vendredi 8 novembre 2013

Désirs & Volupté à l'époque victorienne (compte-rendu d'exposition)

Albert J. Moore, La Quatuor, hommage du peintre à l'art de la musique (1868)
 
    Le 30 octobre dernier, en compagnie de Matilda, Alacris, Jamestine et Alexandra, je suis allée à l'exposition "Désirs & Volupté à l'époque victorienne" du musée Jacquemart-André. Personnellement, je ne connais rien à l'art de l'époque victorienne, mettre des mots dessus est assez difficile, mais je suis ressortie satisfaite de cette exposition. Comme je suis un peu chieuse, je vais tout de suite parler du point négatif que nous avons toutes les cinq rencontré : le prix. L'exposition était très chère (11€ à 15€) pour le peu de salles à voir et la pauvreté des explications (la plupart du temps, nous n'avions qu'un petit récit biographique du peintre dont il était question, ou un rappel de l'histoire que le tableau représente, ça aurait pu être sympa si ça n'était pas constamment répété avec des mots différents (que ce soit sur les murs ou avec l'audioguide)). Mais bon, c'est tout de même une magnifique exposition qui vaut le coup d’œil, avec des tableaux rares que nous ne reverrons sans doute jamais (collection privée). De plus, les thèmes abordés étaient très intéressants : "Désirs d'antique", "Femmes fatales", "La volupté du nu", pour mes préférés. 
    Étant donné que je n'y connais quasiment rien à l'époque victorienne (comme je vous l'ai dit plus haut), je vais surtout faire une sorte de compte-rendu subjectif avec mes ressentis sur quelques œuvres, tout en regardant les notes que j'ai prises durant l'exposition.

Sir Lawrence Alma-Tadema, Les Roses d'Héliogabale (1888)
    Les Roses d'Héliogabale d'Alma-Tadema a été mon premier coup de coeur durant l'exposition. Il fait parti de la section : Désirs d'antique. Il m'a plu, à première vue, parce que je le trouvais d'une grande précision et que les couleurs claires le rendaient très doux, agréable, presque reposant. Mais une fois que l'on sait ce que ce tableau représente, on se rend compte qu'il allie beauté, cruauté, douceur et violence. En effet, l'empereur romain Héliogabale que l'on peu voir au second plan (?), installé avec ses convives, décide d'envoyer une pluie de roses sur ses courtisans qui sont au premier-plan. Sauf que ceux-ci sont en train de mourir étouffés. Ce tableau est un oxymore parfait ! Et j'aime les oxymores, particulièrement ceux qui lient le monstrueux au superbe. Comme j'aime dire des choses tirées par les cheveux, ce tableau me fait un peu penser au titre du recueil de poèmes de Baudelaire, Les Fleurs du Mal. Pour le coup, c'est parfaitement imagé.
    
Frederic Leighton, Jeunes filles grecques ramassant des galets au bord de la mer (1871)

    Ce qui m'a séduite, dans ce tableau de Leighton, c'est le côté très gracieux des jeunes filles. En effet, on peut voir qu'elles se trouvent entre deux instants, que leurs gestes sont suspendus, immobilisés et qu'elles ont été peintes dans un moment de grâce. Elles sont en plein milieu d'un action, d'un geste et elles sont belles à ce moment-là précisément. De plus, le côté très "dansant" des voiles me surprenait beaucoup lorsque j'étais à l'exposition. On dirait presque des formes surréelles, des ombres qui se déploient. Bref, c'est un tableau où, je trouve, nous ne sommes pas happés dans les détails, par l'arrière-plan, mais vraiment par le sujet qu'il représente. Et à côté de tous les autres tableaux présents durant l'exposition, je trouvais que c'était celui qui sortait le plus de l'ordinaire. Les couleurs, les formes, le mouvement, l'ambiance... etc., tout ça m'a plu.

John W. Waterhouse, La Boule de cristal (1902)
    Puis, quelques salles plus loin, j'ai compris un truc : il aura fallu que je vois un tableau de Waterhouse en vrai pour me mettre à l'aimer. Jusqu'à maintenant, je ne voyais que des "photos" de ses tableaux sur Internet et je ne m'y intéressais pas beaucoup, désormais je comprends l'engouement de certaines de mes amies pour ce peintre. Ouai, c'est carrément beau en vrai. Comme quoi, voir réellement, observer le relief de la peinture, sentir les couleurs, ça change la vue qu'on a d'ordinaire sur cette peinture. J'avais ressenti la même chose, en voyant en vrai certains tableaux de Friedrich dont j'étais amoureuse, l'an dernier.
    Le thème, déjà, me plaisait énormément : ce retour à une époque médiévale pleine de sorcellerie, afin de fuir une vie devenue trop industrielle, changée trop vite en trop peu de temps. J'ai grandi avec une certaine admiration pour la magie, une sorte de "respect pour les sorcières" et la mythologique qui les accompagne... etc. (et je ne parle pas de Charmed, mais plutôt de l'amour qu'ont ma mère et ma soeur pour Merlin et autre grand sorcier), c'est resté encré en moi, même si je m'en éloigne de plus en plus. Du coup, le tableau de Waterhouse, que vous voyez ci-contre, me parlait - ou parlait à mon enfance toute entière. La présence du crâne, de la baguette, du grimoire magique, la couleur de la robe (le rouge de la femme fatale, du sang... etc.), les cheveux noirs, tout me plaisait et me faisait entrer dans une atmosphère quelque peu fatale et mystérieuse (ahah). Il me semble que nous sommes restées pas mal de minutes assises devant ce tableau avec Alacris. Un homme est même venu nous parler afin de nous expliquer qu'il existait un autre tableau de Waterhouse qui représentait son opposé : une femme vêtu de blanc, plutôt dans la bonne sorcellerie que dans celle qui est suggérée ici. Mais ce tableau n'était pas exposé, il était conservé au chaud dans sa collection privée.
    Bref, Waterhouse est un grand coup de cœur pour moi à l'heure actuelle, et c'est devenu une évidence pendant les vacances où je montrais à ma famille le magazine explicatif de l'exposition et les cartes postales que j'avais achetées. Même si je n'ai plus l'émotion d'être devant le tableau, je m'en souviens toujours et je n'hésiterai pas à me damner pour voir d'autres tableaux de Waterhouse.

    Je vais clôturer cet article sur les deux derniers tableaux qui ont suscité mon attention. Dedans se trouve même mon préféré (oui oui, il y a un tableau que j'ai aimé encore plus que Waterhouse).


   La Couronne de l'amour de John E. Millais (à gauche) est un tableau que je trouvais particulièrement ambiguë. Je ne dirais pas qu'il m'a démesurément plu, c'est surtout les explications que le monsieur (dont j'ai parlé précédemment) nous a données qui m'ont fait aimer cette peinture. Il reprend un poème de George Meredith plutôt morbide : c'est l'histoire d'un jeune homme fou amoureux d'une princesse qui, pour l'épouser, doit la porter dans ses bras sans la lâcher jusqu'en haut d'une montagne. Cependant, une tempête arrive et la princesse le supplie de la reposer. Sans succès, ils meurent tous les deux et célèbrent leurs noces dans la mort. Et ça, j'adore. Oui, je suis une fille qui aime le morbide et je l'assume parfaitement. Ce qui reste, je trouve, ambiguë dans ce tableau, c'est la manière dont Millais représente la supplication de la jeune femme qui voit la tempête se rapprocher : on dirait une scène de rapt. Si on ne nous avait pas raconté cette histoire au moment où je voyais le tableau, je me serais dit que c'était un enlèvement et non pas une scène d'amour cherchant à braver la mort. Du coup, j'en tire une conclusion tout à fait amère : l'amour est un rapt, une fois que l'on est condamné à aimer une personne, il n'y a plus de sortie et on ne se rend plus compte que l'on est un être humain complet, qu'on n'a pas forcément besoin de l'autre pour s'en sortir. Déprimant.
    Je vais retourner vivre à Bisouland et me dire que l'amour, c'est cool, plein de petits oiseaux. Parce que ce tableau, ça a été une claque dans la figure. 
    Du coup, vous l'avez deviné, mon tableau préféré de toute l'exposition entière totale complète, c'est celui que vous pouvez voir à droite : Andromède de Sir Edward J. Poynter. Vous savez, c'est l'histoire de cette jeune femme, fille du roi d’Éthiopie, qui est accrochée à un rocher afin d'être sacrifiée au monstre marin de Poséidon avant d'être secourue par Persée. Ici, on se trouve juste avant que Persée n'arrive pour la sauver. Et je trouve que ce nu allie à la fois courage féminin et fatalité. Ici, c'est la femme sans l'homme, qui accepte son destin et qui reste dans une pause gracieuse, sereine. J'aime la façon dont la nature se déchaîne autour d'elle, dont le bleu devient violent (alors que c'est une couleur plutôt calme, en principe). De plus, dans le drapé, j'ai l'impression de voir la forme d'un monstre, comme si celui-ci était déjà sur Andromède et qu'il avait été enroulé autour de son corps tout au long de sa vie (en quelque sorte). Ca me donne le sentiment que l'on porte en/sur nous le monstre qui pourrait nous tuer, et qu'une fois nu face à lui, il ne reste plus grand chose à faire, si ce n'est accepté cette fatalité ou la combattre.

