dimanche 31 mars 2013

Cassandra Clare, La Cité des Ténèbres (tome 1)

    Première chronique que je décide poster sur ce blog plutôt que de continuer sur l'autre. Je me rends compte que ce sera plus simple pour moi d'écrire tout ici au lieu de jongler entre deux endroits, surtout si je veux rester active sur la blogosphère (ahahah). Donc la première chronique à venir ici sera celle du premier tome de La Cité des Ténèbres que j'ai dévoré la semaine dernière.. C'est parti !


Réédition de 2012
Cassandra Clare
La Cité des Ténèbres
(tome 1 : La Coupe Mortelle)


    Depuis quelques mois ce livre me lorgnait comme on n'a pas le droit de me lorgner, il apparaissait à de multiples endroits, je le recherchai furtivement quand je ne le voyais pas, nous jouions à cache-cache à la gare de l'est, à la Fnac, chez Virgin ou tout simplement sur Internet. Bref, j'avais le sentiment que cette lecture était faite pour moi, qu'elle allait m'apporter quelque chose au-delà de ce que les livres m'apportent en principe, mais je n'étais pas sûre et je n'osais pas me lancer. Et aujourd'hui, à la lumière de cette première lecture, je confirme que oui, elle m'a apportée quelque chose. Plus qu'une histoire avec des thèmes que j'adore (les créatures magiques, les démons, une ambiance gothique... etc.), toute la fin du premier tome m'a parlée en tant que grande adolescente où les liens avec les parents, la famille ou même ceux de l'amitié sont encore difficiles à comprendre. J'avais besoin de ça et le livre m'a donnée de la magie tout comme il a projeté - dans un univers fantasmé - des problèmes plus humains qui répondent sans doute à un grand nombre de personnes.
    Avant de parler de cela, on peut dire que La Cité des Ténèbres se lie très bien avec des sagas pour adolescents comme Harry Potter, The Hunger Games, Bobby Pendragon, ou même Twilight d'un point de vue universel. Le point commun que je leur donne, c'est la présence d'un "grand méchant" difficile à saisir, souvent corrompu, malin et qui tente de refaire le monde à l'image parfaite qu'il veut lui imposer, ce qui implique de supprimer ce qui le gène. Dans Harry Potter et Bobby Pendragon, ça saute aux yeux, entre Voldemort et Saint Dane, il y a des similitudes évidentes. Pour Hunger Games, le dictateur, tu le loupes pas, même s'ils sont deux à la fin du roman (spoiler ou évidence ?). Pour Twilight, même si cela peut surprendre parce que cette histoire est connue pour sa romance plus que pour autre chose, et bien, les Volturi existent quand même et ne sont pas très cléments avec les autres (je pense que c'est plus visible avec les films qu'avec les romans). Je ne donne que ces quatre exemples là parce que ce sont ceux que j'ai lus et que trois d'entre eux ont une notoriété pas négligeable, mais dans le genre de la dystopie (des romans ado), je suppose que ça se multiplie davantage et que le sujet doit être bien plus poussé - bien qu'on puisse difficilement faire mieux qu'Harry Potter. Bref, tout cela, c'était pour dire que Valentin n'échappe pas à la lignée de personnages diaboliques. Sauf que ça se complique. Si dans mes exemples, ces personnages sont absents de la sphère intime des héros, et bien là, on peut pas faire plus sphère privée que ça !
    Je ne peux pas spoiler, mais c'est en ça que je trouve que La Cité des Ténèbres est bien plus qu'une petite histoire divertissante et faite pour passer le temps. Elle donne à réfléchir car elle pose de réelles questions sur la famille, sur nos origines, sur les liens qu'on peut entretenir avec les autres et de façon plus large, sur les liens du sang. C'est un roman très organique et génétique à cause de cela. Mais pas que, Cassandra Clare interroge tous les domaines qui fondent notre société, notre rapport au monde, mais elle ne prétend pas pouvoir répondre à ces questions. Elle ne fait que les glisser dans son intrigue et elle nous laisse nous débrouiller avec ça.
    Bref, passons sur cette longue introduction et continuons sur mon véritable avis, parce que là, ça doit patauger à la lecture de mon article !

