mardi 18 novembre 2014

Ballade au Musée d'Art Moderne de Paris

R. Dufy, La Vie en Rose, 1931

    En ce charmant et pluvieux 18 novembre, j'ai pris la décision de fuir mon appartement et mon boulot pour aller, une paire d'heures, au musée d'Art Moderne de Paris. A la base, je voulais y aller pour l'exposition Sonia Delaunay, sauf que je n'ai actuellement pas les moyens de payer pour une expo. Ainsi, l'entrée libre de la collection permanente m'a bien plus charmée. Mais ce n'est qu'à charge de revanche puisque je compte voir l'exposition d'ici le mois prochain tout de même. Depuis un mois, la pub dans le métro m'intrigue et ma prof d'anglais n'arrête pas de nous supplier pour qu'on y aille. Donc bon.
    Lorsque je suis entrée dans le musée, je me suis retrouvée - après avoir interrogé l'accueil - à un choix cornélien : les escaliers de droite, ou ceux de gauche ? Bien sûr, comme je suis droitière, j'ai choisi de prendre les escaliers de gauche, ce qui m'a permis de visiter le musée... à l'envers. Logique. Alors déjà que l'art moderne et moi, ça fait plutôt deux (je m'y connais en art pictural du XIXe, c'est tout), alors prendre l'exposition à l'envers, c'était un peu bizarre. Mais tant pis. J'ai esquivé les visiteurs qui commençaient et j'ai aimé tout de même. 
    Comme mes compte-rendus de visites dans les musées sont toujours subjectifs, je ne vais ni choisir un ordre chronologique, ni l'ordre des salles (ahah), ni quoi que ce soit et uniquement parler des tableaux que j'ai aimés. Le premier d'entre eux (ci-dessus) est de Dufy. Alors, je déteste le rose, je n'aime vraiment pas cette couleur et c'est donc en de rares occasions que je suis ébahie devant une débauche de rose. Ici, j'aime les motifs ainsi que la répétition du bouquet en arrière-plan (miroir ? tableau dans le tableau ?). Les tons sont aussi apaisants que le titre lui-même : La Vie en rose (titre qui précède de 16 ans la chanson de Piaf). De plus, j'aime cette approche du réel par une impression de rêve. Du moins, c'est ainsi que je l'interprète. On sait que c'est une pièce avec une table et un bouquet, mais elle est tellement rose, irréaliste qu'on voit que c'est un tableau. L'illusion n'existe pas, tout est au profit du monochrome et de la peinture.

Matta, L'Impensable, 1958
    Le tableau que j'ai préféré le plus, sur tout le musée est celui ci : L'Impensable de Matta (1958). Pourquoi ? Je pense que c'est le côté très fuyant, agité du tableau qui m'a plu. Le regard ne peut absolument pas se focaliser sur une partie du tableau. Il n'y a rien où se raccrocher, pas même les tracés que l'on voit bien. Tout est pris dans l'action. Le "brouillard" qui floute presque entièrement le tableau donne une impression de chaos, voire de crainte et surtout de doute. Et le doute semble être, justement, le maître mot du tableau. La seule partie rassurante que l'on peut trouver, c'est ce mélange de jaune, rouge et bleu, plus ou moins au centre du tableau. Pour ce qui est des formes "observables", l'interprétation semble être ouverte. Qu'est-ce qu'elles sont ? Personnellement j'y vois des objets cassés, détruits, comme des souvenirs ou des décors de souvenirs que l'on n'arrive plus vraiment à restituer. En somme, ce tableau me parle et me fait penser à la capacité que l'homme a de se servir du doute pour se dédouaner de ce qu'il a pu faire ou vivre.

J. Metzinger, L'Oiseau bleu
(1912-1913)
     Un peu partout, dans l'exposition, je me suis aussi heurtée au cubisme (certaines salles y sont dédiées). Je n'étais pas familière avec ce mouvement mais il m'a intriguée. Les formes géométriques, qui devraient apporter une stabilité, sont plutôt au service d'un chaos et d'une déstructuration. Ainsi, beaucoup de tableaux m'ont séduite durant ma visite, dont L'Oiseau Bleu de Jean Metzinger (à droite). Sur le site Éternels Éclairs, une définition du mouvement cubisme est proposée : les trois étapes du cubisme sont expliquées jusqu'à la réflexion esthétique sur le réel (puisque le cubisme réintroduit, dans ses formes déconstruites, des éléments du réel). C'est rapide à lire, donc les fantômes qui passent ici, hop-hop-hop, allez jeter un coup d'oeil. D'autres tableaux m'ont plu, comme Le Livre de Juan Gris (1913) et Les Baigneuses d'Albert Gleizes (1912).

    Ci-dessous, voici deux tableaux de Chaim Soutine qui m'ont fait flipper. Ouais. A gauche, il s'agit de La Femme en rouge (1924). Ses mains, décharnées, m'ont collée des frissons. Cela donne l'impression qu'elle va venir nous arracher la peau. De même, son visage souriant (qui me fait penser à un chat) ne semble pas avoir d'émotion. Les yeux sont noirs sur les deux tableaux, perturbants et sans âme. Pourtant, j'aime les couleurs, j'aime le côté "vague" des formes. Le tableau de droite, Femme à la robe bleue (1924), est tout aussi perturbant.

     

    Plusieurs autres mouvements picturaux sont présents au musée d'Art Moderne de Paris. On y trouve du fauvisme, du surréalisme, de l'art abstrait et des peintures plus contemporaines. C'était un véritable défi pour moi, de venir dans ce musée. Lorsque je vais à une expo à Orsay (par exemple), j'ai toujours tendance à négliger les oeuvres du XXe siècle et les dernières salles de la visite. Ce n'est pas une période qui me plaît, à la base, mais plutôt qui me repousse. Ici, en me confrontant exclusivement à l'art du XXe siècle, je dois admettre que plusieurs tableaux, plusieurs peintres m'ont énormément plu. J'ai l'impression que mes yeux s'adaptent un peu à ces différents mouvements (exceptés les tableaux - dont je n'ai pas retenu les titres - qui ne représentent qu'un trait noir sur une toile blanche... ça, je ne peux toujours pas, déso). 
    Comme je découvre le surréalisme en poésie depuis quelques semaines, peut-être est-ce qu'il est temps pour moi de me tourner vers des œuvres de la même époque. D'ordinaire, leur chaos et la présence forte des couleurs à l'inverse du dessin m'effraient plus que ne me déplaisent. En me confrontant à des tableaux de Matisse, Matta, Gleizes et Soutine, ainsi que Dufy, j'ai découvert que je n'étais pas insensible au XXe siècle. L'affaire est donc à suivre. La dix-neuvièmiste fanatique que je suis va-t-elle s'ouvrir à d'autres horizons ? OUAIS, peut-être. Après tout, il y a quelques années, j'étais incapable d'aimer le XIXe en peinture et encore moins l'impressionnisme, donc les mouvements qui suivent, n'en parlons pas. Non, quand j'avais 18 ans, je n'aimais que la Renaissance. Plus le temps passe, plus je m'ouvre à des œuvres "récentes" et je me rends compte que ce sont celles-ci qui me plaisent et non plus celles de la Renaissance. Je retournerai dans ce musée prochainement...

lundi 17 novembre 2014

C'est lundi (11)


Du nouveau dans mon "c'est lundi, que lisez-vous ?". On est vraiment lundi en plus. C'est cool.
J'ai pas mal lu ces derniers temps, surtout du Balzac, sans grande surprise, mes pas que.