    Voilà pour ce petit compte-rendu d'exposition ! J'espère que cela vous aura plu. Si vous avez l'occasion d'aller au musée Jacquemart-André, n'hésitez pas, c'est une très bonne exposition malgré son prix élevé. Vous avez jusqu'au 20 janvier 2014 pour la voir. Moi, j'en ressors satisfaite, étonnée et convaincue que les expositions sont le bien de l'humanité.
    Je vous souhaite une bonne journée/soirée/nuit et à bientôt !

lundi 4 novembre 2013

De tout, mais de rien (4)

Les livres acquis ces derniers temps :)

    Les articles "De tout, mais de rien" sont mes préférés. Je peux divaguer comme je le souhaite sans être trop sérieuse. Je vais donc commencer par vous parler de livres ! En une semaine ma bibliothèque s'est agrandie de tout ce que vous voyez ci-dessus.
    Mercredi dernier, j'ai eu le plaisir de (re)voir Alacris, Matilda, Jamestine et rencontrer Alexandra. Nous sommes allées à l'exposition "Désirs & Volupté à l'époque victorienne" au musée Jacquemart-André dont je vous parlerai prochainement. Matilda, compatissante du boulot que j'ai à faire sur mon mémoire cette année, m'a offert le roman L'Echange de Brenna Yovanoff dans lequel je suis actuellement plongée (au lieu de bosser sur Musset, Gautier et Chateaubriand (merci Matilda ! :p)). Pour l'heure, j'aime beaucoup cette lecture, elle est plutôt divertissante et intrigante.
    Durant cette folle journée, nous sommes aussi allées à St Michel pour faire le tour des librairies (je passe devant tous les jours, ça fait du bien d'y aller avec des amies et de traîner sans être pressée par le temps et les cours). Là-bas, je me suis "lâchée" chez Boulinier où j'ai trouvé quatre livres pour moins de 6€ (la magie Boulinier !) : Mateo Falcone (et autres nouvelles) de Mérimée pour 0,50€ ; Les Filles du feu / Les Chimères de Nerval (2€) ; Autobiographie d'un amour d'Alexandre Jardin (1€) ; et La Fille au pinceau d'or de Marie Bertherat (1€50). D'ordinaire, je n'aime pas trop aller à Boulinier, mais à chaque fois que j'y mets les pieds avec Matilda, je trouve des choses intéressantes pour un prix plus ou moins dérisoire !
    Et aujourd'hui, après ma longue journée de cours (une journée de 2h, c'est long !), je suis passée à Gibert Jeune et j'ai acheté un recueil de poésies de Mallarmé dont je vais avoir besoin dans mon cours Poésie & Mythologie, ainsi que le roman de Georgia Caldera, Les Larmes Rouges (T1 : Réminiscence) que je voulais m'acheter depuis des lustres ! Je le cherchais partout ces dernières semaines et là, il est apparu devant moi comme si de rien n'était. Je n'ai entendu que du bien de ce roman et j'espère le lire prochainement (comme il est plutôt épais, je ne veux pas le commencer avant les vacances de Noël, trop de travail à faire d'ici là). Mais d'aspect, c'est un très beau livre, J'ai Lu s'est déchaîné sur la présentation ! C'est magnifique !
    Sinon, le weekend dernier, je suis rentrée un peu à Reims et j'ai été gâtée ! Après la mort de mon appareil photo numérique, les caprices de mon réflex, j'ai acquis un excellent bridge dont les options sont géniales ! (le mode "dramatique" est juste délicieux, tout comme le grand angle, celui qui ravive les teintes et il y a une option CHAT ! Je vous jure !). Bref, ce bridge me permettra peut-être d'ouvrir une chaîne youtube dans quelques temps. Je médite là-dessus depuis plusieurs mois et dès que j'aurai le déclic, j'en parlerai ici.

    En repartant hier, j'ai aussi supplié ma soeur de me prêter quelques uns de ses dvds de Miyazaki (l'article d'Alacris m'en a tellement donné envie !) et je suis donc repartie avec : Le Chateau dans le ciel, Princesse Mononoké, Le Chateau Ambulant, Le Voyage de Chihiro. J'ai regardé Le Chateau Ambulant hier en rentrant et je l'ai trouvé particulièrement magnifique. J'ai aimé tous les personnages, la symbolique de l'histoire sur l'amour, la guerre, la beauté. C'est une histoire pleine de poésie, de magie... De Miyazaki, je ne connaissais que Mon voisin Totoro (que j'adule) et je me rends compte que ses animations plus adultes sont splendides. C'est assez particulier, je comprends les gens qui n'aiment pas, mais globalement, tout est fait pour nous toucher : de la musique au caractère des personnages en passant par les images. J'ai donc hâte de découvrir les autres, surtout Princesse Mononoké. Je reviendrai dessus d'ici quelques temps !

    Pour changer de sujet, en ce moment, je suis dans une période de féminisation totale, je tente d'apprendre les mécanismes de cette chose que je ne comprenais pas il y a encore quelques années. Je n'ai jamais été très "maquillage", "bijoux" ou "fringues". Je me suis mise à aimer les boutiques de vêtements le jour où j'ai eu une bourse et que j'ai perdu trente kilos. Désormais, je dois me convaincre de sortir des magasins sans m'acheter quoique ce soit. Dès que j'entre chez Promod, Etam, ou encore H&M, j'ai envie de tout acheter (ou presque). Le maquillage, je l'ai longtemps dénigré, ne faisant qu'un espèce de trait noir sur ma paupière histoire de dire que j'étais maquillée. A l'heure actuelle, j'utilise des produits hydratants qui se révèlent particulièrement efficaces contre les points noirs (la crème hydratante sephora est ma nouvelle meilleure amie) et je mets tous les jours la BB cream de Shiseido qui est plutôt pas mal. Je ne la rachèterai sans doute pas, mais elle fait une peau plutôt douce et agréable au toucher. Donc si vous me voyez poster des articles beauté prochainement, ne vous en faites pas, c'est normal.
    Je suis aussi quelques chaînes youtube sur le sujet, notamment Bethany Mota que je trouve adorable, lumineuse et très drôle. En plus, elle a une qualité que je reproche souvent aux autres : elle reste naturelle. Certaines filles n'ont plus la même tête lorsqu'elle se démaquille et je trouve ça bien dommage de ne se montrer belle qu'en étant couverte de produits... Bethany Mota est la même avec ou sans maquillage. En plus, comme elle est anglophone, ça me permet de joindre l'utile à l'agréable : j'apprends à me féminiser en même temps que j'améliore mon anglais ! (grâce à elle, je me fais une sorte de gros macaron sur la tête, un chignon énorme et j'adore ça !). 

    Sur ce, je vous prépare deux articles dans les jours à venir, l'un portera sur l'exposition "Désirs & Volupté à l'époque victorienne" et l'autre sera un retour sur Le Prince d'Eté d'Alaya Dawn Johnson. Je me suis rendue compte hier soir que ce roman avait bien plus de qualités qu'il n'y parait et que ce n'est pas qu'un simple roman young-adult qui répond à des codes actuels assez précis. L'auteur est brillante, mais je ne vous en dis pas plus !
    A bientôt fantômes et non-fantômes ! je file travailler sur Musset !

dimanche 29 septembre 2013

De tout, mais de rien (3)

Ma petite collection de livres de Musset (dont deux prêtés par la belle Alacris), ma BD Lorenzaccio de Régis Penet et un nounours blanc (parce que ma vie est faite de nounours).