Couverture originale
    Résumé : Clary n'en croit pas ses yeux. Elle vient de voir le plus beau garçon de la soirée commettre un meurtre. Et, détail terrifiant : le corps de la victime a disparu d'un seul coup ! Mais le pire reste à venir... Sa mère a été kidnappée par d'étranges créatures et l'appartement complètement dévasté. Sans le savoir, Clary a pénétré dans une guerre invisible entre d'antiques forces démoniaques et la société secrète des Chasseurs d'Ombres... Une guerre dans laquelle elle a un rôle fatal à jouer.

    
    Ce que j'en pense

    L'intrigue, tout d'abord : en lisant ce premier tome, on ne peut que se dire que ce n'est pas l'intrigue du siècle, on découvre un monde qui a sans aucun doute été exploré des milliers de fois avec d'autres termes, on rencontre des personnages qui semblent stéréotypés (le beau gars, le mec mignon mais sans plus, l'héroïne qui est bouleversée, la fille avec du caractère,... etc.). Sauf que. Sauf que je dis bien qu'il semblent stéréotypés. A l'inverse d'être un Harry Potter ou un Rogue ou n'importe quel personnage de J.K Rowling qui transpercent le papier et dont on voit immédiatement leur humanité dans ses pires qualités et ses meilleurs défauts, et bien, ça arrive tout doucement avec les personnages de Cassandra Clare. Ils ont un potentiel assez exceptionnel qui fait rayonner l'action et apporte une autre lumière sur une intrigue qui pourrait être faible sans eux.
    Bien sûr, je ne dis pas que l'histoire est faible, au contraire, tout est calculé, les révélations surgissent à temps, on avance sans aucun problème, on ne s'ennuie pas. C'est un roman extrêmement visuel, qui ne demande qu'à être dans les cinémas en aout prochain (vivement d'ailleurs), mais ce n'est pas ce qui m'a le plus plu dans ce livre. J'ai adoré suivre tous les événements, mais ce qui, je trouve, révèle le plus la qualité du roman, ce sont tous ces dialogues très humains et réalistes, toutes ces méfiances qui font qu'aucun personnage n'est blanc ou noir, intelligent ou parfaitement stupide, et le caractère polyphonique du roman. Même si on se place presque toujours du côté de Clary, on n'est pas uniquement dans sa tête, on se projette chez les autres et ça leur donne toutes leurs chances pour être indépendants d'elle et ça nous donne, à nous, toutes nos chances de les aimer sans le floutage qu'un "je" pourrait produire. Et ça, c'est brillant. Et ça, ç'a m'a rappelé pourquoi j'étais fan d'Harry Potter lorsque j'étais petite (et pourquoi je le suis toujours. Fan... pas petite).

