Un article différent de l'ordinaire pour parler de mes lectures. Je viens de terminer La Couleur de l'Âme des Anges et je ne me sens pas encore capable de faire un bilan simple sur le roman pour le poster sur mon blog de "chroniques". J'ai beaucoup de choses à dire sur les quelques 100 dernières pages que je viens de lire, et je vais essayer d'organiser tout cela en petits paragraphes blindés de spoilers (j'essaie de les limiter, cependant).
Les personnages :
♣ Jeremy : Je commence par le héros du roman, normal me dirait-on, mais c'est aussi parce qu'il est le seul personnage que j'ai vraiment aimé dans La Couleur et que débuter sur des compliments, ça peut faire du bien. Jeremy est pile le genre de héros que j'adore : il a du caractère, de l'humour, il est sensible, intelligent, beau. En gros, c'est le personnage parfait, le héros par excellence, le petit ami qui n'existe pas que je voudrais rencontrer. Bref, il est formidable. Ce qui me pousse aussi à dire que ce n'est pas très réaliste → mais un roman n'a pas à être réaliste, surtout un roman "young adult" fait pour séduire la gente féminine, donc je ne critiquerai pas, et à ce niveau-là, c'est donc un sans faute. Pour continuer sur les éloges que je veux faire à propos de Jeremy, je l'ai beaucoup apprécié parce qu'on sent qu'il est nourri par une plume qui déborde d'amour à son égard. Il a véritablement du relief, il est puissant, il dévore le papier pour en sortir complètement. J'ai rarement croisé des personnages aussi charismatiques dans un roman et du coup, c'est lui qui m'a motivé à me plonger complètement dans la lecture. Ce qui peut, peut-être, casser la grandeur de Jeremy, ce sont les personnages qui l'environnent : honnêtement, je trouve qu'ils sont plutôt là pour le décorer, pour lui donner encore plus de relief, et du coup, je ne les ai pas trouvé intéressants pour un sous. Ce qui est un peu bête, parce que ça m'a détruit, en partie, le plaisir de la lecture. Ils étaient plats, encore moins réalistes que la perfection de Jeremy et c'est assez décourageant.
♣ Allison : J'enchaîne donc sur Allison. Je l'ai tout de suite rejetée de mon coeur en commençant le roman, malgré tout, en avançant dans l'histoire, une fois qu'elle devient Ange à son tour, elle m'a beaucoup plus intéressée. Même si elle était toujours aussi cruche et niaise, elle permettait quand même de faire avancer l'intrigue (qui est le gros point fort de La Couleur) et du coup, elle devenait très intéressante. Ses réactions aidaient l'histoire à évoluer, grandir et devenir quelque chose de palpitant, un vrai film d'action comme je les aime. Mais le moment où j'ai apprécié Allison à sa juste valeur, c'est lorsqu'elle a basculé dans le Rouge. Là, elle est devenue mordante, vive, digne d'intérêt. On n'était plus face à ce personnage fade et dévoré par l'amour comme un hamburger par le MacDonald's (un truc bien indigeste, quoi). Mais ça ne dure qu'un ou deux chapitres, et rapidement, l'Allison abrutie refait surface pour mon plus grand malheur. En fait, Allison est intéressante que lorsqu'on ne la perçoit pas via le regard de Jeremy. A croire que c'est lui qui la rend si molle. Il la vide de sa substance et elle devient vraiment la décoration dont je parlais dans mon premier paragraphe. Du coup, je ne l'ai pas aimé, non pas pour ce qu'elle est, mais pour ce que Jeremy fait d'elle, et donc, plus généralement, pour ce que l'auteur fait d'elle.
♣ Flint : Il était quiffant. Vraiment. J'ai adoré ce personnage ambiguë, dont on ne savait rien, manipulateur. Bref, il possédait toute la panoplie pour devenir le protagoniste le plus palpitant de l'histoire. On le rencontre dès le début, on espère le revoir, et lorsqu'il revient enfin, il devient effrayant, on le craint, on doute de lui, on l'aime aussi, on est attiré comme un aimant vers lui. Bref, Flint, c'était un point fort machiavélique pour l'histoire. Puis, sans prévenir, l'intrigue nous révèle qui il est réellement et là, gros choc, on est au paroxysme du personnage, on sent l'apothéose approcher à grand pas, un peu comme le T-Rex dans Jurassic Park, et là, tu sais pas pourquoi, mais c'est un lézard sans queue qui se ramène et ton coeur se met à saigner devant le gâchis. Je suis cruelle, c'est vrai. C'est pas sympa, mais... Le personnage était si bien amené, tous les éléments étaient là pour nous faire écarquiller des yeux jusqu'où bout, et puis tout à coup, on a l'impression que "l'autre" Flint est le méchant de l'histoire le plus débile de l'univers, il pose des questions stupides à Jeremy (qui se montre vraiment TROP malin), et il déborde de méchanceté au point d'en devenir ridicule. Il cherche le mal par tous les moyens les plus classiques, il devient donc CARICATURAL. Le passage qui m'a le plus perturbé, c'est quand Jeremy, vers la fin, arrive vers lui et lui demande réellement ce qu'il désire (page 424 pour être précise), et là, sa réponse, je l'ai ressenti ainsi : "Oh mon Dieu, je suis comme Chipper dans Dora l'Exploratrice et tu as découvert mes vilains plans, méchant petit Ange trop fort pour moi". Quelle tristesse... J'étais... dégoûtée. Et même sa forme impressionnante qui paraissait "cool" au début devient une espèce de caricature rouge volante. Pitié, quoi.