    Ahah. Je ne sais même pas comment débuter cet article. J'ai plein de choses à dire mais une fois devant le gros bloc blanc, je perds mes moyens. Cependant, comme je suis égocentrique, je vais commencer par un point personnel. J'ai fait du ménage sur mon facebook jeudi et ça m'a fait un bien fou. Je ne pensais pas que ça aurait un tel effet sur moi. Certaines des personnes supprimées m'ont brisé le coeur sur le moment, mais ça n'était que pour le meilleur (garder pendant quatre ans son ex à qui on n'adresse plus la parole depuis plus de six ans, il y a mieux comme attitude pour avancer dans la vie, idem pour un autre individu avec qui les choses ont rayonnées de non réciprocité). Ce renouveau facebookien met du baume au coeur, même si je déplore le fait qu'on soit obligé de renouer avec d'anciens amis par le biais d'un réseau social. C'est tout de même triste, ça mécanise les relations, mais en même temps, c'est notre époque, et vaut mieux ça que rester chez soi en se demandant s'il on retrouvera des amis un jours. Sans facebook, il y a quelques dizaines de personnes que j'aurais perdu en cours de route. Donc ça a ses points négatifs, mais aussi ses avantages. 
    Bref, je termine ma méditation facebookienne pour parler de choses plus "réalistes". Depuis mardi, je suis tata d'une jolie petite fille et ça, ça fait incroyablement plaisir. Elle est juste adorable, mignonne. J'avais envie de pleurer l'autre jour, en allant à la maternité. Pourtant, ma famille sait que je n'aime pas les enfants, mais parfois, il y en a quelques uns qui parviennent à changer mon regard et je ne suis plus que paix et amour à leur égard (plutôt que trouillarde ou moqueuse). Cette semaine a donc été riche en émotion, surtout s'il on ajoute le départ en Angleterre d'une très bonne amie. Même si j'ai un peu pleuré, je sais que ça n'est que pour le meilleur, et comme dirait une certaine Alacris, ça donne une bonne raison pour partir en Angleterre ! Héhé !

"Cette nuit tout entière, j'ai couru dans ces rues désertes au milieu de spectres affreux"
Alfred de Musset, André Del Sarto.

Ouai, je m'installe par terre en ce moment.
Et je mets des chaussettes de différentes couleurs.
Et vous pouvez voir mes feuilles de notes après lecture de
mon Musset que j'aime. Je suis une fille sérieuse, oui.
    Maintenant que mon bilan personnel est terminé, passons à des choses plus sérieuses. 
    Concernant mon mémoire, j'ai pas mal progressé, j'ai découvert plusieurs pièces de Musset et en ai relu quelques unes. J'ai énormément apprécié ma lecture d'André Del Sarto, on m'en avait déjà parlé quelques temps auparavant et je comprends mieux pourquoi on me conseillait de la lire. Cependant, ma relecture préférée a été celle de Fantasio, où je pense avoir trouvé quelques tirades qui collent parfaitement à mon sujet de mémoire. Il y est question de la nature et de tulipes qui ne choisissent pas forcément de naître bleues ou rouges, disant que c'est la main de l'homme qui leur a imposé une couleur. Certaines tulipes pensaient être rouges et naissent bleues, par exemple. Si on associe les couleurs aux genres masculin/féminin, ça devient tout de suite très intéressant. Bref, c'est une piste que je souhaite suivre, d'autant plus que Musset fait allusion à cette tirade dans d'autres pièces. Donc, youpi !
    J'ai aussi relu Les Caprices de Marianne, et ça m'a encore une fois beaucoup touché. J'adore cette pièce, je ne me souvenais plus de la chute finale, mais c'est juste parfait et particulièrement douloureux. J'avais vu une adaptation cinématographique (ou de théâtre filmé, idk) de cette pièce quelques années auparavant et les images me sont revenues en mémoire comme une bombe. Si vous voulez lire du Musset un jour, n'hésitez pas à jeter un coup d'oeil aux Caprices de Marianne, ça se lit vite, bien et c'est magnifiquement bien écrit.
    Après, sur les quelques pièces que j'ai lu, j'ai parfois été déçue, mais ce sont généralement des pièces qui n'ont pas été très appréciées par les critiques et le public de l'époque et où, même Théophile Gautier en parlait négativement. Sur le coup, je me disais "hé, je suis sûre que ça sera brillant" et je ressortais finalement un peu bête de ma lecture, on sentait vraiment le travail bâclé, fait sans réel plaisir et à côté d'un Fantasio, d'un Lorenzaccio, d'un On ne badine pas avec l'amour, et bien, ça coince.
    Bref, pour l'heure, je n'ai pas accompli grand chose. Je me contente de respecter mon timing lecture et de regarder les bibliographies afin de trouver des livres à consulter d'ici mi-octobre. Ensuite, je ferai un sit-in dans une bibliothèque pour méditer sur mon sujet et savoir précisément dans quelle direction je pars. Pour l'heure, je suis l'autoroute Androgyne-Musset, viendra un moment où il faudra prendre une nationale, puis une départementale pour finalement trouver le village et le terminus imprimerie. C'est un sacré voyage où je ne peux pas me permettre de tourner n'importe où. Je risquerai d'aller m'égarer ailleurs, même si, de temps en temps, il faut bien s'arrêter dans un café sur le bord de la route pour reprendre des forces et rencontrer des gens d'autres environs.

Ma face de rat, allongée par terre ! Et ma joie de vivre !
    Pour revenir sur la fac, je suis sûre que vous mourrez d'envie de connaître les séminaires que j'ai choisis cette année. Comme je me spécialise dans la XIXème siècle (particulièrement le début), et bien, j'ai un séminaire sur l'approche du romantisme qui devrait coller parfaitement à ce que je veux faire (aujourd'hui ou dans le futur), j'en ai un autre qui se nomme Récit et Histoire au XIXème, où on étudiera Balzac et Stendhal. J'ai aussi pris un cours sur le Tragique des Lumières au Romantisme. Et mes deux autres cours concernent surtout l'époque Classique (comme mon mémoire est sur un auteur du XIXème, je devais prendre d'autres périodes pour compléter mes séminaires et ne pas me focaliser sur mon siècle de prédilection). Et comme je suis une quiche sur les périodes entre le XVIème et le XVIIIème, je me suis dit que ça ne me ferait pas de mal d'aller les explorer.
    Ainsi, mon premier semestre repose majoritairement sur l'âge classique et le XIXème siècle. Au second semestre, je vais faire un tour dans l'Antiquité et la mythologie.
    Bref, pour l'heure, je suis satisfaite. Et puis, plus de grammaire ou de stylistique ! Il ne me reste que l'anglais, mais ça, c'est cool, même si je me ramasse toujours des gamelles, j'adore le prof et puis, j'aime cette langue !

    Je vous quitte sur quelques photographies que j'aime bien et qui me rappelle ce mois de septembre ensoleillé ! (et Alacris qui squatte sur les photos ! :D).



vendredi 19 juillet 2013

Ann Aguirre, Enclave (tome 1)

Ann Aguirre
Enclave (tome 1)


    Résumé : Le monde est ravagé. A la surface, plus rien ne vit, plus rien ne pousse. Les hommes se sont réfugiés dans des villes souterraines : les enclaves.
    L'enclave, c'est ma vie. C'est le lieu qui nous protège des créatures rôdant dans les tunnels, ces Monstres mangeurs de chair humaine. Et moi, je suis celle qui protège l'enclave en retour, celle qui chasse les Monstres. 
    Il faut servir l'enclave. C'est ce que nous disent les Aînés. Mais ce n'est pas ce que dit Del, mon partenaire de chasse. Je ne sais plus qui croire...