Ce que j'ai lu les semaines passées :

 

Dans le cadre d'un séminaire à l'Université, nous devions lire Adieu de Balzac. C'est une courte nouvelle que j'ai beaucoup appréciée. A la fois romance, histoire militaire et récit sur la folie, Adieu nous fait découvrir le passé de Philippe Sucy qui, suite à une partie de chasse en forêt avec un ami, retrouve la femme qu'il a aimé en Russie. Cette dernière, devenue folle, ne peut que répéter le mot "adieu". Il fera tout pour qu'elle retrouve la raison. (cette nouvelle pourrait bien trouver sa place dans mon mémoire, d'ailleurs).
Et hier soir, plutôt que de travailler, je me suis replongée dans un livre sur Alexandre le Grand, écrit par Pierre Briant. On y suit la conquête du roi, de la Macédoine jusqu'à l'Inde, en passant par sa domination sur l'Empire Perse. Même si ce n'est pas très détaillé, ce livre est une bonne introduction pour se familiariser avec Alexandre le Grand et se plonger dans des lectures plus... fournies par la suite.


Ce que je lis et compte lire prochainement :


J'aimerais aussi finir de lire Gambara de Balzac. Et entamer une lecture des Proscrits.
Sinon, pour les deux visuels ci-dessus, j'aimerais bien relire la biographie d'Alexandre le Grand par Joël Schmidt. Je me souviens l'avoir lu lorsque j'étais plus jeune mais je n'en garde que très peu de souvenirs... Et j'aimerais aussi lire le tome 2 de Divergent avant que le film ne sorte au cinéma. Je l'avais commencé en septembre, je dois être arrêtée page 50 ou 60... Les cours et mes boulots m'ont rattrapée depuis mais j'ai envie de me détendre le cerveau en ce moment et de reprendre cette lecture.
Dans l'ensemble, il y a mille choses que je veux lire.


dimanche 16 novembre 2014

Une rose pour l'enfant du siècle


    Il y a bientôt deux semaines, je suis allée déposer ma rose à Alfred de Musset. Je me l'étais promis quelques années auparavant, lorsque j'avais décidé que mon premier mémoire serait sur Musset. Maintenant qu'il est fini, soutenu et derrière moi, j'ai respecté ma promesse et je suis allée rendre visite à mon auteur préféré au Père Lachaise. C'était un véritable plaisir d'y aller et de poser cette rose sur la tombe de Musset. J'avais l'impression de tourner une page et de souffler enfin. C'était un véritable sentiment d'accomplissement. Mon mémoire sur Musset, ça faisait quatre ans que je l'attendais. Je l'attendais tellement que c'était presque devenu une habitude, comme s'il n'existerait jamais ou qu'il ne se terminerait pas. C'est assez étrange de me dire que ce but, qui était un but à atteindre dans ma vie, est désormais terminé. Fini. Achevé. Noté. Il fait désormais partie de mon passé, lui qui était un élément de mon futur depuis si longtemps. 
    Je me fichais de savoir que mon mémoire soit bon ou mauvais (plus ou moins, je visais une note excellente que j'ai obtenue, tout de même, faut pas déconner). Tout ce que je voulais, c'était le faire, en apprendre plus sur Musset et me lier à lui, d'une certaine manière, pour toujours. C'est désormais fait. Mon mémoire, je le surnomme parfois "l'enfant que j'ai eu avec Musset, cet homme mort en 1857, si si c'est possible". En plus, j'ai pu y lier un sujet qui comptait énormément à mes yeux, celui des études de genres à travers la figure de l'androgyne (merci infiniment Alacris pour ce thème, d'ailleurs). Que demander de plus ? Ce travail sur Musset fut parfait, une véritable révélation intime et une évasion totale. J'ai donné tout ce qu'il y avait de plus personnel en moi avec ce mémoire, c'est mon trésor et je suis heureuse de m'en évader, aussi, quelque part. Il me permet de grandir, de passer à autre chose et d'explorer un terrain plus "pro", moins lié à mon identité. Ce mémoire était, je crois, ma manière de dire adieu à celle que j'étais autrefois. De dire au-revoir à mes émotions violentes et à mon adolescence. Musset est une partie de mon adolescence à retardement. Il fallait que je passe par lui pour réussir à monter une nouvelle marche. Certes, il reste beaucoup de marches à franchir mais celle-ci, au moins, est acquise.

    Désormais, il est temps de passer à mon nouveau mémoire sur Balzac. Je l'aborde avec plus de distance et de "professionnalisme", si on peut dire les choses ainsi. J'adore l'écriture de Balzac, ses romans, ses histoires et sa manière de capter l'attention de son lectorat. Ses livres sont des bijoux qui me font visiter le Paris du XIXe siècle ou la province de la même époque. Je m'attache à ses personnages et il n'est pas rare que je chiale samèère en le lisant (la fin du Père Goriot, quoi...). Je n'ai pas un rapport fusionnel avec Balzac comme j'ai pu en développer un avec Musset. Ce n'est vraiment pas pareil et tant mieux. Musset me plonge dans des sphères parfois glauques et malsaines de ma personne. Tout comme Flaubert, à un niveau encore plus malsain si je pense à Madame Bovary (putain ce roman que j'adore mais dont je hais l'héroïne parce qu'elle est un véritable contre-exemple à mes yeux, elle me fait peur). Enfin bref, le XIXe siècle français et moi, c'est une love story pour les fous. 