♣ Lili : Le seul personnage féminin que j'ai aimé. Mais elle est si peu approfondie qu'on n'a pas tellement envie de s'attarder dessus. Son côté femme fatale nous donne l'impression que toute les femmes ne sont que des objets de désir pour les mecs et que c'est uniquement leur but à elles aussi. En fait, même si je l'aimais, d'un point de vue plus général, elle est la définition même de la réduction de la femme dans La Couleur. Déjà Allison semble n'être qu'un corps dont Jeremy tombe amoureux pour enfin se la "faire", mais Lili, c'était encore pire (et oui, je ne peux pas admettre que Jeremy tombe amoureux d'Allison pour sa remarquable personnalité inexistante). Ce jeu de séduction, bien que passionnant, n'a fait qu'écraser un personnage haut en couleur (sans mauvais jeu de mots XD). Après, la révélation qui l'accompagne justifie un peu tout cela, mais encore une fois, c'est ce charmant Jeremy qui découvre tout (je l'ai déjà dit qu'il se montrait vraiment TROP malin ?).
♣ Les autres personnages : Encore une fois, on ne les côtoie pas assez. J'aurais aimé qu'on s'attarde plus sur la famille de Jeremy, qu'on en découvre plus sur certains Anges et Archanges... etc. Après, ce n'est que le premier volume, donc j'en demande sûrement trop, mais malgré tout, je me suis sentie frustrée qu'on ne découvre pas plus de choses sur le passé de Jeremy, sur qui il était vraiment avant de mourir, sur sa mère, sa demi-soeur, son beau-père...etc. Et même les autres Anges ne sont pas tellement passionnants : Einstein est cool, c'est la grande touche de fraîcheur et d'humour dans le roman, le grand-mère et le père de Jeremy étaient sympas aussi (mais on ne les voit qu'une fois vraiment, ce qui peut être assez désarmant, j'aurais pensé que notre héros se serait un peu plus attaché à eux dans sa nouvelle vie plutôt qu'à une meuf dont il devient totalement obsédé). Bref, j'attends de voir le second tome avant de dire des choses négatives sur les autres personnages...
L'intrigue et l'univers :
Là, ça, c'était dingue ! On part d'une simple petite mort pour arriver à un monde extrêmement bien travaillé et logique (la conclusion de ce qu'est Jeremy était inattendue et palpitante). J'ai adoré la façon dont SAM a bâti pierre après pierre l'univers de La Couleur. Tout est bien réfléchi, chaque parole est pesée pour arriver à une conclusion haute en... couleur ! Bref, du grand art et j'ai beaucoup apprécié cela.
Les deux ou trois choses qui m'ont gênées sont les suivantes :
- J'ai trouvé que c'était un peu exagéré que TOUT se passe aux USA, à croire que le monde ne se trouve que sur un seul continent... Vive les Etats-Unis (j'avais fait le même reproche au film Percy Jackson en voyant que même les dieux grecs étaient à New York... ou comment déplacer la culture européenne sur un autre continent, youpi) ;
- Et l'autre truc, c'est que Jeremy est le seul à nous révéler l'explosion finale. Oui, il est le héros, c'est vrai, mais tout est révélé dans des dialogues un peu lourds et finalement peu convaincants. Jeremy explique tout en pesant ses mots, on a toutes les révélations qui sortent de sa bouche pour échouer en quelques pages et parfois, j'aurais aimé faire CTRL+Z pour que tout soit mieux réexpliqué. Surtout que ceux qui parlent en face de lui n'ont aucune substance et ne posent que des questions bêtes : à croire qu'ils sont la représentation des lecteurs et que Jeremy est l'image de l'auteur qui explique son roman → dans ce cas, y'a une piètre image du lectorat qui se montre, et ce n'est pas très sympathique pour nous.
Pour conclure, je me montre encore une fois absolument méchante avec un roman de Sophie Audouin-Mamikonian. Je hais être négative, je ne suis pas une fille mauvaise, mais c'est à croire que c'était fait exprès pour que je sorte mon instinct critique... Quoiqu'il en soit, dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié ma lecture, si ce n'était pas le cas, j'aurais refermé le livre et supprimé de ma PAL pour toujours. Or, je suis allée jusqu'au bout et j'étais prise dans l'action malgré tout, et ça, c'est important pour moi : j'avais de l'appétit pour la lecture en me plongeant dans le roman, donc c'est que je l'ai trouvé très bon.