Ce que j'en pense

     C'est drôle, quand je lis le résumé, je ne sais plus qui croire non plus. Je suis d'accord avec la quatrième de couverture, mais je ne la trouve pas tout à fait juste, particulièrement sur la première ligne. Je pense que c'est par soucis de spoilers, mais entre des villes souterraines et la réalité du roman, il y a un pas à faire. Du coup, cela me trouble. Mais bon, passons là-dessus, croyez le résumé et vous verrez par vous-même en lisant le roman !
    Pour entrer dans le vif du sujet, j'ai bien aimé ce roman young adult. Après, comme je l'ai dit dans mon article précédent, je pense que ce sera mon dernier livre dans ce genre avant un bon moment. Après The Mortal Instruments et Divergent (mais aussi Le Prince d'Eté), Enclave achève ma croisière dans le monde magnifique des romans jeunes adultes. J'aime toujours autant, je suis satisfaite de cette lecture, mais je sens un agacement grandir en moi quant au schéma narratif. Trèfle est à Enclave ce que Tris est à Divergent, ce que Clary est à TMI, Tess à TID, et June au Prince d'Eté. Et je vous épargne le pendant masculin de ces héroïnes... (même si Jace et Quatre sortent quand même vachement du lot). Bref, les romans young adult sont aussi sympas que le Nutella, mais il est temps pour moi de me mettre au régime... (à base de thriller et de Musset, je pense).
    Si je devais résumer Enclave, je dirais que nous nous trouvons entre le roman dystopique à la mode et le roman post-apocalyptique à la mode. L'auteur a bien visé et nous offre un univers très intéressant, bien développé et qui mérite pas mal d'attention. Le parcours de ces personnages est assez atypique, on ne passe par la phase "adaptation" ou "transformation" de l'héroïne, elle ne subit pas un entraînement de fou pendant tout un livre avant d'arriver à une séquence finale explosive. Dans Enclave, les séquences d'action se baladent d'un bout à l'autre du roman sans jamais épuiser le lecteur, elles sont bien réparties, elles sont justifiées et elles alternent avec des moments plus calmes où l'on apprend à s'attacher à nos héros. Bref, ce roman est maîtrisé par son auteur et on sent qu'il y a beaucoup de travail et de recherche derrière (il y a une note à la fin du livre qui nous mènent aux documents dont s'est inspirée l'auteur). 
Ann Aguirre
    D'autre part, il y a un côté rationaliste dans ce roman : ce n'est pas dans le domaine de l'impossible. Pour nous, évidemment, nous ne voyons qu'une simple fiction, mais le propre de l'anticipation, de la dystopie... etc. c'est d'avoir l'intéressante faculté d'être un futur possible. Un futur où l'Homme - cette espèce cyclique - régresse moralement dans son évolution. Enclave n'échappe pas à cette règle et, bizarrement, ça met bien la pression pendant la lecture. Tout comme nos héros, nous ne savons rien de ce qu'il s'est passé, des raisons qui ont fait que des gens vivent désormais "sous terre" (u_u c'est plus cool que ça). L'espèce humaine se réduit désormais à des petites tribus de survivants, qui ont leur règlement, leur petite dictature personnelle (pour ceux qui se souviennent ou ont vu la fin de la saison 2 de The Walking Dead, le discours de Rick pourrait mener à ce genre d'ambiance, lorsqu'il dit qu'ils ne sont plus dans une démocratie et que c'est lui qui décide). Bref, l'ignorance du lecteur est un grand atout, de même que les zombies ne sont jamais nommés ainsi et qu'on doute, jusqu'au bout, qu'ils soient réellement des zombies (non, ce n'est pas un spoiler, la question se pose très tôt dans le roman). 
    Honnêtement, j'accorde beaucoup moins d'importance aux personnages qu'à l'histoire en elle-même. J'ai beaucoup aimé Trèfle, Del, et les deux autres personnages dont-je-ne-vous-dirais-pas-le-nom. Mais ce sont des héros de romans young adult, donc rien de très surprenant à ce niveau. Le triangle amoureux s'installe peu à peu et personnellement, de ce que j'ai lu du tome 2, ça risque d'ajouter pas mal de vodka sur le feu. 
    Je voudrais développer un peu plus mon article, mais le risque de spoiler est bien trop gros pour que j'ose le faire. D'autant plus que c'est à partir du milieu que je trouve que ce roman devient intelligent et donne à réfléchir, avant ça, nous sommes dans la pure introduction. La fin - à défaut d'être ultra surprenante - promet une suite haute en couleur, avec un changement d'atmosphère énorme et une confrontation entre deux types de modèle de survie qui ne sont pas faits pour s'entendre, mais alors, pas du tout du tout ! Et c'est là qu'on entre dans la véritable dystopie. J'espère que l'auteur va bien développer ce qu'elle nous offre dans un bel emballage de cadeau empoisonné, parce que ça donne envie de connaître la suite.

    Pour conclure, Enclave est un bon roman young adult. Mais si, en ce moment, vous êtes agacés par ce genre, attendez quelques semaines/mois avant de le lire. Il faut y aller sans préjugés, en acceptant qu'il y a forcément une héroïne badass, un futur amoureux badass et torturé, et sans aucun doute un autre héros badass et amoureux de l'héroïne. C'est le contrat qu'on signe en ouvrant ce livre, si vous l'acceptez, vous ne serez pas déçus du voyage, l'univers est excellent, l'intrigue est bien menée et des tas de questions se profilent à l'horizon !
    Sur ce, à bientôt !!

lundi 24 juin 2013

De tout, mais de rien (2)

    Comme ce genre d'articles vous a plu et qu'en ce moment, je ne sais pas trop quoi poster sur mon blog, j'en refais un avec plaisir.
    Je suis à Reims depuis hier et finalement, il s'est passé pas mal de choses ce weekend. Hier, en partant de Meaux, j'ai réussi à convaincre ma mère de faire un "détour" jusqu'à Saint-Maur afin de retrouver Alacris (héouai, encore) et d'aller faire un tour sur le salon "Saint-Maur en poche". C'était absolument génial ! Je n'ai pas pu faire de grosses folies pour cause de prochaine pauvreté, mais j'ai enfin pu rencontrer Cristina Rodriguez et lui demander plusieurs dédicaces (quatre en tout, j'avais déjà deux romans, et j'ai défié ma CB pour m'en acheter deux autre sur place). Ce sont les plus belles dédicaces que j'ai jamais eues, elles sont vraiment originales, drôles :D et puis, même si j'étais timide, Cristina Rodriguez est très accessible, gentille et agréable ! C'était un vrai plaisir d'aller à sa rencontre ! 
    Le salon de Saint-Maur est officiellement mon préféré ! J'avais déjà eu un coup de coeur l'an dernier, mais maintenant, c'est certain et j'y retournerai avec plaisir !

    Je vous laisse voir mes achats et les dédicaces de Cristina Rodriguez :






    Voilà, vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir ! Je vous parler prochainement des romans de Cristina Rodriguez en espérant vous convaincre de les lire. Pour l'heure, je termine Enclave d'Ann Aguirre et je quitte la littérature young-adult pour un voyage jusqu'à la Rome antique ou en plein coeur d'une guerre céleste.

    Mon article n'est pas très long, mais je suis épuisée (je n'ai dormi que 10h en trois jours xD).
    Ah, et j'ai quelques bonnes nouvelles pour ma licence, je connais trois notes sur les six examens et j'ai obtenu un 10 en Littérature française (ça semble bas, mais les profs ont été hardcore, la majorité des gens ont eu entre... 1 et 7..., je n'ai jamais vu une hécatombe comme celle-ci... et ma prof de TD n'est sans doute pas innocente dans cette affaire, quand je repense à mon DM sur Flaubert où elle m'avait mise un 4 et où elle avait annoté des atrocités et des insultes (sachez que l'examen final portait aussi sur Flaubert, ça se voit que je n'ai pas eu la même correctrice, hein)). L'autre note, c'est une moyenne de 11 en Littérature & Cinéma (en sachant que je partais avec un 9), et pour finir, j'ai eu 16 en Réflexion sur l'Art dans l'Antiquité. Merci Platon, merci Aristote, merci Plotin, merci à la mimesis. Je t'aime, mimenis. Je t'aime sincèrement. Ce 16 n'est pas d'un coef très puissant mais il peut tout de même me sauver la vie en cas de mauvaises notes ! (il peut être le 0,1 en plus qui changera mon futur).
    Maintenant, je croise les doigts pour la Linguistique, l'Anglais du cinéma et l'Anglais tout court. En sachant que ces deux derniers se sont mal passés... J'ai rarement été aussi nulle en anglais u_u'. Mais bon, j'ai encore une chance de valider mon année, avoir mon diplôme et dire "coucou master recherche, coucou mémoire sur Musset !". 

    Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures \o/

vendredi 21 juin 2013

De tout, mais de rien ! (1)

    C'est en voyant les articles d'Alacris - surtout son dernier - que je me suis dit que faire des billets qui parlent de tout, ça pouvait être sympa. J'aime pas réfléchir à l'organisation de ce blog, je déteste l'organisation, ou l'organisation me déteste (allez savoir), du coup, je n'ai pas envie de m'empêcher de faire un article parce qu'il ne se range pas dans une catégorie particulière. Voilà voilà. J'espère que ça ne vous dérangera pas !

Marie Laurencin, La Bal Elégant, 1913

    Ces derniers jours, j'ai visité (avec Alacris (quelle surprise !)) deux expositions sur notre très charmante capitale. Il s'agissait de "Marc Chagall, entre guerre et paix" au Musée du Luxembourg, et de l'exposition sur Marie Laurencin au Musée Marmottan. Cette-dernière a été ma préférée, j'adore la peinture de Marie Laurencin, elle a une façon de représenter ses personnages qui est tout à fait originale. Nous sommes face à des couleurs pastels et à un usage toujours singulier du vert, du bleu, du gris et du rose. D'ordinaire, je n'aime pas ce "style" de couleurs, de peintures... etc. mais avec Marie Laurencin, je trouve ça extraordinaire. De plus, elle représente particulièrement des figures féminines, qui sont régulièrement ambiguës, voire androgynes, et je trouve ça fascinant. 