    Récemment, sinon, j'ai vu deux films dont j'aimerais beaucoup parler. Le premier est Interstellar que j'ai énormément aimé. Je ne suis pas une très grande fan de Nolan, je n'ai jamais réussi à revoir une deuxième fois Inception par exemple, quant à Batman... je m'en balance les carottes dans l'évier. Par contre, avec Interstellar, j'ai vécu une expérience cinématographique assez intense et insoupçonnable. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. On m'avait vanté les mérites de ce film plus de fois en deux jours qu'on aurait pu le faire sur cent ans et je comprends pourquoi. Certes, les quarante dernières minutes sont louches, un peu WTF mais l'ensemble du film nous fait vivre mille émotions. La relation entre le père et la fille, les voyages dans l'espace, l'aperçu de la fin du monde... etc., tout ça a contribué à me faire vivre quelque chose d'intense. J'ai été secouée par la musique du film, qui collait très bien avec l'ambiance. Les scènes dans l'espace sont oppressantes, l'échelle des grandeurs m'a presque étouffée et donnée le vertige. Non en fait, j'ai eu le vertige. Et puis, tout était si beau. La première planète qu'ils explorent m'a effrayée au plus haut point. Cette montagne d'eau que l'on voit dans la bande-annonce nous donne des frissons. Sans compter les problèmes liés aux temps qui passent, la relativité. Nolan est parti loin dans son délire, et je comprends qu'on puisse lui reprocher, mais il a gardé, tout au long de son film, une justesse qui m'a brisée le cœur. Bref, je n'ai aucun regret et ma réaction, suite à ce film, fut très étrange. En sortant de la salle, je ne savais pas comment comprendre mes sentiments, j'étais... perturbée. En somme, ce film est extraordinaire. Je n'en dis pas plus (je ne dis même rien) parce que je ne veux pas dévoiler quoique que ce soit. La surprise, tout comme la déception, peuvent être énormes, c'est au public de juger.
    Le second film que j'ai vu, c'est La Vie d'Adèle. Ouais, avec un grand retard, je me suis enfin plongée dedans et... Je suis énormément déçue. J'ai bien aimé les actrices principales mais à mes yeux, c'est un film creux et vide, sans émotion, sans rien. J'ai été touchée, vite fait, à la fin. C'est tout. Le reste, j'avais l'impression de voir la projection du lesbianisme à l'écran par un mec qui fantasme ça. Les scènes de cul sonnaient faux et étaient trop nombreuses. Tout ce qui aurait été intéressant a été supprimé. La scène de dispute et d'insultes, lorsque Adèle revient au lycée, est coupée brutalement et on ne revoit plus jamais les personnages négatifs. Les parents, quant à eux, disparaissent aussi du film à un moment sans qu'on n'en sache plus sur eux que leur amour pour les pâtes bolognaises. Le potentiel de l'histoire n'est pas développé, tout est coupé par des ellipses qu'on ne repère même pas tout de suite. Il se passe des années comme il se passe une seconde. Les deux héroïnes n'ont pas - ou peu - de moments tendres, elles ne sont que deux corps coïtant à outrance. Adèle semble malheureuse et creuse du début à la fin, elle traverse la vie sans enthousiasme pour quoi que ce soit. Quel dommage. Et quelle triste image de l'amour lesbien. J'ai été triste d'avoir été si déçue par ce film. Je pense et je suis même sûre que la BD sera bien plus intéressante. Y paraît, de toute façon, que l'auteur a été abandonnée durant le tournage, au point que son travail a été dénaturé. Fichtre. Ça m'agace.



En ce moment :
• Je lis Gambara de Balzac
• Et je bosse sur La Pensée de Balzac (de Per Nykrog)
• Il me reste 17 articles et demi pour le mois de novembre
• J'ai commencé Selfie, j'ai aimé, c'est annulé...
• Mes ongles sont dégueux. J'vais me couper les cheveux..

mercredi 22 octobre 2014

"Le poison de l'être"


    Une idée traînait dans ma tête depuis quelques mois. Suite à ma visite de l'exposition au musée d'Orsay "Van Gogh : le suicidé de la société", en parallèle avec le texte d'Antonin Artaud du même nom, une profonde curiosité est née chez moi à l'égard de cet auteur. A la fois poète, théoricien du théâtre, acteur, écrivain ou encore essayiste, c'est un être qui me fascinait pour cette multiplicité, notamment.
    Aujourd'hui, en me promenant à Gibert, j'ai pensé à lui (bon ok, j'ai un cours sur la poésie et la folie ce semestre, donc ça me semblait normal de penser à lui) et j'ai fait un tour du côté de la poésie. J'en suis ressortie avec L'Ombilic des Limbes qui sera ma première aventure dans l'univers dense d'Antonin Artaud.
    
    Pas plus tard que ce soir, sur le site de l'INA, j'ai écouté cet enregistrement audio qui célèbre le dixième anniversaire de la mort d'Artaud et fait un "éloge de sa folie". De nombreux passages ont retenu mon attention (notamment les lectures de ses textes (bon sang, on lisait bien à l'époque...)), mais un, en particulier m'a fait réfléchir : la folie, auparavant, était observée comme une "situation où les valeurs humaines sont annulées", c'est-à-dire que l'être fou est asocial, donc en contradiction avec la société dans laquelle il devrait évoluer et surtout, il est méprisé par celle-ci. Cependant, chez Artaud, au contraire, la folie est vue comme un "révélateur de valeurs". Des valeurs différentes, certes, mais il n'est pas "méprisable" bien que malade mentalement. Sa folie est une expérience, une plongée au cœur même de la pensée et de l'être, une réflexion sur le "moi" et sur l'organisme vivant qui détruit l'esprit et la pensée. C'est aussi une réflexion sur le mot, un mot qui ne peut représenter la pensée et qu'il faut éclater. Et c'est ce qu'il fait dans sa poésie. Il éclate le verbe et le dépasse (le passage sur les "syllabes" est assez éloquent à ce propos... Une fois que le langage arrivait à ses limites, Artaud se servait de syllabes, presque incantatoires, pour aller au-delà des mots).

    Plutôt que de parler inutilement et risquer de dire des bêtises, je me permets de recopier quelques passages et un poème qui m'ont particulièrement marquée aujourd'hui :



Poète noir

Poète noir, un sein de pucelle
te hante,
poète aigri, la vie bout
et la ville brûle,
et le ciel se résorbe en pluie,
ta plume gratte au cœur de la vie.

Forêt, forêt, des yeux fourmillent
sur les pignons multipliés ;
cheveux d'orage, les poètes
enfourchent des chevaux, des chiens.

Les yeux ragent, les langues tournent
le ciel afflue dans les narines
comme un lait nourricier et bleu ;
je suis suspendu à vos bouches
femmes, cœurs de vinaigres durs.


***

"Je voudrais faire un Livre qui dérange les hommes, qui soit comme une porte ouverte et qui les mène où ils n'auraient jamais consenti à aller, une porte simplement abouchée avec la réalité." 
(extrait de "Là où d'autres..." dans L'Ombilic des Limbes).

***

"Il faut que le lecteur croie à une véritable maladie et non à un phénomène d'époque, à une maladie qui touche l'essence de l'être et à ses possibilités centrales d'expression, et qui s'applique à toute une vie.
Une maladie qui affecte l'âme dans sa réalité la plus profonde, et qui en infecte les manifestations. Le poison de l'être. Une véritable paralysie. Une maladie qui vous enlève la parole, le souvenir, qui vous déracine la pensée."
(extrait d'une lettre à Jacques Rivière, 25 mai 1924)


    D'après ce que j'ai retenu en écoutant la lettre qu'il envoie à Pierre Loeb en 1947, Artaud opposait l'homme-arbre à l'homme devenu un "organisme". C'est à dire un homme qui se retrouve doté d'une enveloppe qui finit par tyranniser ses pensées et les influencer, en quelque sorte. C'est un peu à cela que je pense en (re)lisant "Poète Noir" désormais... La forêt étant une multitude d'êtres non asservis à cette enveloppe charnelle. Mais je ne suis même pas à un dixième de mes découvertes sur cet auteur, alors... que dire ?
    Sur ce, lecteurs fantômes ou non, je vais me coucher et je reprendrai ma "quête" Antonin Artaud dès demain. Je pense que cet homme va me hanter un certain temps. Quelque chose me dit que ça va m'aider à comprendre mon mémoire, aussi... par la même occasion.

mardi 21 octobre 2014

Un automne tout en culture

    Le mois d'octobre est bel et bien plus calme que le mois de septembre. Je me suis habituée à ma vie parisienne et certaines angoisses se sont atténuées. Peu à peu, je me réorganise et je trouve le moyen de bien travailler sans me mettre une pression monstrueuse.