    Cela me permet d'emmener mon article doucement, mais sûrement, vers les personnages. J'aurais pu en faire un article à part mais passons, tant que je suis lancée...
    Déjà, il faut savoir que tous les personnages principaux m'ont plu, que ce soit Clary, Jace, Simon, Isabelle ou encore Alec (surtout Alec), ils ont tous une identité particulière dans ma tête et se dessinent parfaitement bien à mes yeux, avec leur caractère, leurs spécificités. Et ils sont loin d'être des personnages parfaits. Par exemple, Jace, dès qu'il est apparu dans le roman, je lui ai trouvé des airs de macho relou dont toutes les minettes allaient s'amouracher, il apparait comme fort, confiant, beau, sans faille autre que son coté "glaçon" qu'on croit uniquement dû à son appartenance au monde des Chasseurs d'Ombres, mais en fait ce personnage est juste totalement brisé ! Entre le Jace des débuts et le Jace qu'on découvre à la fin et qu'on retrouve dans le second tome, il n'y a pas tout un monde qui les sépare, il y a juste une palette de sentiments différentes. On le ressent. C'est un personnage piégé, comme tous les adolescents du monde se sentent piégé à un moment de leur vie. Tous ne parlent pas d'amour, de romances à l'eau-de-rose totalement puériles qui ne sont que des facettes pour les réelles tortures de l'esprit. Non, les blessures de Jace, tout comme celles de tout être humain se souvenant du passé, sont profondes, encrées dans ses chairs comme les Marques qu'il se fait en tant que Chasseurs d'Ombres. D'ailleurs, ces marques ne sont pas sans rappeler tous ces milliers d'adolescents dans le monde qui se scarifient pour se protéger, pour se rappeler qu'ils sont vivants, pour avertir les autres autour... peu importe la raison, Cassandra Clare l'explore consciemment ou inconsciemment. Elle écrit avec justesse ce qui ne se dit pas mais ce qui se sous-entend. Pour en revenir à Jace, j'ai rarement vu un personnage entretenir des rapports aussi conflictuels avec lui-même et avec les autres. C'est à la fois un handicapé sentimental et à la fois un personnage sensible, tout comme il souffre du syndrome de stockholme, ça, c'est clair et net. Il ne peut pas renier celui qui l'a blessé moralement et physiquement, il l'aime au point d'en devenir faible, mais ça, c'est plus l'affaire de la fin du roman et de ce que j'ai pu lire dans le second tome. Et c'est ce qui m'a beaucoup touché à la lecture du livre. Je ne peux pas explicitement en parler parce que je ne veux spoiler personne, mais cet amour blessé et aveugle qu'il ressent, il illustre parfaitement bien les liens parfois conflictuels qu'on peut avoir avec certaines personnes. [SPOILER : surlignez] Ce n'est pas une question de sentiment amoureux, non, c'est une question sur nos origines et sur l'éducation qu'on peut recevoir. Quand Jace retrouve son père à la fin du roman, même en sachant sa véritable identité, en sachant tout ce qu'il a vécu, il est obligé de lutter contre lui-même pour ne pas le suivre. Malgré les tortures que sont pères lui a infligées, qu'elles soient morales ou physiques, il continue et continuera même dans le second tome (j'en suis qu'au début), de l'aimer. Et pourquoi ? Parce qu'à ses yeux, cette éducation est la seule qu'il a eu jusqu'à ses dix ans, donc pour lui, elle est tout à fait normale. Cette violence, il l'assimile à de l'amour et à partir de là, il devient ce personnage en guerre constante avec ses sentiments, ne sachant pas comment les vivre puisqu'on lui a appris à les rejeter.
    En somme, Jace est un personnage plus humain qu'il n'y parait, et je l'aime beaucoup pour ses faiblesses qui font de lui ce héros-là. Ou plutôt, cet antihéros. Il est peut-être brave, courageux et fort, mais toutes les fois où il se jette dans l'action, ce ne sont que des appels au suicide. Ca alimente le roman, lui donne du mouvement, mais ce n'est que la facette de l'écriture, derrière se cache un comportement que n'importe quel adolescent (ou adolescente) peut comprendre. L'auteur même souligne à plusieurs reprises que les actes de Jace sont un appel au secours, et elle le fait à travers mon personnage préféré : Alec.
Cassandra Clare
    Je devrais parler de Clary dans la logique des choses, après tout, c'est l'héroïne du roman, mais finalement, je préfère continuer sur Alec qui est indissociable de Jace dans ce premier tome. Certes, on ne le voit pas tant que ça, mais il a plusieurs passages vraiment touchants où il fait vibrer la lectrice sentimentaliste qui sommeille en moi. Le problème, pour parler d'Alec comme j'aimerais le faire, c'est qu'il faudrait que je révèle une chose importante chez lui et je ne peux pas (j'vais pas passer mon article à mettre du blanc...). Malgré tout, je peux dire qu'Alec est l'alarme de Jace, il est un peu sa porte de sortie, même si on ne s'en rend pas vraiment compte une fois que Clary arrive. Cette dernière est d'ailleurs aussi intéressante que Jace. Elle aussi, on croirait qu'elle est superficielle, mais en fait, elle représente plutôt bien l'adolescente qui a grandie de façon normale et dont la vie personnelle se retrouve chamboulée du jour au lendemain. Elle n'a pas de blessures profondes comme peut en avoir Jace mais elle s'en découvre au fur et à mesure qu'on avance dans l'intrigue. Toutes les questions qu'elle ne voulait pas se poser jusqu'à maintenant, elles s'imposent à elle et Clary se retrouve obligée de se confronter à ce qu'elle est vraiment. En fait, elle est l'exemple d'une crise d'adolescence où les sentiments deviennent confus, où tout se transforme, que ce soit physiquement ou émotionnellement. D'ailleurs, toutes les mutations du roman sont plutôt de bons parallélismes pour exprimer l'univers troublant des jeunes.
    Je n'irai pas plus loin dans mon article, même si je voudrais dire encore de nombreuses choses. Je vais attendre de lire cette trilogie pour m'exprimer ouvertement avec un gros "spoiler alert" tout en début d'article.