    Et puis, vous savez sans doute qu'elle a été la compagne d'Apollinaire et sa correspondante jusqu'à la mort du poète. J'ai eu la chance d'étudier Alcools d'Apollinaire l'an dernier et moi qui n'étais pas sensible à sa poésie, j'en suis ressortie assez bouleversée. Mais ce qui me fait bizarre, c'est qu'en voyant pour la première fois la peinture de Marie Laurencin, je n'ai pas été surprise par ses figures tout en longueurs, minces, dans des tons pastels... etc. C'était exactement ce genre d'images qui me venaient en tête quand je lisais le recueil d'Apollinaire. Après, ce que je dis est sans doute tiré par les cheveux, et je réinterprète peut-être mes souvenirs, mais bon... Je trouve ça agréable, de me dire qu'il y avait une certaine connivence entre l'art poétique d'Apollinaire et l'art pictural de Marie Laurencin.
    De plus, ce qui m'a touchée, c'est d'apprendre que Marie Laurencin a été enterrée avec toutes ses lettres d'Apollinaire. Comme quoi, des décennies après, elle ne l'avait pas oublié. (je trouve ça ultra romantique, quoi, on se croirait dans un film, ça réchauffe mon petit coeur).
    Ci-dessus, vous pouvez voir Nu au miroir (à gauche) et La Liseuse (à droite). Comme j'ai aimé la quasi totalité de l'exposition, je ne pourrai pas vous dire que ce sont mes préférés. Je les aime tous. D'ailleurs, si vous êtes sur Paris dans la semaine qui vient, passez à cette expo, elle dure encore jusqu'au 30 juin ! L'entrée est à 5€ en tarif réduit, et le musée est compris dedans. (pour le métro, c'est la ligne 9, La Muette, sortie 1 et ensuite, demandez votre chemin, le musée est caché !).


    Sinon, pour continuer dans le domaine de l'Art pictural, j'ai emprunté plusieurs magazines à ma médiathèque. Il y en a un sur Edvard Munch que j'ai appris à aimer à l'exposition L'Ange du Bizarre, un sur Edward Hopper, un sur Courbet (parce que je suis fascinée par sa peinture, surtout ses paysages), et un autre sur Louis Valtat que je ne connais pas encore.
    J'ai déjà lu celui sur Munch et mon coup de coeur s'est officialisé. D'autant plus qu'il faisait aussi de la photographie, particulièrement des autoportraits et je trouvais cela intéressant. Je me souviens de l'un d'entre eux où l'on ne voyait que ses tableaux dans le fond (la foca étant dessus) et une forme sombre, informe, juste devant, sans doute le peintre. C'est une photo assez fantomatique et j'aime beaucoup le caractère déstructuré de ce qu'on suppose être l'homme. Comme si l'art était plus stable et humain que le peintre lui-même. Il est le créateur du chaos, mais un chaos contenu sur une toile, alors que lui est une sorte de boule d'énergie dont l'explosion menace à tout instant. Bref, c'est ce que j'ai pensé de cette photographie, après, tout le monde l'analyse comme il le souhaite !


    Dans les autres news, je suis allée voir le dernier Sofia Coppola au cinéma, The Bling Ring (je vous laisse deviner avec qui je suis allée le voir). Je n'avais vu que Virgin Suicides et Marie-Antoinette de cette réalisatrice, et si les deux m'ont plu, j'ai largement préféré The Bling Ring, beaucoup plus dynamique, accessible, et largement moins contemplatif. 
    Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, ce film est une valeur sûre. Les faits réels sont rapportés d'une façon assez neutre, on ne sait pas exactement de quel côté se placer, si Coppola dénonce le vol et la folie d'une jeunesse perdue à L.A ou si elle dénonce l'abus de richesse et la facilité qu'ont les gens connus d'être vengés par la justice. Je ne sais pas si vous avez déjà été cambriolés dans votre vie - moi, non - mais j'ai l'étrange sentiment que vos voleurs ne seront jamais la principale cible de la police et de la justice, étant donné que votre nom n'est pas aussi connu qu'une Paris Hilton ou un Orlando Bloom. Vu sous cet angle, ce film m'a mise "en colère" parce qu'il souligne l'inégalité sociale qu'il y a dans nos sociétés
     Sinon, Emma Watson est tout à fait brillante ! Elle sort totalement du registre qu'on lui connait et elle nous promet une belle carrière ! J'ai hâte de la voir dans ses autres films et puis... qu'est-ce qu'elle est belle !


     Maintenant, je vous offre ma face du matin en photo, avec ma lecture du moment. Je suis plongée dans le roman Enclave d'Ann Aguirre, aux éditions Black Moon. 
     Ce n'est pas encore un coup de coeur, je ne pense pas que ça en deviendra un, mais j'aime beaucoup le concept de cet univers. L'héroïne vit dans une "enclave" (sorte de tribu) avec ses règles et sa propre dictature, ils sont coupés du monde qui se trouve "au-dessus" et peu à peu, on voit notre héroïne rompre avec la vie qu'elle a toujours connu. Vous vous rendrez vite compte qu'on se situe dans un roman post-apocalyptique où les habitants vivent dans le métro. J'aime bien cette image assez sombre et glauque de la vie dans le métro, on ne s'en rend pas compte, mais d'une certaine façon, c'est déjà le cas, on passe notre temps dans les transports en commun et même si on en sort toujours, nous sommes quand même piégés dans le système. Ce que je dis n'est pas très clair, mais grosso-modo, un jour où l'autre, on se retrouvera enfermer dans le train-train quotidien sans même nous en apercevoir. En tout cas, c'est de cette manière que j'interprète les romans qui se servent des métros pour illustrer la vie et la peur en même temps. Enclave n'est pas le premier où je constate cela, le roman Nuit Tatouée de Charlotte Bousquet nous emmenait déjà dans une ligne du métro 4 plutôt mouvementée !
    En tout cas, dans l'ensemble, c'est un excellent roman young adult, avec une héroïne charismatique et un héros tout à fait touchant : la formule habituelle du mâle dans ce genre de romans. Je tombe toujours amoureuse, je suis faible.

    Voilà pour aujourd'hui, je vous souhaite une super journée et à bientôt !

lundi 27 mai 2013

Veronica Roth, Divergent (tome 1)

Veronica Roth
Divergent (tome 1)


    Résumé : Tris vit dans un monde post-apocalyptique où la société est divisée en cinq factions. A 16 ans, elle doit choisir sa nouvelle appartenance pour le reste de sa vie. Cas rarissime, son test d'aptitudes n'est pas concluant. Elle est Divergente. Elle est en danger de mort.