    L'automne est ma saison préférée (avec le printemps). J'ai toujours aimé les couleurs de l'automne, que ce soit le ciel, les feuilles ou sur les immeubles des villes. Le problème, avec l'automne, c'est la rareté de ces couleurs. Il fait plus souvent moche et froid que beau et frais. C'est souvent de la pluie dégueulasse, de la boue qui colle aux chaussures, du vent qui fait dire à ton parapluie "t'aimes pas la pluie, j'aime pas le vent, démerde-toi". Bref, c'est une jolie période quand elle veut être jolie. Et puis, il y a Halloween. J'ai toujours adoré cette fête. Mon passé de gothique se rappelle à moi dans ces moments-là et j'apprécie. J'avais ma bulle de protection quand j'étais habillée tout en noir. Ce n'était pas une période forcément heureuse, mais j'en garde de bons souvenirs : croire en des choses surnaturelles, se faire entraîner par des amis dans des parcs la nuit tombée pour faire du spiritisme (j'assume... ou presque)... Bref, j'aime bien la fête d'Halloween parce qu'elle me rappelle aussi mon amour inconditionnel pour Buffy et l'époque où je me faisais un grimoire magique où je répertoriais des potions et des formules magiques, voire des prières sataniques (ahah, j'étais déjà athée, mais j'aimais bien m'intéresser à la figure de Satan ! Un truc qui n'a pas changé chez moi, d'ailleurs). Du coup, je recopiais souvent des poèmes de Baudelaire (cliché des ados gothiques) et je lisais des revues rock et métal qui parlaient de musique mais aussi de soirées gothiques ayant lieu à Paris. C'était mon rêve quand j'étais ado ! Maintenant, plus vraiment. Quoiqu'il en soit, l'automne me rappelle tout cela. C'est une période où j'aime écouter du métal et m'endormir sur ces sons-là. Cette période me rassure.

    Parlons peu, parlons bien. Ces-derniers temps, je suis allée au cinéma. J'ai vu Dracula Untold et White Bird. Si le premier m'a beaucoup plu et distrait, le second m'a fasciné. Je suis complètement amoureuse de Shailene Woodley (comme je le suis de Jennifer Lawrence) et j'ai été très heureuse de la découvrir dans un film de Gregg Araki. Elle était splendide dedans (et nue). Du même réalisateur, j'avais vu Kaboom quelques années plus tôt. Encore aujourd'hui, c'est l'un de mes films favoris tellement il est déjanté. On pense se retrouver face à une histoire d'adolescents en manque de sexe et aux mœurs "dépravées" mais en fait, pas du tout. C'est un film plutôt WTF dont on ne ressort pas indemne puisque la fin est... tout sauf une fin normale. Certes, les jeunes sont toujours en manque de sexe et vivent dans une société où la bisexualité est banale (\o/), mais ce n'est pas le plus important du film. Le plus important, c'est l'absurde théorie du complot qui se développe au fur et à mesure. White Bird, pour le coup, est plus posé et calme. L'histoire est commune, réaliste, mais le fait de tout vivre du point de vue de Kat (Shailene Woodley) captive et on est aussi surpris qu'elle à la fin de l'histoire. On l'observe interagir avec son entourage, analyser la relation de ses parents, analyse sa relation avec sa mère disparue... etc. Bref, on la regarde poursuivre sa route et ce qu'elle ignore, nous l'ignorons aussi. Et j'ai adoré tout ignorer comme elle. J'ai aussi trouvé les plans, les couleurs, la musique et les fringues sublimes ! Un film à voir et à revoir dont je ne me lasserai pas !

    Au niveau littéraire, je progresse sur Balzac. J'ai terminé ma lecture de La Recherche de l'Absolu hier après-midi et je me suis encore pris une claque dans la tête. Je comprends pourquoi on me disait de lire ce roman, il est incroyable. Tout au long du livre, on observe Balthazar Claës se ruiner et ruiner sa famille au nom de la Chimie, de la Science et de sa folie de créateur. J'étais assez en colère contre lui, à le voir sacrifier tout ce qui l'entoure pour trouver l'Absolu. Cela me révoltait pour ses enfants, pour Marguerite surtout. La scène où il lui fait du chantage au suicide pour lui voler son or... Mais... Je rageais derrière mon livre ! Puis, à la fin, tout se retourne. Tout à coup, ce n'est plus tant Balthazar que l'on déteste mais plutôt la société qui ne le comprend pas. D'un seul coup, on se dit qu'ils sont bien guidés et matérialistes ces gens, qu'ils sont fous eux-mêmes de s'attacher à leur image et leurs objets. Il avait peut-être raison le "sorcier", le "serpent", le "démon".
     La première moitié du livre ne m'a pas beaucoup plu. Je n'aimais pas la femme de Claës. Elle m'ennuyait et je la trouvais plus folle que son époux à toujours se sacrifier pour lui. C'était la "parfaite" épouse, celle qui se tait par respect, par crainte et par amour. Puis, quand Marguerite prend le dessus sur la famille et sur son père ! Mais quel retournement de situation ! Pour le coup, j'ai beaucoup aimé ce personnage féminin. Je l'ai trouvée courageuse et forte, quelque peu dominatrice. Elle se révèle au fil des pages et ne se montre pas comme l'éternelle mineure qu'était la femme au XIXe siècle (merci Balzac !!). Et en même temps, à la fin... Je la trouvais un peu trop rangée dans la société, un peu trop "madame tout le monde" qui fait tout pour récupérer son argent et redonner une image aristocrate à la famille Claës que Balthazar avait ruinée. Bref, je réfléchis encore sur ce roman. Mon mémoire parle de la folie et de la création... Pour l'heure, je ne sais juste pas où se trouvent la vraie création et la vraie folie.

    Prochainement, j'espère visiter quelques expositions temporaires à Paris, notamment celle du musée d'Orsay sur Sade et celle sur Nodier au musée de la Vie Romantique (je n'y suis jamais allée en plus). A côté de cela, j'attends que le musée Picasso réouvre ses portes et j'irai y faire un beau tour. Je veux aussi aller à la Cité des Sciences pour voire l'expo sur Le Grand récit de l'Univers. Bref, je vais essayer de m'organiser pour aller voir tout cela. Après tout, je ne suis sûre d'être à Paris que jusqu'en juin prochain... Après, je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi (j'ai des plans, mais bon). 



