mercredi 22 octobre 2014

"Le poison de l'être"


    Une idée traînait dans ma tête depuis quelques mois. Suite à ma visite de l'exposition au musée d'Orsay "Van Gogh : le suicidé de la société", en parallèle avec le texte d'Antonin Artaud du même nom, une profonde curiosité est née chez moi à l'égard de cet auteur. A la fois poète, théoricien du théâtre, acteur, écrivain ou encore essayiste, c'est un être qui me fascinait pour cette multiplicité, notamment.
    Aujourd'hui, en me promenant à Gibert, j'ai pensé à lui (bon ok, j'ai un cours sur la poésie et la folie ce semestre, donc ça me semblait normal de penser à lui) et j'ai fait un tour du côté de la poésie. J'en suis ressortie avec L'Ombilic des Limbes qui sera ma première aventure dans l'univers dense d'Antonin Artaud.
    
    Pas plus tard que ce soir, sur le site de l'INA, j'ai écouté cet enregistrement audio qui célèbre le dixième anniversaire de la mort d'Artaud et fait un "éloge de sa folie". De nombreux passages ont retenu mon attention (notamment les lectures de ses textes (bon sang, on lisait bien à l'époque...)), mais un, en particulier m'a fait réfléchir : la folie, auparavant, était observée comme une "situation où les valeurs humaines sont annulées", c'est-à-dire que l'être fou est asocial, donc en contradiction avec la société dans laquelle il devrait évoluer et surtout, il est méprisé par celle-ci. Cependant, chez Artaud, au contraire, la folie est vue comme un "révélateur de valeurs". Des valeurs différentes, certes, mais il n'est pas "méprisable" bien que malade mentalement. Sa folie est une expérience, une plongée au cœur même de la pensée et de l'être, une réflexion sur le "moi" et sur l'organisme vivant qui détruit l'esprit et la pensée. C'est aussi une réflexion sur le mot, un mot qui ne peut représenter la pensée et qu'il faut éclater. Et c'est ce qu'il fait dans sa poésie. Il éclate le verbe et le dépasse (le passage sur les "syllabes" est assez éloquent à ce propos... Une fois que le langage arrivait à ses limites, Artaud se servait de syllabes, presque incantatoires, pour aller au-delà des mots).

    Plutôt que de parler inutilement et risquer de dire des bêtises, je me permets de recopier quelques passages et un poème qui m'ont particulièrement marquée aujourd'hui :



Poète noir

Poète noir, un sein de pucelle
te hante,
poète aigri, la vie bout
et la ville brûle,
et le ciel se résorbe en pluie,
ta plume gratte au cœur de la vie.

Forêt, forêt, des yeux fourmillent
sur les pignons multipliés ;
cheveux d'orage, les poètes
enfourchent des chevaux, des chiens.

Les yeux ragent, les langues tournent
le ciel afflue dans les narines
comme un lait nourricier et bleu ;
je suis suspendu à vos bouches
femmes, cœurs de vinaigres durs.


***

"Je voudrais faire un Livre qui dérange les hommes, qui soit comme une porte ouverte et qui les mène où ils n'auraient jamais consenti à aller, une porte simplement abouchée avec la réalité." 
(extrait de "Là où d'autres..." dans L'Ombilic des Limbes).

***

"Il faut que le lecteur croie à une véritable maladie et non à un phénomène d'époque, à une maladie qui touche l'essence de l'être et à ses possibilités centrales d'expression, et qui s'applique à toute une vie.
Une maladie qui affecte l'âme dans sa réalité la plus profonde, et qui en infecte les manifestations. Le poison de l'être. Une véritable paralysie. Une maladie qui vous enlève la parole, le souvenir, qui vous déracine la pensée."
(extrait d'une lettre à Jacques Rivière, 25 mai 1924)


    D'après ce que j'ai retenu en écoutant la lettre qu'il envoie à Pierre Loeb en 1947, Artaud opposait l'homme-arbre à l'homme devenu un "organisme". C'est à dire un homme qui se retrouve doté d'une enveloppe qui finit par tyranniser ses pensées et les influencer, en quelque sorte. C'est un peu à cela que je pense en (re)lisant "Poète Noir" désormais... La forêt étant une multitude d'êtres non asservis à cette enveloppe charnelle. Mais je ne suis même pas à un dixième de mes découvertes sur cet auteur, alors... que dire ?
    Sur ce, lecteurs fantômes ou non, je vais me coucher et je reprendrai ma "quête" Antonin Artaud dès demain. Je pense que cet homme va me hanter un certain temps. Quelque chose me dit que ça va m'aider à comprendre mon mémoire, aussi... par la même occasion.

mardi 21 octobre 2014

Un automne tout en culture

    Le mois d'octobre est bel et bien plus calme que le mois de septembre. Je me suis habituée à ma vie parisienne et certaines angoisses se sont atténuées. Peu à peu, je me réorganise et je trouve le moyen de bien travailler sans me mettre une pression monstrueuse.


