de l'année avec la première trilogie, je reprendrai donc cela dans les mois à venir. De même, j'aimerais lire les deux derniers tomes des Origines. Ce n'est pas parce que je n'en ai plus reparlé depuis quelques mois que j'ai oublié cette saga de fou ! Même si l'adaptation cinématographique a été une énorme déception...

 

De même, j'ai hâte de pouvoir lire la fin du Dernier Jardin. J'avais commencé la trilogie en ouvrant ce blog et depuis, je n'ai pas eu l'occasion (ou l'envie) de la continuer. Cependant, elle fait partie des histoires dont je veux connaître la fin !


Côté Science-Fiction 


Pour continuer ma découverte de Patrick Ness, je me retiens, depuis quelques semaines, d'acheter et de lire la trilogie Le Chaos en marche ! J'ai hâte (vraiment hâte) de m'y mettre ! Cet auteur a une plume magnifique et jusqu'à maintenant, je ne suis pas déçue.


Découvert il y a peu de temps, le résumé de cette saga de Connie Willis m'a beaucoup tentée ! J'espère la lire dès que j'en aurais fini avec mon mémoire de M2. Mon récent voyage en Angleterre, notamment à Londres, m'incite pas mal dans ce choix de lecture. Et puis, j'adore les voyages dans le temps. Affaire à suivre dans le courant de l'été...


Côté Fantasy


Ma passion pour Lynn Flewelling ne compte pas s'arrêter à Nightrunner. Je veux absolument lire Le Royaume de Tobin et en apprendre plus sur les époques qui précèdent Nightrunner ! Bien sûr, je ne retrouverai pas mes chouchous Alec et Seregil, mais je suis sûre que les personnages de cette autre saga sauront me plaire aussi. 

***

Pour finir, il y a beaucoup beaucoup d'auteurs du XIXe siècle et du XXe siècle que je souhaite lire. Je veux, tout d'abord, continuer mon aventure avec Balzac. Même si je fais mon mémoire sur lui cette année, l'aventure ne fait que commencer ! Cet un auteur exceptionnel et si prolifique qu'il y a de quoi faire ! De même, j'aimerais beaucoup lire Lélia de G. Sand, les textes de C. Nodier, ceux de Rachilde et renouer avec Flaubert. A. Dumas me donne aussi envie, de plus en plus. Côté XXe, j'ai La Recherche du temps perdu qui m'attend dans ma bibliothèque (je me suis promis de lire Proust un jour), ainsi que l'intégralité des textes d'Antonin Artaud.

Voilà, en bref, les romans que j'espère lire une fois mes études terminées. Bien sûr, cette liste n'est pas figée. Je vais forcément avoir de nouvelles envies, des moments lectures différents et découvrir des choses auxquelles je ne m'attendais pas. Cependant, tous ces livres sont vraiment une priorité à mes yeux et j'ai hâte de pouvoir entrer dedans sans pression sur les épaules parce que bordel, faire deux mémoires, c'est beaucoup beaucoup de pression...

Sur ce, demain, salon du livre ! Faites que ma CB soit préservée !

lundi 19 janvier 2015

Cory Doctorow, Little Brother

Cory Doctorow
Little Brother


Éditions Pocket Jeunesse, 2012
Traduit de l'anglais par : Guillaume Fournier
VO : Little Brother, 2008

Résumé : Fan de nouvelles technologies et de jeux vidéo en réseau, Marcus, 17 ans, mène une vie sans histoires... même s'il défie parfois les caméras de surveillance du lycée ou pirate quelques sites Internet. Jusqu'au jour où il est pris dans les mailles d'un service anti-terroriste, emprisonné et torturé. Marcus décide alors de combattre les abus du pouvoir en utilisant ses talents informatiques. Un acte de résistance, qui se transformera en un vaste mouvement de rébellion...



En quelques mots...


"- On n'a rien sans rien. C'est notre pays. On nous l'a pris. Les terroristes qui nous attaqués sont toujours libres - mais pas nous. Je n'ai pas l'intention de me cacher pendant un an, dix ans, peut-être même toute ma vie, en attendant qu'on me rende ma liberté. La liberté, c'est une chose qu'il faut savoir gagner." p.390