En ce moment :
• Je lis Adieu de Balzac mais aussi Facino Cane
• J'ai encore 12 articles à rédiger pour le mois d'octobre
• Je vomis devant Walking Dead tous les lundis (xD)
• J'ai presque réussi à récupérer des ongles potables !

mardi 7 octobre 2014

C'est mardi (10)


Comme nous sommes mardi, j'ai décidé de poster un "c'est lundi". Le "c'est lundi" qui fait un grand retour sur ce blog. Pour le blabla traditionnel : "C'est lundi, que lisez-vous ?" est un rendez-vous hebdomadaire instauré par Mallou et repris par Galleane.


Ce que j'ai lu les semaines passées :

   

 Je me suis lancée dans mon nouveau mémoire en septembre et il concerne Balzac. Le sujet, pour le moment, se nomme "Création et Folie dans La Comédie Humaine de Balzac". Du coup, je me mets à lire Balzac et les œuvres que mon directeur m'a conseillé pour mon corpus. Ainsi, Le Chef-d’œuvre inconnu et Louis Lambert sont dans mon programme. Si j'avais déjà lu le premier, je l'ai mille fois plus aimé en le relisant. Quant au second, il était captivant (tout un aprem en bibli à le découvrir).


Ce que je lis et compte lire cette semaine :

 

 La Recherche de l'absolu sera l'oeuvre centrale de mon mémoire de M2. Pour le moment, je ne l'ai pas encore commencée, mais demain, je serai en bibliothèque pour m'y attaquer. Il paraît que les premières pages sont assez difficiles, mais qu'une fois dépassées, tout devient addictif !
Pour Devil's Lost Soul, c'est parce que je suis fan de Kaori Yuki depuis mon enfance. J'ai commencé la collection de cette nouvelle histoire il y a quelques mois. Ça me fait une pause agréable quand j'en ai besoin. J'adore l'univers de cette mangaka, toujours très sombre et élégant.



mardi 22 juillet 2014

Lynn Flewelling, Nightrunner (tome 2)

Lynn Flewelling
Nightrunner
(tome 2 : Les Traqueurs de la Nuit)


    Résumé : Seregil, véritable maître du subterfuge, a appris toutes les ficelles de son métier d'espion à son protégé, le jeune Alec. Ensemble, ils ont déjà accompli de périlleuses missions et risqué leur vie plus d'une fois. Mais le lourd secret que porte le magicien Nysander, et dont il ne confie que des bribes à Seregil, pourrait bien faire peser sur les deux compagnons une menace fatale... Car que peut-on face à la sorcellerie et au mal absolu ?


Ce que j'en pense


    Cette chronique s'est faite attendre, certes. J'ai lu le second tome de Nightrunner début mars, donc mes souvenirs ne sont plus aussi vifs qu'à cette période-là. D'autant plus que beaucoup de choses se sont passées depuis et j'ai lu trois autres tomes de la saga !
    Les Traqueurs de la Nuit est la suite directe du premier volume. On reprend peu de temps après la fin des Maîtres de l'Ombre et on retrouve l'intrigue principale de l'histoire. A mes yeux, ce deuxième tome est le plus beau de toute la saga (même si le trois est assez dingue aussi). Je le trouve meilleur parce qu'il est plus abouti : nous connaissons désormais très bien les personnages et nous sommes familiers avec l'univers de l'auteur. Bref, l'histoire est exposée, il ne reste plus qu'à voir jusqu'où elle peut grandir. Eh bon sang, c'est là où Lynn Flewelling excelle ! Je la trouvais déjà excellente pour captiver le lecteur et lui donner envie d'aller plus loin, mais pour ce qui est du développement des personnages, c'est magnifique. C'est au compte-goutte qu'elle délivre des informations. C'est au compte-goutte qu'elle dévoile les différentes facettes de ses héros. Et c'est au compte-goutte qu'elle développe les relations. L'amitié de Seregil et d'Alec prend une tournure bien différente dans ce second volume. Nous étions prévenus à la lecture du premier tome, mais sachez que leur romance est très bien abordée ! 
    L'auteur sait donner du temps à son intrigue et donner du temps à l'approfondissement de ses personnages. Cela est si bien réalisé qu'à chaque fois que quelque chose vient perturber les héros, on a peur pour eux. C'est beau et riche en émotion. Des mois après, je me souviens encore de ce que j'ai pu ressentir à la lecture de ce second tome...
Seregil par LeoAugust
    Maintenant que j'ai avancé dans cette saga, je sais aussi que tout n'est pas encore expliqué ou dévoilé. Les deux premiers romans sont inscrits dans le présent. Les personnages évoluent et la trame principale aussi. Certes, on découvre quelques éléments sur le passé d'Alec, mais rien qui indique une quête vis à vis de celui-ci. Idem pour Seregil. On effleure seulement son passé, on découvre une partie de ce qui le fait souffrir, mais on ne se plonge pas officiellement dedans. Non. Tout ça, c'est ce qui se trouve dans les tomes suivants.
    Quoiqu'il en soit, ce second tome est très intéressant. Je parle beaucoup plus des personnages et de leur développement que de l'intrigue... Et je m'en excuse. C'est juste que je ne m'en souviens plus tellement. En revanche, je me rappelle très précisément des scènes qui participent à l'approfondissement des personnages. Je me souviens du chapitre qui se passe rue des Lanternes et qui est magnifique ! Il met en place la relation de Seregil et Alec ! C'est à la fois naïf, tendre et insoutenable ! Je pense même que c'est le plus beau chapitre de toute la saga. L'ambiance y est sensuelle et timide... 
    Quant aux rebondissements qui surviennent, aux prises de conscience qui accompagnent ces événements... Mon dieu... Le deuxième tome ne nous laisse pas souffler ! Certes, tout est très organisé, ça ne part pas dans tous les sens, mais l'histoire est riche en retournements de situation et les deux loulous sont mis à rude épreuve ! La fin laisse une douleur étrange s'installer dans le cœur du lecteur et les quelques chapitres finaux tentent de recoudre les plaies béantes laissées par ce second tome. Cependant, le traitement réaliste de l'auteur nous montre qu'il n'existe pas de bonheur absolue, juste un apaisement mérité et peut-être éphémère...

   Pour conclure, je vous conseille encore une fois cette saga. Pour la richesse des personnages, pour le plaisir de lire une romance qui sort du commun sans en faire des tonnes, pour une fantasy qui pourrait se transposer dans notre monde tant les héros et personnages sont crédibles, et pour entrer dans un univers qui vous fera vibrer. Lisez Nightunner et savourez !