    L'automne est ma saison préférée (avec le printemps). J'ai toujours aimé les couleurs de l'automne, que ce soit le ciel, les feuilles ou sur les immeubles des villes. Le problème, avec l'automne, c'est la rareté de ces couleurs. Il fait plus souvent moche et froid que beau et frais. C'est souvent de la pluie dégueulasse, de la boue qui colle aux chaussures, du vent qui fait dire à ton parapluie "t'aimes pas la pluie, j'aime pas le vent, démerde-toi". Bref, c'est une jolie période quand elle veut être jolie. Et puis, il y a Halloween. J'ai toujours adoré cette fête. Mon passé de gothique se rappelle à moi dans ces moments-là et j'apprécie. J'avais ma bulle de protection quand j'étais habillée tout en noir. Ce n'était pas une période forcément heureuse, mais j'en garde de bons souvenirs : croire en des choses surnaturelles, se faire entraîner par des amis dans des parcs la nuit tombée pour faire du spiritisme (j'assume... ou presque)... Bref, j'aime bien la fête d'Halloween parce qu'elle me rappelle aussi mon amour inconditionnel pour Buffy et l'époque où je me faisais un grimoire magique où je répertoriais des potions et des formules magiques, voire des prières sataniques (ahah, j'étais déjà athée, mais j'aimais bien m'intéresser à la figure de Satan ! Un truc qui n'a pas changé chez moi, d'ailleurs). Du coup, je recopiais souvent des poèmes de Baudelaire (cliché des ados gothiques) et je lisais des revues rock et métal qui parlaient de musique mais aussi de soirées gothiques ayant lieu à Paris. C'était mon rêve quand j'étais ado ! Maintenant, plus vraiment. Quoiqu'il en soit, l'automne me rappelle tout cela. C'est une période où j'aime écouter du métal et m'endormir sur ces sons-là. Cette période me rassure.

    Parlons peu, parlons bien. Ces-derniers temps, je suis allée au cinéma. J'ai vu Dracula Untold et White Bird. Si le premier m'a beaucoup plu et distrait, le second m'a fasciné. Je suis complètement amoureuse de Shailene Woodley (comme je le suis de Jennifer Lawrence) et j'ai été très heureuse de la découvrir dans un film de Gregg Araki. Elle était splendide dedans (et nue). Du même réalisateur, j'avais vu Kaboom quelques années plus tôt. Encore aujourd'hui, c'est l'un de mes films favoris tellement il est déjanté. On pense se retrouver face à une histoire d'adolescents en manque de sexe et aux mœurs "dépravées" mais en fait, pas du tout. C'est un film plutôt WTF dont on ne ressort pas indemne puisque la fin est... tout sauf une fin normale. Certes, les jeunes sont toujours en manque de sexe et vivent dans une société où la bisexualité est banale (\o/), mais ce n'est pas le plus important du film. Le plus important, c'est l'absurde théorie du complot qui se développe au fur et à mesure. White Bird, pour le coup, est plus posé et calme. L'histoire est commune, réaliste, mais le fait de tout vivre du point de vue de Kat (Shailene Woodley) captive et on est aussi surpris qu'elle à la fin de l'histoire. On l'observe interagir avec son entourage, analyser la relation de ses parents, analyse sa relation avec sa mère disparue... etc. Bref, on la regarde poursuivre sa route et ce qu'elle ignore, nous l'ignorons aussi. Et j'ai adoré tout ignorer comme elle. J'ai aussi trouvé les plans, les couleurs, la musique et les fringues sublimes ! Un film à voir et à revoir dont je ne me lasserai pas !