Ce que j'en pense

    Je reviens enfin parmi les vivants pour quelques jours (encore trois partiels à venir. D'ailleurs, merci à Jamestine pour ton commentaire ;D). Mais plutôt que de vous parler de ça, je vais vous parler de Divergent qui a été une très bonne surprise pour moi.
    Cet été, j'avais tenté l'expérience avec ce livre, mais quelque chose en moi l'avait profondément rejeté, ce n'est que récemment que j'ai décidé de lui donner une seconde chance. C'était le bon moment puisque j'ai lu ce premier tome en deux petites semaines. Pour le dire tout de suite, ce n'est pas un coup de coeur, mais ça n'est pas non plus une déception. Au contraire, j'ai vraiment aimé ce roman et si mon compte en banque n'était pas si bas, je serais déjà en train de lire le tome 2...
    Le résumé sur la quatrième de couverture est assez parlant, je ne me vois pas vous raconter, à ma sauce, l'histoire (ou du moins, son début). La seule chose que je me permets de spoiler et qui n'est pas dans le résumé, ce sont les factions et le choix que fait Tris durant la cérémonie. En gros, il existe cinq factions qui séparent la ville dont on ne connait pas le nom : les altruistes (d'où est origine Tris), les audacieux, les érudits, les sincères et les fraternels. L'idée de base de cette dystopie est franchement intéressante. On débarque in medias res dans un univers futuriste (mais pas tant que ça) où une ville qui vit en autarcie a choisi de se diviser en plusieurs groupes qui sont dans l'obligation de respecter les valeurs qui sont les leurs. Ceux qui n'y arrivent pas deviennent des sans-faction. 
    Ce roman est vraiment un tome de présentation où on découvre le monde Tris et son parcours lorsque, après la cérémonie du choix, elle décide de quitter les altruistes pour aller chez les audacieux. Le truc, c'est que tous les jeunes de son âge, avant de faire ce choix, sont confrontés à une simulation qui les prédestine - plus ou moins - à une faction. Si on a le droit d'en changer malgré la simulation, il se trouve que celle de notre héroïne n'est pas concluante. Elle est divergente, elle pourrait aller dans trois factions différentes (si mes souvenirs sont justes). Et je trouve ça très intéressant, parce que très crédible. Et bien sûr, les divergents troublent la "sérénité" de la ville et ils ne peuvent pas être contrôlés comme ce monde le voudrait.
    J'aime beaucoup les dystopies pour ce côté un peu effrayant, où on se trouve dans une société différente, que l'on pourrait croire parfaite, mais qui, en réalité, est pourrie jusqu'à la moelle. Et pourquoi ? Parce l'espèce humaine ne peut jamais se retenir de faire le mal. Ce qui est vrai, quand on regarde notre propre Histoire. C'est pour cela que les dystopies, parfois, relèvent plus de l'anticipation que de la fiction, et ça peut faire peur. Vous imaginez, si Orwell avait raison ? Bien sûr, ça ne va pas jusque là avec Divergent, même si le monde est crédible, le côté fiction dépasse vraiment bien cette idée. Il y a de l'action, de la romance, des personnages plutôt talentueux au point que ça n'en est pas possible. Bref, beaucoup de braves bonhommes et de braves madames. 
Tris, par A-Lise
    Cependant, ce livre reste vraiment palpitant. Comme je le disais précédemment, c'est un véritable tome de présentation. On suit Tris durant son initiation avant de devenir officiellement audacieuse, elle est soumise à plusieurs étapes et si elle perd, elle devient une sans-faction. Gros coup de pression sur la lecture puisqu'on a des personnages attachants, d'autres qui sont atroces (Peter, si tu m'entends, saloperie de personnage, sache que je te vomis dans la bouche) et du coup, on a peur pour eux et on a peur avec eux. Du coup, avec cette initiation, on est totalement pris au piège dans cet univers qui devient carrément intéressant et bizarrement moins dystopique. Plutôt logique. Sauf qu'à côté, l'intrigue de renversement du pouvoir, bah, elle fait son bonhomme de chemin et là, d'un coup, tu débarques dans les derniers chapitres et quand le livre se ferme, tu ne veux qu'une chose, le balancer par la fenêtre comme Bradley Cooper dans Silver Linings Playbook : "WHAT THE FUCK ?!".
    Pour ce qui est des personnages, Tris m'a beaucoup plu. Elle a du caractère, elle est sensible, mais... franchement, dites-moi que vous avez eu aussi ce sentiment : elle ressemble quand même pas mal à notre dévouée Katniss chérie ? Certes, Katniss elle-même ressemble sans aucun doute à un autre personnage connu, qui lui-même y ressemble aussi, ainsi de suite, mais quand même... Il y a beaucoup de points communs avec Hunger Games. Ca n'est peut-être pas pour me déplaire, mais la vague - ou mode - dystopie, tu la ressens bien avec cette lecture.
    Après, je suis bon public, donc j'ai aimé. Le roman, il a marché sur moi. J'ai adhéré à l'univers, aux personnages, je suis - comme prévu - tombée amoureuse de Quatre. Bref, Veronica Roth a atteint son but et j'adore son histoire. C'est sa façon d'écrire sur la dystopie, c'est classe, c'est frappant, je dis bravo. Et puis Quatre... Je pensais rester assez indifférente à lui, et finalement, en plus de 400 pages, il a su me convaincre et me faire craquer. Will aussi, mais *insinuation de spoilers* ne parlons pas des choses douloureuses. *fin du spoiler*
    Grosso-modo, je suis un peu triste d'avoir terminé ce premier tome, j'étais totalement embarquée dans l'aventure. C'est un roman que je n'oublierai pas. Il ne me laisse pas non plus un impact énorme comme Hunger Games (ou La Cité des Ténèbres *u*), mais franchement, si vous avez l'occasion de le lire, n'hésitez pas, je vous promets que c'est une excellente aventure, originale dans sa façon particulière à elle de créer l'univers cauchemardesque, et les personnages sont attachants. Surtout les deux héros, parce que les autres - si ce n'est mon Will... - on a du mal à vraiment les connaitre.

    Pour résumer, j'aime beaucoup le fait que Veronica Roth utilise des simulations pour donner accès à l'action et aux personnages. Mon chapitre préféré restera sans aucun doute celui qui explique pourquoi Quatre est Quatre (ceux qui ont lu, vous savez pourquoi). La fin est assez hallucinante, j'ai eu les larmes aux yeux (bonjour, je suis sensible) et j'ai hâte de poursuivre les aventures de Tris au pays des factions.

lundi 13 mai 2013

C'est lundi, que lisez-vous ? (9)


C'est lundi, que lisez-vous ?
 
Rendez-vous hebdomadaire instauré par Mallou et repris par Galleane

Ce que j'ai lu ces dernières semaines :
   


J'ai terminé Le Prince d'Eté ce weekend, comme peut en témoigner ma chronique plus bas, j'ai beaucoup aimé. Puis ensuite, j'ai lu en deux jours Nos Etoiles Contraires de John Green, sur les 200 dernières pages, c'est impossible de couper la lecture... Mais, j'en parlerai dans les jours à venir, pour le moment, j'essaie de me remettre de mes émotions...
Et j'ai lu le premier tome de In the Walnut, dont j'ai parlé l'autre jour. Un excellent manga/yaoi !


Ce que je lis et compte lire les prochaines semaines :


Comme je m'étais dit que je le ferais, j'attaque Divergent dans la journée ! Ce sera la seconde tentative et j'espère que ce sera la bonne. Pour Cassandra Clare (ça faisait longtemps que je ne vous en avais pas parlé XD), j'ai acheté les deux premiers tome de The Infernal Devices en VO aujourd'hui et je relis le premier volume en anglais \o/ Je ne le présenterai qu'une fois dans mon "C'est lundi", il me prendra sans doute plus de temps que les autres livres et puis, je le considère comme une lecture parallèle (comme il s'agit d'une sorte de relecture avant d'attaquer les romans non disponibles en France). Sinon, niveau prix, la VO est bien plus rentable que la VF... même pas 14€ pour un tome ! (et la couverture est un délice).

samedi 11 mai 2013

Alaya Dawn Johnson, Le Prince d'Eté


Alaya Dawn Johnson
Le Prince d'Eté 


    Résumé : Sur la côte de ce que l'on appelait jadis le Brésil, ce sont les femmes qui dirigent la légendaire ville-pyramide de Palmares Três. La Reine ne cède le pouvoir à un homme qu'une fois tous les cinq ans, à un Roi d'été dont l'histoire enfiévrera la cité l'espace d'une année.
    Pour June Costa, la vie n'est qu'Art. Ses œuvres impressionnent ses professeurs autant que ses camarades. Elle rêve de remporter le prestigieux Trophée de la Reine. Un rêve qu'elle n'avait jamais remis en question... jusqu'à ce qu'elle rencontre Enki.
    Fraîchement élu Roi d'été, Enki est le garçon dont tout le monde parle. Mais lorsque June le regarde, elle voit bien au-delà de ses fascinants yeux d'ambre et de sa samba ravageuse : elle reconnaît en lui un artiste total. Follement amoureuse, June décide alors de créer avec lui un chef-d’œuvre qui restera gravé à jamais dans les mémoires.
    Mais le temps leur est compté. Car, comme tous les Rois d'été qui l'ont précédé, Enki va devoir être sacrifié.



