dimanche 16 novembre 2014

Une rose pour l'enfant du siècle


    Il y a bientôt deux semaines, je suis allée déposer ma rose à Alfred de Musset. Je me l'étais promis quelques années auparavant, lorsque j'avais décidé que mon premier mémoire serait sur Musset. Maintenant qu'il est fini, soutenu et derrière moi, j'ai respecté ma promesse et je suis allée rendre visite à mon auteur préféré au Père Lachaise. C'était un véritable plaisir d'y aller et de poser cette rose sur la tombe de Musset. J'avais l'impression de tourner une page et de souffler enfin. C'était un véritable sentiment d'accomplissement. Mon mémoire sur Musset, ça faisait quatre ans que je l'attendais. Je l'attendais tellement que c'était presque devenu une habitude, comme s'il n'existerait jamais ou qu'il ne se terminerait pas. C'est assez étrange de me dire que ce but, qui était un but à atteindre dans ma vie, est désormais terminé. Fini. Achevé. Noté. Il fait désormais partie de mon passé, lui qui était un élément de mon futur depuis si longtemps. 
    Je me fichais de savoir que mon mémoire soit bon ou mauvais (plus ou moins, je visais une note excellente que j'ai obtenue, tout de même, faut pas déconner). Tout ce que je voulais, c'était le faire, en apprendre plus sur Musset et me lier à lui, d'une certaine manière, pour toujours. C'est désormais fait. Mon mémoire, je le surnomme parfois "l'enfant que j'ai eu avec Musset, cet homme mort en 1857, si si c'est possible". En plus, j'ai pu y lier un sujet qui comptait énormément à mes yeux, celui des études de genres à travers la figure de l'androgyne (merci infiniment Alacris pour ce thème, d'ailleurs). Que demander de plus ? Ce travail sur Musset fut parfait, une véritable révélation intime et une évasion totale. J'ai donné tout ce qu'il y avait de plus personnel en moi avec ce mémoire, c'est mon trésor et je suis heureuse de m'en évader, aussi, quelque part. Il me permet de grandir, de passer à autre chose et d'explorer un terrain plus "pro", moins lié à mon identité. Ce mémoire était, je crois, ma manière de dire adieu à celle que j'étais autrefois. De dire au-revoir à mes émotions violentes et à mon adolescence. Musset est une partie de mon adolescence à retardement. Il fallait que je passe par lui pour réussir à monter une nouvelle marche. Certes, il reste beaucoup de marches à franchir mais celle-ci, au moins, est acquise.

    Désormais, il est temps de passer à mon nouveau mémoire sur Balzac. Je l'aborde avec plus de distance et de "professionnalisme", si on peut dire les choses ainsi. J'adore l'écriture de Balzac, ses romans, ses histoires et sa manière de capter l'attention de son lectorat. Ses livres sont des bijoux qui me font visiter le Paris du XIXe siècle ou la province de la même époque. Je m'attache à ses personnages et il n'est pas rare que je chiale samèère en le lisant (la fin du Père Goriot, quoi...). Je n'ai pas un rapport fusionnel avec Balzac comme j'ai pu en développer un avec Musset. Ce n'est vraiment pas pareil et tant mieux. Musset me plonge dans des sphères parfois glauques et malsaines de ma personne. Tout comme Flaubert, à un niveau encore plus malsain si je pense à Madame Bovary (putain ce roman que j'adore mais dont je hais l'héroïne parce qu'elle est un véritable contre-exemple à mes yeux, elle me fait peur). Enfin bref, le XIXe siècle français et moi, c'est une love story pour les fous. 