   Le monde de Cassandra Clare est impressionnant. Je ne sais pas si c'est original, sans doute que tout ce que je viens de dire ici a déjà été traité dans d'autres romans jeunesses, mais quoi qu'il soit, comme je traverse moi-même une période compliquée, où je me pose des questions sur ma vie, ma famille, mes choix, et bien, ça me saute aux yeux lors de ma lecture. Ce roman intervient parfaitement dans mon existence et m'aide à réaliser beaucoup de choses. Voilà ce que je dirais en conclusion. En même temps que je vous dis : lisez-le, vous ne regretterez pas ! Ca bouge beaucoup, c'est plutôt bien écrit (sans être révolutionnaire) et on s'identifie facilement aux personnages quand on a un minimum d'empathie.


lundi 25 mars 2013

C'est lundi, que lisez-vous ? (5)


C'est lundi, que lisez-vous ?
 
Rendez-vous hebdomadaire instauré par Mallou et repris par Galleane

Ce que j'ai lu la semaine dernière :


Ce manga est un petit bijou auquel je ne m'attendais vraiment pas. J'ai volé les huit premiers tomes à ma soeur après les vacances mais je prends mon temps pour les lire, l'histoire est géniale, bien traitée et assez originale.

Ce que je lis en ce moment :

 

Ce que je compte lire après :


Ce sera soit l'un, soit l'autre. Pour le moment, je ne les ai pas achetés, à la base, je comptais seulement m'intéresser à La Cité des Ténèbres dans les semaines à venir mais tout à l'heure, à la gare de l'est, j'ai lu le résumé du livre de Fabrice Colin et dans ma tête ça a fait "BAM JVEUXLIRECA". J'ai résisté à l'achat par amour de ma CB, mais si la fin de La Coupe Mortelle ne me force pas à me ruer sur la suite, je partirai vers 49 Jours sans aucun regret.
(et comme je suis une fille sérieuse, vous pouvez remarquer l'absence indélicate des livres que j'ai à lire pour la fac).

Sur mes lectures (14)