   To be continued...


mercredi 2 juillet 2014

De tout, mais de rien (5)

Fitz et Fouinot, fanart de Hanyes
    Actuellement, je suis plongée dans le premier tome de L'Assassin Royal de Robin Hobb. Je l'ai commencé à la fin du mois de mai. Le petit bémol, c'est que je n'ai pas beaucoup de temps libre pour avancer dans ma lecture. Cela dit, j'accroche bien. J'ai eu du mal à rentrer dans le roman lors des premiers chapitres, mais plus je progresse, plus j'ai envie de connaître la suite. Je reste cependant en retrait par rapport aux personnages. Même si le héros me semble sympathique et m'a déjà touchée quelques fois, j'ai encore du mal à le cerner et à me sentir proche de lui. Pour l'heure, je ne ressens aucune empathie pour les personnages et leur destin m'indiffère... Je suppose que cela évoluera au fur et à mesure que j'avancerai dans ma lecture, mais pour l'instant... Voilà. 
    Sinon, j'apprécie l'écriture (la traduction) du roman. C'est fluide et les descriptions sont agréables. La seule chose qui me gène, c'est le côté un peu "froid" qui en ressort. Tout comme pour les personnages, j'ai des difficultés à me projeter dans ce monde. Je visualise une ville plutôt aride, dans les tons marrons/jaunes/gris, et cela donne un côté très stérile à mon imagination. J'ai hâte d'avancer dans l'histoire afin de me dégager de ces sentiments distants et "négatifs". Cela ne veut pas dire que je n'aime pas, juste que je reste sceptique. Me connaissant, je vais bien finir par craquer. 
Indication lecture : je suis page 167

The Royal Assassin, par MarcSimonetti

    Pour changer de sujet et entrer dans ma sphère privée : j'avance sur mon mémoire. Si tout se passe bien, d'ici ce soir, j'en aurai fini avec l'introduction. Elle ne sera pas très longue. D'après mes estimations, elle devrait faire entre 9 et 11 pages. Je ne sais pas si cela sera suffisant. Bien sûr, je sais que d'ici septembre, j'aurai l'occasion de revenir dessus, d'affiner certaines notions et revoir certains passages. Pour l'heure, je veille surtout à la cohérence de mes propos. Je fais aussi très attention à ma manière de rédiger. En fait, je me force à couper certaine phrase pour ne pas noyer mon argumentation dans un truc illisible. C'est un sacré exercice sportif, je vous le jure ! Mais bon, depuis plusieurs jours que je suis plongée là-dedans, je me sens globalement fière de ce que j'ai accompli. J'ai hâte d'avoir des avis dessus (celui de ma directrice et ceux de mon entourage). 
    Avec du recul, je me rends compte que mon mémoire m'a fait énormément lire ces-derniers mois, mais rien qui ne peut aller sur ce blog. Certes, je pourrais parler de mes lectures d'ouvrages, d'articles... etc. que je fais pour mes recherches, mais franchement, je ne suis pas sûre que cela soit pertinent pour le blog. Ici, je suis plutôt en mode détente. J'adore mon mémoire, je suis complètement passionnée par les livres que je lis sur l'androgyne, Musset, le masculin, le féminin... etc., mais je ne me vois pas en parler ici. C'est un véritable paradoxe : 2014 est l'année où je lis le plus de choses, mais c'est aussi l'année où il y aura le moins de lectures pour le blog. 
    Cela dit, cet été, je compte débuter ma préparation au mémoire de l'an prochain. Je vais rester sur l'androgyne et les gender studies. Mais la première étape de ce futur projet va être de trouver un corpus de textes. J'ai plusieurs pistes : Balzac, Gautier, et une auteur de la du XIXe siècle, Rachilde. Cette-dernière m'intrigue énormément ! Elle est l'auteur d'un roman qui se nomme Monsieur Vénus. J'en avais déjà entendu parler, mais la semaine dernière, j'ai lu une étude sur ce roman et ça a éveillé en moi un désir de lecture. Il est donc possible (mais pas certain), que je vienne parler ici de ma chasse aux romans du prochain mémoire !


    En dehors de tout cela, j'ai eu quelques coups de cœur musicaux. En mai dernier, je me suis procurée le dernier album d'Epica : The Quantum Enigma. Le style est plutôt dans le genre métal symphonique. Comme je ne ferai pas de chronique musicale sur le blog, je vous en parle rapidement ici ! 
    C'est le sixième album studio du groupe. Je les ai découvert en 2005 avec Consign to Oblivion. Et depuis cet album, le groupe ne m'avait plus jamais procurer des frissons aussi intenses. Avec The Quantum Enigma, je suis totalement sous le charme. Cet album est juste magnifique, il a dépassé mes attentes ! Tous les titres sont grandioses et fantastiques. J'ai une grosse préférence pour "Unchain Utopia" (ci-dessus) et "Canvas of Life", mais dans l'ensemble, c'est tout l'album qui me séduit. Franchement, ils ont fait quelque chose d'extraordinaire. J'ai hâte d'aller les voir en janvier à l'Olympia !! (oui, l'album m'a tellement plu que je me suis achetée une place de concert quelques jours après, héhé !).
    Un autre coup de coeur musical en juin avec le dernier album de Xandria, Sacrificium. C'est aussi du métal symphonique et tous les titres sont excellents. Dès que je l'écoute, je suis transportée dans un autre monde. J'aime beaucoup le final de l'album, "Sweet Atonement". C'est un titre extrêmement doux et calme, quelque peu triste et déprimant aussi. Mais dans l'ensemble, l'album est incroyable.

Xandria, "Nightfall", extrait de l'album Sacrificium

    Oui, je réécoute beaucoup de métal ces-derniers temps. C'est très agréable de replonger là-dedans, et d'y replonger sainement. Avant, j'écoutais du métal parce que j'étais "gothique" et mal dans ma peau. Aujourd'hui, je suis une personne banale et classique qui se retrouve. Bref, j'espère que vous apprécierez ces deux sons que je viens de poster ici.
    A bientôt les fantômes et les non-fantômes :)