    Au niveau littéraire, je progresse sur Balzac. J'ai terminé ma lecture de La Recherche de l'Absolu hier après-midi et je me suis encore pris une claque dans la tête. Je comprends pourquoi on me disait de lire ce roman, il est incroyable. Tout au long du livre, on observe Balthazar Claës se ruiner et ruiner sa famille au nom de la Chimie, de la Science et de sa folie de créateur. J'étais assez en colère contre lui, à le voir sacrifier tout ce qui l'entoure pour trouver l'Absolu. Cela me révoltait pour ses enfants, pour Marguerite surtout. La scène où il lui fait du chantage au suicide pour lui voler son or... Mais... Je rageais derrière mon livre ! Puis, à la fin, tout se retourne. Tout à coup, ce n'est plus tant Balthazar que l'on déteste mais plutôt la société qui ne le comprend pas. D'un seul coup, on se dit qu'ils sont bien guidés et matérialistes ces gens, qu'ils sont fous eux-mêmes de s'attacher à leur image et leurs objets. Il avait peut-être raison le "sorcier", le "serpent", le "démon".
     La première moitié du livre ne m'a pas beaucoup plu. Je n'aimais pas la femme de Claës. Elle m'ennuyait et je la trouvais plus folle que son époux à toujours se sacrifier pour lui. C'était la "parfaite" épouse, celle qui se tait par respect, par crainte et par amour. Puis, quand Marguerite prend le dessus sur la famille et sur son père ! Mais quel retournement de situation ! Pour le coup, j'ai beaucoup aimé ce personnage féminin. Je l'ai trouvée courageuse et forte, quelque peu dominatrice. Elle se révèle au fil des pages et ne se montre pas comme l'éternelle mineure qu'était la femme au XIXe siècle (merci Balzac !!). Et en même temps, à la fin... Je la trouvais un peu trop rangée dans la société, un peu trop "madame tout le monde" qui fait tout pour récupérer son argent et redonner une image aristocrate à la famille Claës que Balthazar avait ruinée. Bref, je réfléchis encore sur ce roman. Mon mémoire parle de la folie et de la création... Pour l'heure, je ne sais juste pas où se trouvent la vraie création et la vraie folie.

    Prochainement, j'espère visiter quelques expositions temporaires à Paris, notamment celle du musée d'Orsay sur Sade et celle sur Nodier au musée de la Vie Romantique (je n'y suis jamais allée en plus). A côté de cela, j'attends que le musée Picasso réouvre ses portes et j'irai y faire un beau tour. Je veux aussi aller à la Cité des Sciences pour voire l'expo sur Le Grand récit de l'Univers. Bref, je vais essayer de m'organiser pour aller voir tout cela. Après tout, je ne suis sûre d'être à Paris que jusqu'en juin prochain... Après, je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi (j'ai des plans, mais bon). 



En ce moment :
• Je lis Adieu de Balzac mais aussi Facino Cane
• J'ai encore 12 articles à rédiger pour le mois d'octobre
• Je vomis devant Walking Dead tous les lundis (xD)
• J'ai presque réussi à récupérer des ongles potables !

mardi 7 octobre 2014

C'est mardi (10)


Comme nous sommes mardi, j'ai décidé de poster un "c'est lundi". Le "c'est lundi" qui fait un grand retour sur ce blog. Pour le blabla traditionnel : "C'est lundi, que lisez-vous ?" est un rendez-vous hebdomadaire instauré par Mallou et repris par Galleane.


Ce que j'ai lu les semaines passées :

   

 Je me suis lancée dans mon nouveau mémoire en septembre et il concerne Balzac. Le sujet, pour le moment, se nomme "Création et Folie dans La Comédie Humaine de Balzac". Du coup, je me mets à lire Balzac et les œuvres que mon directeur m'a conseillé pour mon corpus. Ainsi, Le Chef-d’œuvre inconnu et Louis Lambert sont dans mon programme. Si j'avais déjà lu le premier, je l'ai mille fois plus aimé en le relisant. Quant au second, il était captivant (tout un aprem en bibli à le découvrir).


Ce que je lis et compte lire cette semaine :

 

 La Recherche de l'absolu sera l'oeuvre centrale de mon mémoire de M2. Pour le moment, je ne l'ai pas encore commencée, mais demain, je serai en bibliothèque pour m'y attaquer. Il paraît que les premières pages sont assez difficiles, mais qu'une fois dépassées, tout devient addictif !
Pour Devil's Lost Soul, c'est parce que je suis fan de Kaori Yuki depuis mon enfance. J'ai commencé la collection de cette nouvelle histoire il y a quelques mois. Ça me fait une pause agréable quand j'en ai besoin. J'adore l'univers de cette mangaka, toujours très sombre et élégant.