15h06 ~ Home Sweet Home

    Je n'ai pas beaucoup publié ce mois-ci, c'est un peu triste venant de la part d'une fille qui pensait reposter plus souvent. L'envie y était, la patience un peu moins. Bref, je ne vais pas tergiverser quinze ans là-dessus et venir droit au but : j'ai commencé la saga La Cité des Ténèbres hier et... Si ce n'est pas encore un coup de cœur, je suis prête à parier que ça en deviendra un quand j'aurai avancé dans ma lecture ! Pour l'heure, je suis totalement hypnotisée par le roman et je n'ai pas envie de m'arrêter, il m'aide à sortir de mon stress grandissant de la fac et de tout un tas de bouses privées qui m'agacent plus qu'elles ne m'angoissent. En gros, La Cité des Ténèbres, c'est le bon plan pour sortir de ses problèmes en ce moment. Je valide.
    Pour commencer, je vais parler des qualités du premier tome, La Coupe Mortelle : je trouve que l'écriture du livre, ou la traduction - comme je le lis en français - est vraiment très bonne. Depuis quelques temps, je suis pas mal regardante sur la qualité d'écriture, et ici, je ne ressens rien de gênant, d'agaçant. On entre toujours dans le vif du sujet, l'action est présente, et malgré tout, on prend notre temps. Les personnages se mettent en place avec lenteur mais sans ennuyer qui que ce soit, en somme, j'apprécie vraiment la manière que l'auteur a de mettre en place son univers. Et puis, aucun personnage n'est mis de côté ! Que ce soit Clary, Jace, Simon, Alec, Isabelle ou tant d'autres, on les découvre au fur et à mesure et ils ont tous une identité particulière. Et ça fait plaisir, surtout quand on pense aux romans jeunes adultes qui ne se concentrent que sur le héros/l'héroïne et les amants/amantes qui peuvent graviter autour comme des moustiques se suicidant sur un lampadaire. Du coup, je trouve que le roman est bien construit et plutôt original. J'aime bien son concept quoi, et pour la première fois depuis longtemps j'aime tous les personnages sans exception (avec une légère préférence pour Alec, mais ça... quand on me connaît... c'est normal...). Clary est assez géniale aussi, elle a du caractère et possède en même temps un côté fragile qui la rend vulnérable et très dangereuse, je pense. Ce n'est pas une casse-coup ou une niaise, non, elle est simple mais réfléchie et plutôt attachante.
    Ce qui me séduit le plus dans cette histoire, et qui va pouvoir enc*ler profondément ceux qui parlent de cette saga comme d'un "nouveau Twilight" (de toute façon, à l'heure actuelle, si un roman est destiné aux ados puis adapté en film, on en parle comme d'un nouveau Twilight, ce qui, je trouve, est incroyablement débile) c'est que s'il y a une histoire d'amour à venir dans ce roman et bien, elle n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe de façon maladroite ! Je suis à plus de la moitié du premier tome et il n'est pas encore réellement question de sentiments amoureux ! Ca flotte à la surface mais ça n'attire pas le regard et ça n'est pas très essentiel pour la suite des événements. Donc franchement, faut pas déconner là-dessus, si trio-amoureux ou histoire de sentiments il y a, et bien, ça avance lentement et de manière tout à fait crédible. Parce qu'entre une Clary qui n'identifie pas les sentiments qu'elle peut ressentir (que ce soit de l'amour, de la haine ou autre chose, elle reste une adolescente perdue dans la violence de cet âge), les attirances physiques d'autres personnages et le magnifique Jace qui est un gros handicapé sentimental (comme moi), et bien, le sujet du grand A est loin d'être central. Et j'applaudis le travail qui se fait là-dessus. Et j'ai hâte de voir comment Cassandra Clare va nous mener à tout ça (parce que j'ai été spoilée, et je sais pas mal de trucs sur la suite, donc bon...). 
    Maintenant, pour aller vers le pseudo négatif... Et bien, j'ai noté beaucoup de ressemblances assez flagrantes avec Harry Potter. Ce n'est pas très très grave, mais tout de même, les trois Instruments Mortels (comme les Reliques de la Mort), le dictateur qui veut faire un génocide d'une espèce qu'il considère comme inférieur... et bien, ça m'a vaguement rappelé quelque chose. Après, la manière d'aborder le sujet est totalement différente, on suit un chemin qui est à l'opposé d'Harry Potter et surtout, les héros sont déjà des adolescents quand l'histoire commence et même s'il y a un Institut pour les Chasseurs, c'est loin d'être une école comme Poudlard. Donc voilà, en somme, il y a des similitudes qui me gênent un peu, mais la mythologie d'Harry Potter est unique en son genre, cependant, les questions qu'elle soulève et leur traitement ne le sont pas et ce n'est pas étonnant de les retrouver dans d'autres sagas fantastiques pour jeunes adultes (ou même dans l'Histoire, un dictateur qui fait un génocide, y'en a un qui a été plutôt marquant au XXème siècle et qui, à mes yeux, a sans doute été l'inspiration principale pour Voldemort, le parallèle me semble parfaitement limpide).   

Indication sur ma lecture : je suis page 307

lundi 11 mars 2013

L'Ange du bizarre (1)

William Bouguereau, Dante et Virgile aux Enfers, 1850

    Vendredi, j'ai eu l'honneur, le plaisir, la chance de foncer directement au Musée d'Orsay en sortant des cours pour aller admirer la nouvelle exposition temporaire sur L'Ange du bizarre : le romantisme noir, de Goya à Max Ernst. Et que dire si ce n'est que j'y retourne bientôt. Le lundi de la rentrée, c'est certain ! J'ai rarement été aussi séduite par une exposition de toute ma vie, en même temps, tous les ingrédients pour me plaire étaient là : que ce soit le sujet du romantisme noir où on nous parle de Satan, des sorcières, de sadisme aussi, du romantisme allemand... etc. ; mais aussi des peintres que j'affectionne particulièrement comme Friedrich et Gustave Moreau ; plus tous les coups de coeur intenses que j'ai ressenti devant un autre Friedrich (comme par hasard) mais du nom de Lessing cette fois-ci, mon amie qui était avec moi m'a aussi fait apprécier Munch (dont je n'avais jamais vu de tableau en "vrai"), j'ai craqué sur Füssli, et tant d'autres ! Seule les parties "fin du XIXème" et XXème siècle ne m'ont pas totalement séduite, mais je leur redonnerai une chance d'ici dix jours, surtout à la dernière salle consacrée au surréalisme ! D'ordinaire, c'est un courant que je "rejette" parce que je n'y suis pas très sensible, mais les tableaux de Max Ernst ont réveillé ma curiosité ! 
     J'ai des difficultés pour trouver mes mots parce que ma visite est encore très récente et je suis toujours sous le coup de l'émotion, mais je vais essayer d'expliquer la façon dont j'ai vécu ce moment avec le moins plus de clarté possible.
    Déjà, mon premier contact a été avec la gratuité de l'exposition ! Oui, oui, une exposition temporaire gratuite pour les moins de 26 ans, j'ai halluciné ! D'ordinaire, on est obligé de payer, mais là, c'était comme accéder au musée : gratuit. Donc ça devrait faciliter mon désir d'y retourner rapidement et ce, plusieurs fois avant le mois de juin. Mais bon, passons, même si c'est événementiel aussi (et démentielle) de ne pas payer. 