Ce que j'en pense

    Voilà le moment tant redouté : exprimer mon opinion sur ce livre en un petit article. Tout au long de ma lecture, je me suis interrogée sur ce roman, en particulier sur son genre. Est-ce une dystopie ? Une utopie ? Honnêtement, je ne sais pas si on peut le ranger dans l'une ou l'autre catégorie. Comme dans n'importe quelle politique, il y a des failles. On n'est ni dans la société parfaite, ni dans un univers cauchemardesque. En fait, même s'il y a corruption, hypocrisie, royauté, il y a aussi amour de la ville, manifestations, liberté d'expression... etc. Donc je pense qu'on se trouve très loin de la dystopie. En fait, je pense plutôt que c'est un roman d'anticipation, un roman futuriste, qui ne cherche pas spécialement à voguer sur la mode "dystopique" du moment. 
    Sinon, pour résumer globalement Le Prince d'Eté à ma façon, on suit June, une jeune femme d'environ dix-sept ans pour qui l'Art représente absolument tout. Avec elle, on a son meilleur ami, Gil, qui exprime son art par le biais de son corps en dansant. Tous deux souhaitent qu'Enki remporte les élections pour devenir leur nouveau roi, sans se soucier plus que cela du sort qui l'attendra un an plus tard : la mort. Ce moment leur semble tellement lointain qu'on se demande s'ils se rendent réellement compte qu'ils condamnent leur favoris. Quoiqu'il en soit, sans grande surprise, Enki gagne et devient le nouveau Roi d'été. Le soir de sa victoire, June et Gil sont invités à la soirée VIP qui se déroule en l'honneur d'Enki et l'histoire commence à ce moment-là.
    Le monde qu'on explore est extrêmement bien ficelé. Tout semble particulièrement crédible, et les mots en italiques, même s'ils peuvent dérouter au début, ne font qu'accentuer l'effet de réel du roman. Cette société est futuriste, elle possède son propre langage. La technologie, ainsi que les sciences, ont tellement évoluées que la population peut facilement vivre jusqu'à 250 ans. Du coup, les plus jeunes sont nommés les wakas, et les plus âgés, les grandes. Même le système politique décrit dans ce roman ne semble pas choquant : les femmes dirigent la ville, elles prennent toutes les décisions, c'est le féminisme à son apogée d'une certaine façon. Cependant, même si ce système semble avoir un impact plutôt positif, il n'en demeure pas moins aussi tordu que tout système. Il ne peut pas satisfaire tout le monde, il y a toujours des gens "oubliés" ou "sacrifiés", comme on peut le constater avec les habitants du bas de la pyramide, le verde, d'où vient Enki. Quelque part, le combat sera mené pour cette minorité, comme on se bat toujours pour la minorité qui a le moins de droits, jusqu'à ce qu'elle prenne le dessus et fasse à son tour une minorité qui se battra aussi... Et ainsi de suite. Parce que c'est l'histoire et que l'Histoire est cyclique
    Je ne vais pas entrer plus dans les détails, je vous conseille de lire le livre pour vous en faire votre propre idée. Dans l'ensemble, je pense que vous avez compris où je voulais en venir.
Alaya Dawn Johnson
    Maintenant, pour ce qui est des personnages, ils sont assez froids mais sont aussi extrêmement touchants. On dirait que l'auteur a si bien créé son univers que ses héros ont le comportement et le caractère que la société a façonnés pour eux. Ils sont transgressifs, libres. La liberté d'expression leur permet d'être libres, mais parfois, cette même liberté d'expression représente la chaîne invisible qui nous donne l'illusion qu'en ayant le pouvoir des mots, on a le pouvoir de tout. Or, c'est faux. Ce n'est pas parce qu'on peut parler qu'on agit obligatoirement (c'est l'un des combats dans Lorenzaccio de mon cher Musset). Quoiqu'il en soit, les personnages parlent beaucoup au début, ils créent énormément, ce n'est qu'avec le temps qu'ils agissent. A mes yeux, que ce soit Enki, June ou Gil, ils sont magnifiques et grands ! June m'a impressionnée, sa froideur n'est qu'une carapace, tout comme son arrogance. Aucun des personnages ne rejettent sa sensibilité, les larmes sont une belle forme d'expression et d'art. Quant à l'amour ! J'ai adoré la perception de l'amour dans ce roman. L'homosexualité est traitée comme l'égal évident de l'hétérosexualité. L'auteur nous montre deux femmes mariées comme deux hommes amoureux de la même manière qu'un homme et une femme. Et ça, ça ne peut pas faire de mal à la littérature, ni aux lecteurs ! C'est en partie pour cela que je ne peux pas classer Le Prince d'Eté dans la dystopie. Il y a beaucoup de progressions positives qui sont mises en avant, et ça, ça ne peut pas être le fait d'une société cauchemardesque, faite pour écraser les citoyens. Au contraire, même le système monarchique mis en place fonctionne avec un équivalent de "gouvernement" et de "mandats". La Reine perd son pouvoir, parce que le Roi d'Eté sacrifié désigne la future reine et que sa mort empêche de contester son choix. 
    Bref, cet univers est magnifiquement bien ficelé (je me répète). Les personnages sont grandioses. J'ai adoré les relations qu'entretiennent Enki, June et Gil. Ce n'est pas un trio amoureux jaloux, c'est vraiment un trio. Gil aime June autant qu'il est amoureux d'Enki, et ce-dernier est aussi fou de Gil qu'il l'est de June. Et de tout le monde. C'est une belle leçon d'amour qu'on a dans ce roman. S'ils s'aiment tous les uns des autres, ils ne partagent pas non plus la même manière d'aimer. Et l'Art est aussi un personnage central, fruit de l'amour et de la liberté, de la même façon que la Ville de Palmares Três. Elle possède sa propre âme, en étant le point commun de tous les habitants.

    Pour conclure, je voudrais en dire bien plus, mais je ne peux pas, c'est vraiment à vous d'aller découvrir ce roman, d'en tirer votre propre vision. C'est un roman qui appartient à tout le monde et qui pose tellement de questions sur notre société, nos philosophies, notre usage de l'art, notre façon d'aimer, de nous révolter... etc. qu'une seule personne ne peut pas résumer à elle seule un avis parfait. Heureusement que la blogosphère existe, pour que chacun puisse s'exprimer sur Le Prince d'Eté, que ce soit positivement ou négativement. Ce roman, c'est de l'Art. Il faut s'accrocher, s'habituer à l'absence de chapitres, mais si vous entrez dedans, vous n'en ressortirez pas indemnes (mes paquets de mouchoir peuvent témoigner).

    Pour d'autres infos sur le livre :
  • C'est la chronique d'Anne-C qui m'a convaincue de lire ce roman. Merci encore pour la découverte =D
  • L'excellente traduction VF est le fait de Paola Appelius (parce qu'on oublie trop souvent de féliciter les traducteurs !).
  • Le roman fait 431 pages, la présentation est magnifique et le tout est publié chez Robert Laffont dans la Collection R.

mardi 7 mai 2013

L'Ange du bizarre (2)

Caspar David Friedrich, Rivage avec la lune cachée par des nuages (1835-1836)
- ou LE tableau devant lequel j'étais gaga -

    La voici, la voilà, la suite de mon article sur l'exposition L'Ange du Bizarre au musée d'Orsay ! Comme j'y suis retournée avec les copines (Alacris, Matilda, et Jamestine) le 26 avril dernier, il était temps que j'écrive le second article sur cette magnifique exposition. La plus belle à mes yeux (même si celle du Louvre, De L'Allemagne, est magistrale aussi ! - et parfaitement bien résumée dans l'article d'Alacris dont je vous conseille la lecture). 
    Pour en revenir à nos moutons, il faut aussi savoir que je n'ai pas pu profiter comme je l'aurais voulu de ma seconde visite. Pourquoi ? J'étais "malade", j'avais mal au ventre grosso-modo.. Cependant, ça m'a permis de rester plusieurs longues minutes assise devant certains tableaux, en particulier ceux de mon Friedrich ! Et j'ai fait une pause devant les symbolistes, il me semble, aussi. Bref, faire une expo en ayant très mal au ventre (d'ailleurs, encore merci Matilda pour les ibuprofènes ! T'as juste sauvé ma vie !), ce n'est pas tip-top. Je n'ai pas pu relire comme je le voulais les textes, ni faire le tour des salles comme il fallait. La dernière, avec son surréalisme, a encore une fois été négligée de ma part... J'ai encore plus d'un mois pour aller m'excuser auprès d'elle. Je n'y manquerai pas, avec un audioguide pour la peine !

    Je ne suis pas sûre de pouvoir restituer correctement une trajectoire de visite. Je me base sur le magazine des Beaux Arts (hors-série) qui concerne l'expo pour vous parler de ce que je n'ai pas eu le temps de faire dans mon précédent article. D'ailleurs, je me suis rendue compte qu'il ne concernait même pas les trois premières salles, ce qui n'est pas rassurant pour l'article que je compte écrire ici ! Quand je repense à tout ce qu'il y a à dire ! Surtout sur le romantisme allemand et les paysages à couper le souffle de Lessing, Friedrich, Carus... etc. ! Et puis, plus loin, il y a Munch, que j'ai enfin découvert avec plaisir !

Goya, Les cannibales contemplant des restes humains
(vers 1800-1808)
    La dernière fois, je vous disais que je n'avais pas vraiment aimé Goya. C'est toujours d'actualité, si ce n'est pour les tableaux sur le cannibalisme qui m'ont impressionnée. J'aime beaucoup la froideur du tableau ci-contre, on pourrait s'attendre à des couleurs vives puisqu'il y a du sang, mais non, je trouve que les personnages peints ont la pâleur de la mort et l'indifférence des animaux. De plus, les traits de pinceaux me donnent le sentiment de flouter la scène, de la rendre inaccessible pour celui qui la regarde. Les visages ne sont plus humains et ça créé une distance avec le spectateur assez malsaine : on n'a pas l'impression de voir des êtres humains, donc on aime le tableau, on le trouve beau, or le tableau montre un acte sauvage, barbare, un acte "laid" d'une certaine façon. Il y a donc une fascination pour le morbide qui m'interpelle beaucoup. Dans un autre style, ça me fait penser au Radeau de la Méduse de Géricault (dont un petit format se trouvait juste en face des Goya, si je ne me trompe pas). On est devant un fait divers, où le cannibalisme a joué un rôle, et le tableau plaît, il est beau. La scène est différente, mais d'une certaine façon, je pense que Géricault est d'autant plus malsain. Et j'adore ça. 
    Je me permets de restituer une citation de Goya, qui se trouve dans le magazine que je lis, et que je trouve très parlante : 

Goya, Saturne dévorant un de ses fils
"Je n'ai pas peur des sorcières, des lutins, des apparitions, des géants vantards, [...] ni d'aucun autre genre de créatures hormis les êtres humains..." (vers 1792).