mercredi 25 juin 2014

Le musée Bossuet de Meaux

Jean-François de Troy, Salmacis et Hermaphrodite
    En ce charmant jour ensoleillé, avec tout le travail que j'ai à faire chez moi, j'ai décidé de faire une pause au musée Bossuet de la ville de Meaux. Comme je quitte bientôt cette ville pour rejoindre la capitale, je me suis dit que ce serait bête de m'en aller sans visiter au moins une fois le musée à côté de la Cathédrale. Résultat : je ne suis pas déçue, bien au contraire. Le musée Bossuet est charmant et possède quelques trésors auxquels je ne m'attendais pas. 
    Divisé en 11 salles, les peintures présentes ici recouvrent plusieurs périodes, allant du XVIe siècle au XXe siècle. J'ai eu plusieurs coups de cœur en m'y promenant. Le plus fameux est celui qui vous pouvez voir ci-dessus : Salmacis et Hermaphrodite, de Jean-François de Troy. Avec mon mémoire sur l'androgyne et mes multiples interrogations sur le masculin et le féminin, ce tableau m'a, tout d'abord, tapé dans l’œil esthétiquement, puis, mon avis s'est renforcé lorsque j'ai su quel mythe des Métamorphoses d'Ovide il reprenait. En somme, Hermaphrodite, fils d'Hermès et d'Aphrodite (certes, son nom l'indique), part, un jour, se baigner dans le lac de la naïade Salmacis. Cette-dernière s'éprend de lui, mais comme Hermaphrodite la repousse, la naïade supplie Hermès de ne jamais les séparer. Le dieu exauce son souhait et fait alors d'Hermaphrodite un être bisexué. Ce que j'aime dans le tableau de Troy, c'est qu'on se trouve juste avant que l'unification ait lieu. Le masculin et le féminin sont encore séparés. C'est avant qu'une fusion charnelle ne se produise. Si la représentation visuelle d'un être double avait été faite, nous nous serions plutôt trouvé dans le domaine du monstrueux. Ce qui est, d'ailleurs, toujours paradoxal lorsqu'on se penche sur les êtres androgynes ou hermaphrodites. Ils sont de l'ordre du divin tant qu'ils ne surviennent pas dans la réalité ou ne touche pas aux corps. Ils sont désirés, mais pas acceptés. Durant l'Antiquité, les enfants qui naissaient avec les deux sexes étaient tués. C'est un peu ce qu'il se passe dans cette peinture. Elle reste belle tant qu'elle ne représente pas l'être unique, originel, à la fois masculin et féminin. 
   
Jean-Baptiste Regnault, L'Amour et l'Hymen buvant
dans la coupe de l'Amitié
    Plusieurs autres tableaux ont retenu mon attention au cours de la visite du musée. Cependant, leur manque de notoriété sur la Toile m'empêche de trouver de bonnes images pour vous les poster ici. Mais, ouf ! je viens de débusquer une très bonne reproduction de L'Amour et l'Hymen buvant dans la coupe de l'Amitié. Ce tableau du XVIIIe siècle m'a beaucoup plu pour plusieurs raisons. Déjà, le principe d'amitié entre Eros et Hymen me plaît beaucoup. On est loin du message suivant : le sexe, c'est mal, vous ne devez que procréer, tout acte ne répondant pas à la procréation vous mènera sur le bûcher (agréable, hein ?). De plus, j'ai toujours été sensible aux nus masculins dans l'art. C'est une faiblesse chez moi. Je trouve le corps masculin excessivement beau et pas assez présent dans l'art. Les formes carrées, anguleuses m'ont toujours séduites. Je ne vous ai peut-être pas parlé de ma visite à l'exposition Masculin/Masculin au musée d'Orsay, mais sachez que j'ai apprécié le sujet. J'y reviendrai peut-être un jour, en essayant de faire ressurgir mes souvenirs de cette visite. En attendant, dans le tableau ci-contre, j'aime beaucoup la proximité physique des deux personnages. Je trouve cela très ambigu et quelque peu homo-érotique. Sans compter les postures gracieuses et féminines des deux jeunes hommes. Je vois peut-être de l'androgyne partout depuis que j'ai entamé mon mémoire, mais peut-être est-ce parce que l'androgyne est réellement partout dans l'art ? Après tout, c'est un fantasme et la peinture a souvent représentée ce qui est de l'ordre du fantasme à travers le Beau, les expressions figées dans la grâce... etc.
   
    Le musée Bossuet possède aussi une jolie collection de peintures du XIXe siècle, notamment un tableau attribué à Phillips Thomas de Lord Byron. Sans surprise, ce tableau est introuvable sur Google Image et les photos que j'ai prises avec mon téléphone feraient tomber dans les pommes un logiciel comme Paint (c'est pour dire). Mais sachez qu'il (le tableau ou Byron ?) était beau. 
    D'autres tableaux, plus anciens, représentent des scènes religieuses. On y trouve deux peintures de Saint Sébastien totalement différente : la première (attribuée à Jacques Blanchard), du XVIIe siècle, le montre au sol, avec un petit ange en train de retirer la flèche plantée dans son abdomen ; la seconde (de Charles-Antoine Coypel), datée de 1731, est plus douce et théâtrale, moins encrée dans la terreur. Mais sans images pour illustrer, c'est difficile à imaginer, je le sais...
    
Fernand Pinal, Le Pont du Marché à Meaux, 1913
     Je ne suis peut-être pas meldoise de naissance, mais j'ai été totalement conquise par la salle XXe siècle du musée Bossuet. Le tableau ci-dessus n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais j'ai pu découvrir plusieurs tableaux représentants la ville de Meaux à différents endroits. C'est très intéressant de voir ces œuvres, figées, montrer un paysage que l'on connaît. Certes, il n'y a pas/plus de maisons sur le pont du marché aujourd'hui, mais cette vue, je la connais, je m'y suis déjà promenée. Ce pont est à deux minutes de mon appartement et c'est assez étrange de le voir de cette manière, plongé dans une autre époque. De plus, j'aime beaucoup les couleurs, le reflet des maisons sur la Marne. Et puis, je ne sais pas si c'est toujours le même pont, mais si ça ne l'est pas, il lui ressemble beaucoup !
    D'autres tableaux se focalisaient plus sur la Cathédrale (que vous pouvez voir en fond, ci-dessus), ou sur des paysages totalement métamorphosés aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, c'est une supériorité que je reconnais à la ville de Meaux sur ma ville de naissance : Reims. Dans cette dernière, je n'ai pas beaucoup de souvenirs de tableaux sur la ville en elle-même... Une chose qui m'a manquée en visitant les musées de Reims en 2012. J'irai tout de même vérifier cet été, parce qu'une rémoise ne renonce jamais et qu'elle est salement chauvine toute son existence !
    Sur ce, je termine cet article spécial musée Bossuet de Meaux et vous dit à bientôt ! En espérant que ce petit débriefing peu complet vous ait plu :)

mardi 8 avril 2014

Lynn Flewelling, Nightrunner (tome 1)

Lynn Flewelling
Nightrunner
(tome 1 : Les Maîtres de l'ombre)


    Résumé : Lorsque le jeune Alec de Kerry est emprisonné pour un crime qu'il n'a pas commis, il croit sa vie ruinée. C'est sans compter sur son étrange compagnon de cellule. Espion, voleur et noble à la fois, Seregil de Rhiminee est bien plus qu'il ne paraît. Lorsqu'il propose à Alec de devenir son apprenti, leurs vies changent à jamais. Alec découvre alors des routes inconnues qui mènent vers une guerre dont le tumulte ne l'avait jamais effleuré. Seregil et lui vont devoir s'infiltrer en territoire ennemi afin de découvrir quels complots s'y trament pour sauver la Couronne... ainsi que leurs propres vies. Mais la fortune est aussi imprévisible que le nouveau mentor d'Alec...