Johann Heinrich Füssli, Satan évoquant Belzébuth, 1802
    Pour entrer dans le vif du sujet, on arrive dans l'expo, non pas face à du Goya comme pourrait faire croire le slogan mais face à... du Füssli et au Pandémonium de John Martin qui a quitté son Louvre chéri pour l'occasion afin d'accueillir comme il se doit les visiteurs de l'Ange du bizarre ! Ca nous fait tout de suite entrer dans l'ambiance : capital des Enfers, tout ça tout ça. Mais on découvre aussi d'emblée les tableaux de Johann Heinrich Füssli avec Satan s'échappant sous le coup de lance d'Ithuriel. Quiconque me connaissant un minimum sait que je suis hostile à la religion, sauf... (parce qu'il en faut bien un) ...lorsqu'on explore la mythologie qui l'accompagne et particulièrement celle qui est liée aux anges et aux démons. Satan est une figure qui m'a toujours fascinée, fut une époque jadis dans l'éternel, où j'achetais beaucoup de livres "sataniques" pour découvrir plus de choses à ce sujet. Si j'admirais Baudelaire quand j'avais quatorze ans, ce n'était pas sans raison, "Les Litanies de Satan" m'ont influencée et comme j'étais - ce que l'on nomme avec maladresse - gothique, et bien... C'est resté encré en moi. J'ai, d'une certaine façon, était façonnée par mon amour pour Lucifer. J'écrivais des poèmes quand j'étais morveuse, de très mauvais poèmes, mais toujours sur l'ange déchu, et encore aujourd'hui, il m'arrive d'évoquer sa chute... ou son règne, comme vous préférez. Donc, évidement, quand en entrant dans l'exposition, mon amie m'a sortie cette citation : "Better to reign in Hell, than to serve in Heaven" du Paradis Perdu de John Milton, un sourire niais m'a défigurée le visage quelques instants avant que je ne sombre dans mes pensées et que le livre ne s'ajoute à mes objectifs littéraires futurs. (merci Camille).
    Bref, après cette introduction où des tableaux d'Apocalypse se mêlaient à ceux de la folie, un endroit spécial était réservé à William Bouguereau et son Dante et Virgile aux Enfers (1850). Je ne connaissais ce peintre que par sa Naissance de Vénus, mais désormais, je me rends compte que ce n'est pas son seul tableau qui peut me toucher à ce point. Sur le Dante et Virgile, j'ai beaucoup apprécié les couleurs, le gris - presque scintillant - de la peau se détachant des autres plans de la peinture, notamment des deux poètes qui, finalement, restent cachés dans l'obscurité et observent le combat, le cannibalisme (→ comme c'est charmant, j'adore!). Et puis, la musculature des deux personnages est représentée à outrance, il y a une grande sauvagerie - je trouve - qui se dégage de ce tableau et séduit. Elle séduit parce qu'elle est effrayante et qu'on est toujours fasciné par ce qui nous terrorise. C'est malsain, mais c'est comme ça. Et les détails qui m'ont le plus faite écarquiller les yeux, ce sont les mains s'enfonçant dans les chairs. Je ne sais pas si je vais dire une bêtise ou non, mais il y a quelque chose de l'ordre de la tension sexuelle dans ce tableau, et on dirait que par l'acte de cannibalisme (acte toujours ambiguë par son fait même), il y a un désir inavouable et une passion tordue, à l'image des muscles et des corps. En somme, ce tableau de William Bouguereau me dévore (sans faire de blagues stupides, hein). 
William Blake, Le Grand Dragon rouge et
la Femme vêtue de soleil
, vers 1802-1805
    Par la suite, on ne quitte toujours pas Satan mais on découvre les créatures des ténèbres, notamment par une aquarelle (et pas que) de William Blake qui a ravie ma collègue de l'Ange du bizarre à côté de moi. Il y avait aussi beaucoup de dessins de Victor Hugo et une représentation assez grotesque de Méphistophélès par Delacroix (si mes souvenirs sont bons !). Comme tout est mélangé dans ma tête, je ne saurai pas vraiment en parler, je confonds un peu toutes les salles et ce n'est pas facile à restituer comme il faut, surtout les explications qui accompagnent les œuvres.