    Cette citation, extraite de Little Brother, me tenait à cœur. Elle me tenait à cœur parce qu'elle pourrait presque, à elle seule, vous expliquer l'intérêt de ce roman. Le mot "liberté" est central ici, puisque ce livre parle de la faille qui existe entre la sécurité et la privation des libertés, voire même de la destruction de l'intimité. Intimité à laquelle nous avons droit. Ce roman m'a glacée et m'a fait énormément de bien aussi. Les actualités, auxquelles personne n'a échappé ces derniers temps, ont sans aucune doute contribué à l'intérêt que j'ai porté à ce livre. Il a fait écho, tout au long des pages, à ce que nous avons vécu récemment : un viol de notre liberté d'expression. De notre liberté, en fait, simplement. Ce qui m'a bouleversée dans Little Brother, ce n'est pas tant l'horreur du terrorisme - qui n'est pas centrale ici - mais la paranoïa qu'il peut faire naître dans une ville, un Etat, un pays. Cette paranoïa déclenche un excès de sécurité avec lequel on peut faire n'importe quoi. C'est une paranoïa collective qui se met au service de la tyrannie. Et c'est ce qui fait d'un gouvernement un organisme malade qui contraint, par la peur de l'autre, les individus à perdre leur intimité, à y renoncer volontairement. C'est le danger de la peur, c'est l'autre ennemi de la société. C'est notre ennemi aussi.
     Bien sûr, ce roman m'a fait du bien parce que nous n'en sommes pas encore là. De plus, c'est de la fiction, et dans la fiction, nous identifions très vite les bons des mauvais. Le manichéisme est omniprésent. Il l'est d'autant plus dans la littérature jeunesse qui se veut directe, simple et sans ambiguïté sur le message à passer. Ainsi, ce roman m'a fait du bien parce qu'il possède des vertus cathartiques. Il éloigne la méprise en nous révoltant contre un ennemi tout désigné. La réalité est différente, plus maligne, plus diffuse. Il est bien plus difficile de trier toutes les informations pour savoir qui/quoi influence qui/quoi, qu'est-ce qui est bon pour nous et ne l'est pas. Les réponses viennent généralement avec le temps. Cependant, avec le temps surgit, hélas, un "trop tard" dérangeant. Un "trop tard" que certains aiment quand d'autres veulent le renverser. On peut dire ce qu'on veut dans notre monde, on peut prôner deux vérités différentes sans jamais avoir tort (essayez, vous verrez). C'est à la fois ce qui fait la richesse de notre monde, sa diversité, et ce qui le consume aussi : Personne n'a tort, tout le monde a raison. L'un impose sa vérité, l'autre se rebelle. Les deux se paralysent et une troisième version de la vérité domine. Elle part en couilles (pour rester polie). Les disputes reprennent, parfois dans le sang, et nous reprenons à zéro sans rien avoir compris. Ou retenu. Et ainsi de suite dans une boucle infinie parce que rien n'est jamais simple. Rien ne se passe comme dans les romans, mêmes quand ceux-ci anticipent, à raison ou à tort. D'autant plus quand ils sont interprétés - ou interprétables - de mille façons possibles.
     Little Brother m'a fait du bien dans le sens où il reste à sa place de fiction. Il nous ferait du mal si nous nous en rapprochions, si Little Brother devenait vrai. Cela dit, c'est le risque de toute dystopie : de s'ancrer dans le vrai. Dans Little Brother, nous avons un héros. Nous avons une héroïne. Nous avons des personnages qui sont là pour être actifs, renverser les méchants et rendre le monde meilleur. Dans la réalité, les héros sont différents, plus ambigus et rarement nobles. C'est en ça que le roman fait aussi peur et peut bousculer. Si on s'éloigne un minimum du caractère divertissant d'une fiction et qu'on la considère comme un enseignement, une possible vérité, elle devient plus angoissante. Little Brother, mis en parallèle avec notre actualité, m'a fait ressentir ce petit quelque chose qui nous fait passer du monde de la fiction à celui de la vie. Croyez-moi, c'est un peu stressant et percutant. Bien sûr, cela reste une fiction avant tout, mais une fiction que, personnellement, je ne suis pas prête d'oublier. Elle nous met sur nos gardes et nous incite à nous méfier d'une protection trop intrusive. Il faut le retenir, le garder en tête ça. Nous avons la facilité de croire que le monde est aussi manichéen que les romans. On nous désigne un véritable ennemi, qui tue et répand la haine, mais parfois, cela peut venir de derrière. Cette haine et ce danger peuvent venir d'une chose que nous n'aurions pas supposé : notre propre peur. Une peur qui appelle à la protection. Une protection trop forte. Une protection qui appelle à la mort des libertés. Ces mêmes libertés que nous voulions protéger parce que nous avions peur de les perdre. Ainsi, elles ne sont plus agresser par l'ennemi désigné mais par notre propre peur collective.

    Je tenais à revenir là-dessus dans cette chronique sur Little Brother. Cela m'a trotté dans la tête pendant toute ma lecture. Nous ne devons pas seulement protéger nos libertés d'un ennemi qui attaque, le coeur noir et la pensée pleine d'obscurantisme, nous devons aussi les protéger de toutes les formes d'agressions qu'elles peuvent subir. Il en existe des tas, de la plus évidente à la plus sournoise. C'est notre devoir, en tant qu'être humain, de défendre cela, afin d'aider ceux qui ne le peuvent pas. C'est notre devoir de le faire afin de continuer d'écrire ce que nous voulons, dessiner ce que nous souhaitons et nous exprimer avec toute la force qui peut s'extraire de notre pensée. Les vrais ennemis sont l'obscurantisme et la peur paranoïaque paralysante. La parole, l'échange et le respect de la vie humaine sont notre force.

    Pour un avis plus vague et superficiel de Little Brother, sachez juste que c'est un très bon roman. Les personnages sont attachants, on adhère à leur cause et les sujets sont traités avec une précision incroyable. Il est aussi possible de lire ce roman sous un autre jour : celui des dangers ou non des technologies. Cependant, comme dirait Marcus, le héros de ce roman, nous pouvons faire adhérer les technologies à toutes les causes possibles : les meilleures comme les pires. Les machines nous obéissent si nous avons le pouvoir dessus. Tout est une question de contrôle. En quelque sorte, la réponse à cette question est simple : les technologies ne sont pas un danger, pas plus qu'elles n'en représentent pas, il faut surtout qu'elles restent accessibles au plus grand nombre afin que personne n'en profite plus qu'une autre.

    Sur ce...