Ce que j'en pense


    Fin février, j'étais en quête d'un nouveau roman qui pourrait me redonner le plaisir de la lecture, m'offrir une évasion et m'ouvrir de nouveaux horizons. L'an dernier, j'ai lu beaucoup de livres du type "young-adult" et j'avoue avoir un certain dégoût pour le genre actuellement. Exceptés les sagas que j'ai commencées et que je souhaite continuer, pour l'heure, je n'ai pas envie de retourner vers ce schéma d'intrigues, afin de pouvoir y retourner plus tard avec du recul et surtout, de l'envie. Bref, comme je le disais plus haut : fin février, je cherchais un nouveau roman... 
    Il y a deux ans, j'avais entendu parler de la saga Nightrunner et beaucoup d'éléments m'avaient assurés que je lirais cette histoire un jour. En me promenant au carrefour de Reims durant mes dernières vacances, je suis tombée sur le livre en version poche, sorti il y a quelques mois chez Milady. Après avoir hésité une centaine de fois, en me demandant si j'avais le "droit" de lire un roman de fantasy alors que j'étais en galère sur mon mémoire, j'ai finalement craqué et... Je ne le regrette absolument pas ! Non seulement cette saga m'a séduite, m'a touchée, mais en plus, elle m'a aidée à remonter la pente dans laquelle je commençais à faire des roulades en me pétant le nez et les jambes. 
    A peine étais-je rentrée chez moi que je me lançais dans l'aventure sans avoir conscience de l'importance qu'elle allait prendre dans ma vie de tous les jours. Bon sang, ça m'arrive souvent d'aimer des personnages, des histoires, des univers... Je serai toujours enthousiaste dans une chronique parce que je ne lis pas ce qui ne m'intéresse pas (et je ne me force pas non plus), mais quand je tombe sur une perle rare comme Nightrunner, mon enthousiasme frôle la folie de près !
    Il serait temps que je vous parle du livre, pourriez-vous me dire... J'y viens et j'espère ne pas faire de confusions entre les deux premiers volumes, qui dépendent l'un de l'autre.
    Tout commence de manière brutale, une fois passé le prologue qui lance l'intrigue générale de l'histoire, on découvre le jeune Alec, alors âgé de seize ans, emprisonné et dans un état lamentable suite à quatre jours d'interrogatoire et de tortures. Il pleure sur son sort, est méfiant et donne l'impression d'être un chaton abandonné. Jusqu'à ce que, quelques pages plus tard, un autre jeune homme soit emprisonné dans sa cellule, bien plus agité et bavard qu'il ne devrait l'être étant donné les circonstances. Très vite, Alec se rend compte que cet homme n'est pas ce qu'il donne l'impression d'être et qu'il est en fait bien plus malin qu'il n'y paraît. Grâce aux compétences surprenantes de ce dernier, ils parviennent à s'échapper et ainsi commence l'aventure ! 
Seregil et Alec, par Eliathanis
(Je suis gentille, les fanarts spoilent à fond
normalement xD)
    Dès lors, le duo que forme Alec et son sauveur (Seregil) n'a de cesse d'évoluer vers une confiance mutuelle qui m'a énormément touchée. A peine le roman commencé qu'un lien inexplicable se créé entre les deux personnages et je vous jure que les voir l'un sans l'autre devient alors un supplice pour la pauvre lectrice que je suis. 
    Il ne se passe énormément de choses dans ce premier tome. Il semble servir principalement d'exposition, afin de nous expliquer l'univers dans lequel évolue l'intrigue, le contexte historique, religieux, et géographique. Cela pourrait sembler ennuyeux, dit comme ça, mais je vous jure que sans ça, l'histoire ne serait plus la même. Ces explications sont données par Seregil sous la forme de récits pour son nouvel ami qui ne connait que des légendes du monde qui l'entoure, et cela nous donne aussi un aperçu de qui est Seregil, d'où il vient. Les informations sur ce personnage sont données au compte-goûte, quant à celles qui concernent Alec, et bien, à part qu'il est bon chasseur et qu'il n'a vécu qu'avec son père - dans les bois - jusqu'à la mort de celui-ci, nous ne savons rien (et rêvez toujours pour apprendre des choses plus importantes sur eux avant la fin du premier volume, ahah ! Faut être patient ! Mais ça vaut le détour !).
    Je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur l'intrigue, c'est à vous de découvrir cela en donnant une chance au roman. Cependant, je me permets de vous parler un peu des personnages, que je trouve très travaillés, profonds et d'un réalisme étonnant dans un monde fantaisiste. Ils sont passionnants. Et pas seulement eux deux, mais aussi tous ceux qui les rejoignent au fur et à mesure : Micum, Nyssander, Thero... etc. ne sont pas des clichés, ils sont tous amenés à évoluer, ils sont tous déterminés par leur façon de s'exprimer (que ce soit par la gestuelle ou le langage), bref, ils transpercent le papier et se développent dans l'imagination du lecteur comme de véritables personnes, que l'on pourrait connaître et aimer dans la vie "réelle". Bien sûr, ce sont Seregil et Alec qui sortent le plus du livre pour venir s'imposer à nous. Ils font partis de ces personnages tellement attachants que vous ne cessez jamais de penser à eux lorsque vous fermez le livre. Personnellement, plus les tomes passaient entre mes mains, plus je rêvais d'eux (etouai... this is my life). 
    Je ne sais pas comment m'étendre sur les personnages sans mélanger les différents volumes. J'ai tendance à voir cette saga dans sa globalité. Actuellement, je suis plongée dans le sixième tome et les personnages ont tellement évolués depuis ce premier volume (genre, Alec a presque vingt-et-un ans dans Casket of Souls !) dont je vous parle que c'est difficile de se retenir d'en parler. 
    On peut facilement cataloguer le caractère d'Alec ou de Seregil à la lecture des Maîtres de l'ombre, mais ils ne sont jamais ce qu'ils paraissent être... Ils ne peuvent pas être rangés dans des catégories de personnages, étant donné qu'ils ont chacun leurs propre maux, leur propre passé, qui les ont forgés et amenés à devenir ce qu'ils sont dans le roman. Pour faire une petite révélation, on en découvre plus sur Alec dans le second tome, quant à Seregil, je pense que c'est dans le troisième tome qu'on peut enfin le visualiser pleinement, lorsqu'il se retrouve confronté à son passé et à ses erreurs.
    Il y a une chose qui se dessine dès le premier tome cependant, c'est la nature de la relation des deux héros. Leur amitié est immédiate, profonde et immuable, mais une certaine ambiguïté plane dessus dès le début. Une ambiguïté qui ferait glousser n'importe quelle lectrice de "yaoi" (bon, je n'aime pas comparer Nightrunner au genre du manga, parce que ça n'a rien à voir, mais je pense que vous voyez ce que je veux dire par là... Si vous en avez déjà lus et aimés).

    Pour conclure, je ne peux pas vous en dire plus pour l'instant. Sachez seulement que ce roman vaut la peine d'être lu, il m'a introduite au genre de la fantasy et je n'en démordrai pas avant un long - très long - moment. C'est une histoire riche, un univers riche avec des personnages qui sont montés très haut dans mon estime et si vous ne savez pas quoi lire à l'heure actuelle, je ne pourrai que vous conseiller cette saga.

     To be continued...

    (et ce roman me fait republier
sur mon blog : gros miracle :p)