    J'ai envie de répondre : "et pour cause ?", aucun tableau de sorcières, de démons, de monstres ne fera jamais aussi peur que des êtres humains mangeant de la chair humaine, ou des tableaux sur la guerre. Quand on voit de quoi nos semblables sont capables, on se demande jusqu'où l'homme peut aller, soit ça nous dégoûte de notre espèce, soit ça nous fascine et peut nous pousser à l'extrême (vaut mieux que ce soit dans l'art quand on y pense...). A l'heure actuelle, il n'y a qu'à penser à tous les films gores et autres snuff movies. Je préfère voir des zombies croquer la chair à pleine dents que de me mettre à regarder A Serbian Film avec un "new born porn" à l'intérieur. Les déviances de ce qui est surnaturel ne seront jamais aussi choquantes que les déviances de l'homme.
    Fin de la parenthèse ! Le tableau ci-contre, il ne me semble pas l'avoir vu lors de l'exposition, s'il vous intéresse, direction Madrid au musée du Prado. Ici, il ne me sert qu'à illustrer mes propos.

Carl Blechen, Route campagnarde en hiver au clair de lune
(vers 1829)
    Passons à quelque chose de plus rassurant : les paysages sublimes. Je ne sais pas si on les nomme vraiment ainsi, mais dans cet article, j'en parlerai comme ça. On y trouve des allemands comme des français. Même si je risque de me focaliser exclusivement sur les allemands.
    Ci-contre, il s'agit d'un tableau de Blechen, que j'admire beaucoup. J'adore l'atmosphère qui se dégage de ce type de peinture, elle me donne une impression de flotter, de sortir de mon corps et d'entrer dans un univers magique. On se rend bien compte que ce n'est pas le paysage "tel qu'il est" mais la manière dont le peintre observe son sujet. C'est une sensation qui est représentée, une vision subjective de la nature. On le ressent et du coup, en tant que spectateur, on est transporté ailleurs, hors du temps. De façon anachronique, le tableau de Blechen n'a rien à envier à la fantasy. C'est tout à fait ça, à mes yeux. 
    Évidement, le master représentant de ce type de paysages romantiques, c'est l'excellent Caspar David Friedrich ! Tout en haut de mon article, vous avez le Rivage avec la lune cachée par des nuages, c'était un peu LE tableau de l'exposition que j'attendais de voir et revoir avec impatience. Parce que, le problème avec Friedrich, c'est que, si on veut admirer en "vrai" ses tableaux, il faut aller en Allemagne. La chance de Paris, en 2013, c'est que ce peintre brillant, grand et étonnant est mis à l'honneur au musée d'Orsay et au Louvre (c'est là où je glousse). Honnêtement, il y a beaucoup de peintres dont on peut voir des photos de leurs tableaux, mais avec Friedrich, c'est impossible. Aucune carte postale, aucun poster, aucune copie ne pourra jamais égaler l'effet que produisent ses tableaux sur nous. Quand on se trouve dans un Friedrich, on ne peut qu'être hypnotisé (j'en connais une - pour ne pas dire Alacris - qui sait le temps que je peux passer devant un seul Friedrich, alors, imaginez quand il y en a vingt x'D). 

Caspar David Friedrich, La Porte du cimetière
    Bref, tout ça pour dire que je suis admirative de ses grands espaces, de la façon dont il exhibe une nature qui domine l'homme, qui peut le faire trembler. Il y a un côté très religieux dans ce qu'il peint, mais bizarrement, je ne sais pas si on peut uniquement parler de cette dimension symbolique quand on voit sa peinture. Elle produit le même effet que le Blechen dont je vous ai parlé juste avant, mais en plus violent d'une certaine façon. Friedrich peut nous donner un sentiment de perte, un sentiment de vertige, voire même de petitesse par rapport à la nature qu'il représente. Pour ma part, je préfère ses tableaux les plus sombres, et avec celui de l'expo d'Orsay, je suis plutôt comblée. Les touches de lumières qu'on a grâce à la lune devraient être rassurantes, mais étrangement, j'ai plutôt le sentiment qu'elles ne sont là que pour éclairer le danger de la nature, sa grandeur. La lumière n'est pas rassurante, elle oblige le regard.
    C'est un peu différent avec le tableau ci-contre, La Porte du cimetière, je l'avais vu sur internet avant qu'il n'apparaisse sous mes yeux au musée d'Orsay (et que je ne manque de pleurer d'admiration). Si vous voulez une bonne étude de ce tableau, je vous conseille d'aller sur cette page.
    Dans cette salle où peut admirer ces deux tableaux, il y en a d'autres à couper le souffle. Je n'ai pas leurs références sur moi, mais je penserai à les noter la prochaine fois. Sinon, il y a aussi le fameux Lessing qui a sans doute subjuguer beaucoup de visiteurs ! 

Carl Friedrich Lessing, Ruines dans une gorge
(vers 1830)
   Il s'agit de Ruines dans une gorge, je me sentais obligée de le poster sur cet article, même si ça sature un peu le texte et donne une impression "tassée" de ce que j'ai écrit. Tant pis. Ce tableau doit vous convaincre d'aller à Paris et d'aller voir l'exposition avant qu'il ne soit trop tard. 
    Cette peinture me donne un sentiment d'errance ainsi que de vertige, comme si, lors d'une promenade en forêt, dans les montagnes, je m'étais perdue et retrouvée face à un endroit abandonné, presque effrayant et pourtant sublime. Les montagnes nues sont immenses, elles ne dégagent aucune chaleur et semblent être hors du temps, exactement comme le ciel nuageux qui ne laisse pas savoir si on est au début de la journée, au milieu ou presque à la nuit. 
    Et puis, je ne sais pas pour vous, mais quand j'imagine le passé, je ne le vois pas en noir et blanc, mais plutôt dans les mêmes tons que ce tableau, légèrement "sépia" ou en tout cas, vert, jaune, marron... etc. En somme, ce tableau me submerge d'émotion et je serais curieuse de voir ce que Lessing a fait d'autre (et si on a l'occasion de voir ses oeuvres en France... ce qui, je suppose, est un peu trop demandé).


Munch, Vampire (1916-1918)
    Je ne vais pas encore m'étaler longtemps sur cet article, il doit me rester plusieurs salles et une vingtaine de tableaux mais je vais essayer de me contenter de Munch qui m'a énormément interpellé lors de l'exposition. Et ce sera Vampire qui sera à l'honneur. Cette peinture est mon premier contact avec Munch, et je ne sais pas pourquoi, mais il s'est passé quelque chose entre ce tableau et moi. Je me permets, à nouveau, de mettre une citation, cette fois-ci de Munch, issue du magazine des Beaux-Arts : 

"La nature n'est pas seulement ce qui est visible à l'oeil - c'est aussi l'image que l'âme s'en est faite - l'image derrière la rétine" (1907)

     Certes, ce n'est pas le thème du tableau ci-dessus, mais je trouvais que Munch s'exprimait plutôt dans la lignée des peintures de paysages romantiques dont j'ai parlé plus tôt. Avec Vampire, il me semble qu'Alacris m'avait expliquée qu'il s'agissait de la vampirisation amoureuse, de la femme qui devient redoutable, tentatrice et dévorante. L'image de la femme est rendue vénéneuse et d'après ce que je viens de survoler dans mon magazine, il y avait une certaine misogynie ambiante dans la peinture symboliste de l'époque. Faudrait que je révise mes classiques pour mieux vous en parler ! Ici, je me contenterai de dire que j'aime la façon dont les deux figures se mélangent, dont les traits sont indistincts : les personnages peuvent être à la fois tout le monde et personne en même temps. Et les longs cheveux roux (ou rouges) de la femme, qui recouvrent le corps de l'homme comme le sang qu'elle semble lui voler. En somme, j'ai un bon coup de coeur sur ce tableau ! 
    Il y avait d'autres tableaux de Munch, dont un qui me plaisait beaucoup, mais je n'ai pas les références et il n'est pas dans les magazines que j'ai acheté. J'essaierai d'en parler plus tard...

    Voilà pour cette seconde partie d'article sur L'Ange du Bizarre ! Je ne sais pas s'il y aura une troisième partie, ça dépendra de mon humeur. Peut-être que oui, il me reste des tas de tableaux que j'aime, je n'ai même pas parlé de Moreau une seule fois dans mes articles alors que lui aussi, il était présent dans l'exposition. Et puis, je me suis surtout basée sur un magazine, donc ça ne reflète pas exactement tout ce que j'ai adoré voir, il me manque des références et des coups de coeur.
    Sur ce, merci au musée d'Orsay de nous offrir une telle exposition et merci à ceux qui auront eu le courage de lire ce billet !