    Récemment, sinon, j'ai vu deux films dont j'aimerais beaucoup parler. Le premier est Interstellar que j'ai énormément aimé. Je ne suis pas une très grande fan de Nolan, je n'ai jamais réussi à revoir une deuxième fois Inception par exemple, quant à Batman... je m'en balance les carottes dans l'évier. Par contre, avec Interstellar, j'ai vécu une expérience cinématographique assez intense et insoupçonnable. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. On m'avait vanté les mérites de ce film plus de fois en deux jours qu'on aurait pu le faire sur cent ans et je comprends pourquoi. Certes, les quarante dernières minutes sont louches, un peu WTF mais l'ensemble du film nous fait vivre mille émotions. La relation entre le père et la fille, les voyages dans l'espace, l'aperçu de la fin du monde... etc., tout ça a contribué à me faire vivre quelque chose d'intense. J'ai été secouée par la musique du film, qui collait très bien avec l'ambiance. Les scènes dans l'espace sont oppressantes, l'échelle des grandeurs m'a presque étouffée et donnée le vertige. Non en fait, j'ai eu le vertige. Et puis, tout était si beau. La première planète qu'ils explorent m'a effrayée au plus haut point. Cette montagne d'eau que l'on voit dans la bande-annonce nous donne des frissons. Sans compter les problèmes liés aux temps qui passent, la relativité. Nolan est parti loin dans son délire, et je comprends qu'on puisse lui reprocher, mais il a gardé, tout au long de son film, une justesse qui m'a brisée le cœur. Bref, je n'ai aucun regret et ma réaction, suite à ce film, fut très étrange. En sortant de la salle, je ne savais pas comment comprendre mes sentiments, j'étais... perturbée. En somme, ce film est extraordinaire. Je n'en dis pas plus (je ne dis même rien) parce que je ne veux pas dévoiler quoique que ce soit. La surprise, tout comme la déception, peuvent être énormes, c'est au public de juger.
    Le second film que j'ai vu, c'est La Vie d'Adèle. Ouais, avec un grand retard, je me suis enfin plongée dedans et... Je suis énormément déçue. J'ai bien aimé les actrices principales mais à mes yeux, c'est un film creux et vide, sans émotion, sans rien. J'ai été touchée, vite fait, à la fin. C'est tout. Le reste, j'avais l'impression de voir la projection du lesbianisme à l'écran par un mec qui fantasme ça. Les scènes de cul sonnaient faux et étaient trop nombreuses. Tout ce qui aurait été intéressant a été supprimé. La scène de dispute et d'insultes, lorsque Adèle revient au lycée, est coupée brutalement et on ne revoit plus jamais les personnages négatifs. Les parents, quant à eux, disparaissent aussi du film à un moment sans qu'on n'en sache plus sur eux que leur amour pour les pâtes bolognaises. Le potentiel de l'histoire n'est pas développé, tout est coupé par des ellipses qu'on ne repère même pas tout de suite. Il se passe des années comme il se passe une seconde. Les deux héroïnes n'ont pas - ou peu - de moments tendres, elles ne sont que deux corps coïtant à outrance. Adèle semble malheureuse et creuse du début à la fin, elle traverse la vie sans enthousiasme pour quoi que ce soit. Quel dommage. Et quelle triste image de l'amour lesbien. J'ai été triste d'avoir été si déçue par ce film. Je pense et je suis même sûre que la BD sera bien plus intéressante. Y paraît, de toute façon, que l'auteur a été abandonnée durant le tournage, au point que son travail a été dénaturé. Fichtre. Ça m'agace.



En ce moment :
• Je lis Gambara de Balzac
• Et je bosse sur La Pensée de Balzac (de Per Nykrog)
• Il me reste 17 articles et demi pour le mois de novembre
• J'ai commencé Selfie, j'ai aimé, c'est annulé...
• Mes ongles sont dégueux. J'vais me couper les cheveux..

2 commentaires:

  1. "je m'en balance les carottes dans l'évier." Tu m'as fait ricaner.

    J'aimerais bien lire ton mémoire sur Musset du coup, et qu'on aille se promener au cimetière ensemble (ça fait bizarre dis comme ça, mais c'est sympa).
    Le bleu est une couleur chaude (la BD adapté en film) est vraiment bien ; elle m'a fait un peu chialer quand même.

    J'avais adoré Inception, un peu moins les Batman et je suis bien tentée par Interstellar même si j'ai peur des absurdités astronomiques. Je le regarderais quand même pour voir.
    Moi aussi j'ai commencé à regarder Selfie (surtout pour voir une adaptation moderne de Pygmalion et Amy) et j'ai bien aimé, et j'ai envie de pleurer que ça s'arrêter. Je veux des bisous entre Henry et Eliza c'est tout.

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    1. Héhé, heureuse de t'avoir faite rire :p

      Ouais ! Je veux aller au cimetière avec toi \o/ (c'est très très bizarre, mais classe). Pour mon mémoire, si tu veux, je te l'enverrai :) ou je le mettrai en pdf dans un futur article ^^ (ça peut peut-être aider des gens qui sont actuellement en train d'en faire un et qui ne savent comment s'y prendre ou à quoi ça doit ressembler).
      J'essaierai de l'emprunter en médiathèque alors :p t'as vu le film ? :/

      Oh, faut pas prêter attention à la "logique" scientifique ^^ y paraît qu'elle est bien fichue tout de même, mais personnellement, ça ne me dérange pas :) j'y suis allée pour l'histoire, les images et le plaisir.
      OUAIS c'est chiant qu'ils arrêtent la série :/ c'était trop bien ! La seule nouvelle série à laquelle j'accrochais (et puis Karen quoi..). Idem, je les shipais grave !

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