    Puis, au fur et à mesure, on quitte cette ambiance-ci et on arrive aux tableaux de Goya. Peut-être que je vais blasphémer la peinture, mais je n'ai pas vraiment accroché à ce qu'il faisait. Les tableaux sur le cannibalisme ont attisé ma curiosité, mais sinon, je n'étais pas très sensible à ses œuvres. Peut-être le serai-je plus la semaine prochaine quand j'y retournerai ? Mais même là, en essayant de me remémorer mes souvenirs en feuilletant mes magazines, je n'arrive pas à être transportée par les tableaux de Goya. Pourtant, il y a beaucoup d'éléments chez Füssli qui se retrouvent chez lui (ça a sauté aux yeux de mon amie vendredi), mais la manière de peindre est différente, je suppose, et quelque chose me manquait.

    Je vais stopper la première partie de cette article ici. Je n'ai pas fini de parler du romantisme et ne suis pas encore arrivée aux symbolistes et aux surréalistes, mais je préfère diviser cet article en plusieurs parties. La prochaine fois, je parlerai de Friedrich, de Lessing, de Moreau, de Munch... etc. Comme il me reste beaucoup de blabla à faire, ce sera plus agréable à écrire un autre jour, avec plus de recul (une grande partie de ce billet a été rédigé vendredi soir, quelques heures après ma visite).
    Je précise aussi que le compte-rendu ci-dessus n'est absolument pas complet, il manque des millions de choses et ce que je dis est très subjectif. Ce qui ne me touche pas peut très bien séduire quelqu'un d'autre et inversement. J'espère juste que j'inciterai les gens à aller visiter cette exposition qui est, de loin, la plus belle que j'ai pu voir (et ce blog sait à quel point l'exposition sur De Vinci l'an dernier, au Louvre, m'a plu). 


    Un tableau qui m'a tapé dans l'oeil tel un cyclone percutant les terres :

→ Samuel Colman, Veille d'Apocalypse, 1836-1838 : Ce tableau, placé dans l'exposition non loin du Pandémonium, a été une réelle surprise pour moi (et pour mon amie, aussi, je crois, non ? Si tu passes par ici, answer me, pretty girl !). Ce que je vais dire, je le dis sans aucune connaissance, donc, soyez gentils avec moi, petits fantômes. J'ai eu le sentiment que ce tableau était réalisé sur une structure inverse à l'ordinaire : en principe, les lignes sont en triangle avec une pointe allant vers le haut, or, ici, j'ai le sentiment que c'est l'inverse qui se produit, les lignes du tableau tirent vers le bas, orientent le regard non pas vers la lumière mais vers la catastrophe. De plus, quand on est face au tableau, on peut voir qu'une lyre et un tableau s'écroulent avec les architectures venues de différentes époques. Cette Veille d'Apocalypse semble nous dire que tout est vain, que tout ce que l'homme créé, et bien, ce sera détruit tôt ou tard et d'une certaine façon, que nous ne sommes que de passage ici et que le monde reprendra ce qui lui appartient en nous détruisant dans ce que nous avons de plus humain : l'Art, qu'il soit du verbe ou de l'image. Ce tableau exprime la violence de la nature et à une époque où nous nous soucions de la terre autant que nous l'insultons, je trouve que c'est assez parlant. Je ne parle pas exactement d'écologie, mais si vous pensez à quel point des gens ont eu peur pour le 21 décembre dernier, vous comprendrez ce que je sous-entends.